La féodalité est une forme d'organisation de la société qui a atteint son apogée au Moyen-Age, entre le Xe et le XIIe siècle. Résultant du déclin du pouvoir royal et de l'autorité publique, celle-ci fut notamment fondée sur des liens reliant les hommes entre eux. Créant alors une hiérarchie sociale, de nombreux litiges sont apparus, la concession de terres pouvant amener à des conflits de propriété.
Ce fut le cas en effet pour ce document, qui est une lettre adressée par le Comte Eudes de Blois au Roi de France, Robert le Pieux. Cet extrait est tiré du Recueil des Historiens des Gaules et de la France, 1974. L'auteur de cette lettre, qui est donc un écrit sur papier, adressé personnellement à quelqu'un, semble être au premier abord Eudes II de Blois. Né en 983 et mort en 1037, Eudes II de Blois était le fils du Comte Eudes Ier de Blois, et de Berthe de Bourgogne. Il succède au titre de son frère, Comte de Blois, en 1004. Doté d'une certaine puissance grâce aux nombreux territoires qu'il possède (il est notamment le Comte de Tours, de Chartres et de Troyes), Eudes de Blois était entouré de nombreux fidèles, dont Fulbert de Chartres, lettré réputé. Il se peut que ce soit en réalité cet homme le rédacteur de cette lettre. Né en 960 et mort en 1028, Fulbert était un élève de Gerbert d'Aurillac (grand intellectuel qui devint le pape Sylvestre II). Fulbert fut ensuite maître de l'école monastique de Chartres. En 1006, il devient évêque grâce à Robert le Pieux. Ecclésiastique, mais aussi grand seigneur lui-même, il écrit de nombreuses lettres en tant que spécialiste des relations féodales. Il défend aussi sa conception liée à l'église et ses valeurs que sont la paix et la justice (Qu'est-ce que la féodalité, Ganshof). Il se peut donc que ce soit lui qui tente d'améliorer les relations entre Eudes et le roi.
[...] Cet accord est un compromis, qu'Eudes de Blois semble préférer au règlement devant la justice. IL y a donc une justice de type arbitrale et un accord amiable. La décision pour régler ce conflit dépend donc du juge qui va l'arbitrer. S'il existe différentes solutions, cependant, ce n'est au Roi d'en décider, mais à un de ses vassaux et grand comte, Richard de Normandie. C'est donc le troisième juge Le choix du juge J'ai remis ma cause entièrement en sa main Avec ton agrément, il m'a alors fixé un plaid pour le règlement de l'affaire : Et qu'il ne lui appartenait pas, de me faire recomparaître, sans l'assemblée de ses pairs : Robert est ici le suzerain d'Eudes de Blois. [...]
[...] Eudes de Blois utilise un autre argument qui fait partie des droits du vassal : l'hérédité. L'hérédité s'impose ici en fait. Robert conteste le fait qu'Eudes s'empare de la deuxième moitié de son fief. Eudes se défend en disant que c'est un droit héréditaire. Les comtes ne viennent de plus pas du fisc, du domaine royal, mais de l'héritage de ses ancêtres. On remarque donc par cette phrase que la justification du vassal est ici légitime, elle concerne ses honneurs. [...]
[...] Une justice seigneuriale dans un conflit féodal On comprend dès le début de cette lettre, qu'un contrat entre le roi, considéré ici comme suzerain, au sommet de la hiérarchie féodale, et un grand seigneur, Eudes de Blois, a été réalisé. Une concession de fief a été faite suite à ce contrat vassalique, et des obligations résultent de cet accord. Nous verrons donc en première partie de quelle manière est-il possible de régler ce conflit, selon les différents types de justice féodale La principale sanction mise en évidence dans le texte est alors la commise. Sanction qui n'est pas acceptée par Eudes de Blois. Ce que nous verrons dans un deuxième temps. [...]
[...] Les liens sont très importants et Eudes de Blois s'appuie sur la fidélité envers son seigneur. Il ne veut pas que le jugement rompe le lien entre eux deux. De plus, il en appelle ainsi à la clémence en faisant de nombreuses références à l'idéologie de la paix La fidélité : élément nécessaire dans les rapports féodo-vassaliques Si j'atteste Dieu et mon âme, je préférerai mourir honoré que de vivre sans honneur : Et de me laisser me réconcilier avec toi, soit avec le concours de tes familiers, soit par l'entremise des princes : Mis à part que Eudes tente de se justifier en prouvant sa légitimité à posséder ce fief, il revendique également les principes vassaliques importants. [...]
[...] La première solution à ce conflit est une explication en justice. Cette justice, dite justicia, se fait devant un plaid. Le plaid était auparavant une assemblée bisannuelle ou annuelle d'hommes libres, sous les Mérovingiens. Sous les Carolingiens, elle fut restreinte aux notables laïques et ecclésiastiques. Sous les Capétiens, ceux-ci discutaient de manière consultative les projets, les capitulaires, mais y prenaient aussi les décisions importantes de justice. Le plaid, ici, réunit tous les vassaux de la cour du roi. Autrement dit la Curia. [...]
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