Depuis le déclin de l'Empire romain au IVe siècle, les empereurs, et Constantin le premier, ont cherché à utiliser le modèle de l'Eglise qui, lui, était en pleine expansion. Par là même, les rois de France vont se servir de cette institution pour tirer une certaine légitimité de leur pouvoir. Plus tard encore, afin d'affermir leur puissance et lutter contre la féodalité, ils vont utiliser ce modèle originaire. La première illustration de cette utilisation est la cérémonie du sacre mais plus avant la promesse faite par le roi envers les Eglises. Cette promesse est introduite dans le rituel du sacre depuis 877.
Cette promesse est relatée dans le recueil des Actes d'Eudes par un historien contemporain, G. Tessier. Nombre de ces actes sont donc rapportés a posteriori. Eudes est le premier roi de France à être issu de la dynastie des Robertiens. Il est le fils aîné de Robert le fort et le grand-père de Hugues Capet, le premier roi capétien. Bien qu'élu roi, il va vouloir légitimer son pouvoir de dieu en se faisant sacrer ; cependant, en 888, il n'est pas encore question pour les rois de récupérer leurs prérogatives dispersées entre les seigneurs.
La promesse étant une condition préalable au sacre, Eudes va s'engager envers l'Eglise. Mais à quoi s'engage-t-il ?
[...] Mais nous pourrions ici y voir en quelque sorte une menace du chantage de la part du Roi. En effet, si l'église refuse de le sacrer, il ne pourra respecter ses engagements et la protection de seigneuries et les privilèges ecclésiastiques se trouveraient ainsi privés d'effectivité. Peut-être est-ce un moyen de montrer qu'il est moins dépendant de l'église qu'il n'y paraît ? Néanmoins, il est victime du temps, et là, il dépend entièrement de la volonté divine. En effet, il ne peut exercer ses fonctions royales éternellement, le temps le dictera C'est là que s'opère une distinction entre le pouvoir temporel et spirituel. [...]
[...] Nous comprenons qu'il ne peut s'agir de réformer l'influence de l'église dans la mesure où la royauté, dans un premier temps, a besoin d'un allié pour s'établir, se maintenir, forte de légitimité. Il ne s'agit donc pas de reprendre le pouvoir royal, longtemps dispersé, disséminé entre les différents seigneurs banaux. Au IXe siècle, il est encore trop tôt pour parler de reconquête par le roi du pouvoir, d'autant plus qu'il n'est pas un roi fort qui tient énormément à être au centre des institutions. [...]
[...] La garde ne porte donc pas uniquement sur les établissements. Par ailleurs, ces biens seront exaltés et augmentés selon le devoir Les privilèges accordés à l'église ne sont donc pas anodins. Le clergé doit, outre prier, aider à l'établissement du pouvoir royal. Il est à noter qu'au lendemain de la Révolution française, ces privilèges vont être remis en causse par les révolutionnaires. L'église a également placé son empreinte dans le droit avec l'existence d'un droit ecclésiastique [et d'une] loi canonique Ainsi, le clergé a un droit propre, le droit canonique et une justice, le droit ecclésiastique. [...]
[...] Un pouvoir temporel toujours dépendant de la volonté divine Le roi, dont l'image de l'époque est celle d'un personnage hors du commun, aux pouvoirs surnaturels, apparaît dans ce passage dans sa petitesse. Il semble dénué de toute puissance et dépendre entièrement du bon vouloir de dieux : Dieu me donnera savoir et pouvoir Sans cette distribution de prérogatives, Eudes ne peut agir dans la mesure où son action n'a aucune légitimité. De quel droit peut-il protéger les seigneuries ecclésiastiques ? [...]
[...] Jusqu'au XIe siècle, le conseil est composé de Comtes, d'évêques, de hauts dignitaires. Parmi cette cour, le roi va choisir des hommes de confiance qui vont constituer un élément stable, fiable et qui préfigurent dès le XIIe siècle le gouvernement royal. Ainsi, dès le IXe siècle commence à se pressentir une volonté de changement, bien qu'implicite et modérée. Les rois n'ont-ils pas pris conscience qu'il faut absolument qu'ils imposent leur pouvoir face aux seigneurs s'ils voulaient résister face aux puissances germanique et anglaise grandissantes ? [...]
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