Le Pacte de Médine - Dans quelle mesure ce pacte établit-il les fondements d'un État théocratique, malgré des divergences religieuses et tribales ?

Thèmes abordés

Pacte de Médine, état théocratique, divergences religieuses, tribales, pacte d'exclusion, non-musulmans, polythéistes, rebelles, juifs de Yathrib, pacte de Yathrib, idéologie islamique, législation, Kuraysh, Banu Awf

Résumé du document

Ce pacte établit un lien fort entre tous ses mu min, c'est-à-dire, adhérents mentionnés comme croyants. Lien qui se traduit par une forte solidarité interne à l'umma et un rejet de ce qui en sort ou s'y oppose. La société tribale préislamique de Yathrib mettait au premier plan des enjeux personnels ou du moins privés au niveau de cellules plus ou moins restreintes que sont les tribus et les clans. Comme nous l'avons vu, cette situation a mené l'oasis de Yathrib à de nombreuses divisions internes qui ont permis à Muhammad de faire valoir sa religion et sa qualité de prophète comme arbitre. Par le biais de ce pacte, la solution nouvelle à ses conflits internes transparaît et se traduit par une nouvelle forme de lien entre les occupants de la communauté que celui tribal.

Extraits

[...] Enfin à la ligne 34 Yathrib est établie comme « un sanctuaire pour toutes les personnes mentionnées dans ce pacte » ce qui prouve l'ancrage de l'umma dans cette région autant que dans la religion qui y est par ailleurs reliée. Transition : Ce pacte entérine donc la création d'un nouveau corps politico- religieux par l'accord entre les différentes tribus et confessions de Médine. Il s'agit alors d'organiser les rapports internes entre les affidés des différents clans ou tribus ainsi qu'avec les non-musulmans, de façon à assurer leur cohésion. II. L'établissement des rapports sociaux A. Unité et solidarité des croyants Ce pacte établit un lien fort entre tous ses mu min, c'est-à-dire, adhérents mentionnés comme croyants. [...]

[...] Mais à l'époque de Muhammad, ils connaissent un déclin dû à la destruction du royaume juif yéménite de Yusuf Dhu Nouas au Yémen début du VIe siècle. Le statut que leur accorde le pacte de Yathrib est flou. En effet, les lignes 2 et 3 de la charte reconnaissent les juifs comme amis des musulmans, leur accorde le droit de pratiquer leur religion ainsi que celui de la propriété. Au travers d'eux, l'umma comporte donc une nuance importante renforçant le caractère politique d'une confédération. [...]

[...] Le Pacte de Médine - Dans quelle mesure ce pacte établit-il les fondements d'un État théocratique, malgré des divergences religieuses et tribales ? En 632, une nouvelle forme étatique mêlant pouvoir temporel et spirituel émerge dans la péninsule arabique, le califat. Cette entité plonge ses racines dans les dix années qui précèdent son établissement et notamment dans un document, le pacte de Médine dont nous allons étudier un fragment. Ce passage est donc composé d'extraits des 47 articles du pacte de Médine. [...]

[...] Nous avons parlé de la solidarité étendue à l'umma mais penchons-nous sur la ligne 21 qui dit « l'union entre les adhérents à l'islam est indivisible ». Le ciment de ces valeurs solidaires et fraternelles que se donne l'umma apparaît donc bien dans le texte comme étant l'islam et la croyance dans le message de Muhammad. Le pacte qui plus est est placé ligne 4 sous la prééminence d'Allah. Or c'est Muhammad qui en est l'auteur comme le mentionne le préambule et son autorité est reconnue par Yathrib qui l'érige en arbitre même si au-delà de ça il n'apparaît pas avoir des pouvoirs particuliers. [...]

[...] En effet, les polythéistes, surtout en petits clans, rejettent les Médinois qui se sont soumis à un étranger et ont abandonné les traditions religieuses de leurs ancêtres. Ce sont ensuite les rebelles et les mauvais musulmans cités à la ligne 15 qui sont exclus. Ils sont désignés en arabe sous le terme de munâfiqûn, littéralement les hypocrites, et répandent tout ce que l'islam considère comme mauvais à savoir l'injustice, le péché, l'animosité et la corruption. Il s'agit pour beaucoup de musulmans rebelles qui s'insurgent contre le pouvoir croissant de Muhammad et sa politique résolument anti-mecquoise. [...]