Ordinatio imperii, Louis le Pieux, 817, document législatif franque, succession royale franque, Monumenta Germaniae Historica, histoire médiévale, capitulaire, coutume franque, droit romain, Charles le Chauve, primogéniture
Le présent document est un texte à caractère législatif, édicté par l'Empereur Louis le Pieux en 817. Il est très difficile d'identifier le rédacteur officiel de ce texte. Il s'agit plus précisément d'un capitulaire. Ce type de texte est composé de petits chapitres, en latin : capitula, d'où leur nom. Celui-ci n'est pas anodin, car il traite d'un sujet de droit public essentiel : la succession royale. Un plaid se rassemble alors nécessairement pour conseiller l'Empereur lors de la rédaction de celui-ci. Le capitulaire est la forme que prend la loi à partir des Mérovingiens. Leur utilisation fut hiératique –le dernier capitulaire des Mérovingiens date de Clotaire II en 624 et le dernier capitulaire carolingien de 884. Ce texte est issu de fragments regroupés à travers un recueil de capitulaires, édité par A. Boretius, cité par le numéro 136 d'un institut de recherche médiéviste allemand : Monumenta Germaniae Historica.
Louis le Pieux est né à Cassinoglium en 781, une petite commune aux alentours de Bordeaux, et décédé à Ingelheim près de Mayence en Allemagne en 840. Il possède le titre de roi d'Aquitaine de 781 à 814, et devient Empereur d'Occident et roi des Francs à partir de 816. Il a la réputation d'être particulièrement influençable : "donnant raison aux paroles du dernier conseiller" (en substance). Face à des intérêts divergents, ce capitulaire nous permet de comprendre le choix que Louis le Pieux fit au sujet du mode de sa succession. Bannir la coutume franque au profit de l'idéal unitaire romain, suivant la volonté de l'Eglise, au risque de provoquer l'ire de l'aristocratie ? Ou bien prendre en compte ces deux visions et organiser un mode de succession, hybride ?
[...] Alors que ce droit n'existe pas dans l'idéal romain et ecclésiastique du royaume unitaire. D'autre part, la notion évoquée de : fidélité (L. 11) et de fidèles (L. 31) renvoie à une cérémonie particulière, dont l'objectif est d'assurer un lien personnel, fondé sur la fidélité, entre un seigneur, en l'occurrence le roi, et un vassal. Cette cérémonie de la commendatio, ne connaîtra son apogée qu'à la chute de la dynastie carolingienne ou bien dès 847 avec le capitulaire de Mersen qui prévoyait l'obligation d'attacher son lien de fidélité à un grand par le biais de la cérémonie suscitée. [...]
[...] En 822, Louis le Pieux est veuf et se remarie avec la princesse Judith. Celle-ci accoucha d'un certain Charles. Fils légitime à la succession, le mariage étant dissout après la mort, il n'est pas un enfant naturel, la nouvelle reine n'hésite à encourager Louis le pieux à désavouer l'acte de 817 pour garantir un héritage à son fils, le futur Charles le Chauve. Une guerre de succession suivit cet épisode, qui entre tous ne put être que le plus dramatique événement pour la dynastie. [...]
[...] Cet acte prévoit que Lothaire, fils aîné de Louis le Pieux, soit considéré comme : notre associé et notre successeur à 24). Cela signifie que Lothaire est présenté comme un co-empereur Seulement, il n'est pas un empereur que l'on pourrait qualifier : en exercice En effet, ce titre n'est qu'honorifique. Son objectif est de présenter le fils de l'empereur comme l'unique successeur au titre impérial. Pour appuyer ce fait, il pourrait être rappelé que dès 822, Lothaire émit le souhait de gouverner. [...]
[...] Enfin, la présentation de ce capitulaire énonce l'influence de l'Eglise, car les objectifs de l'Eglise sont placés avant ceux de l'empire lui-même, d'un point de vue stylistique : pour traiter de l'utilité des églises et de tout notre empire D'ailleurs la décision finale de l'empereur semble en adéquation avec la volonté du Saint-Siège : [ ] la divine Providence [ ] a voulu nous manifester [ ] que notre fils [soit] couronné du diadème impérial à 23). La Divine providence est une métaphore qui évoque : la suprême sagesse par laquelle Dieu conduit toutes choses (en substance). [...]
[...] Une opposition peut être marquée par une menace de la part de cette dernière : et que nous ne commettions une offense (L. une offense suppose un acte volontaire et donc une réparation par la faute duquel il a été commis. L'Eglise joue un rôle prépondérant dans cette optique. Au nom du Seigneur Dieu et de notre sauveur Jésus-Christ (L. on distingue que dès la première phrase du texte, l'empereur, qui promulgue ce capitulaire, place son autorité, sa volonté, sous celle de Dieu : celui au pouvoir de qui se trouvent les droits de tous les royaumes à 16). [...]
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