« Aimer » et « Juger » : il faut faire attention aux termes du sujet, nous n'avons pas amour et jugement. Ou Amour et Justice. Il s'agit ici de verbes d'action : l'action d'aimer et de juger. Qu'ont en commun ces deux actions ? Elles sont toutes deux tournées vers un tiers : on peut s'aimer soi, mais on aime surtout a priori quelqu'un d'autre, ou quelque chose. On peut égaler se juger soi-même, mais au juge plutôt d'habitude quelqu'un d'autre. La question à se poser est celle du rapport au tiers. Peut-on rapprocher, dans le rapport au tiers, l'action d'aimer et celle de juger ? [De l'analyse des termes du sujet découle la problématique. Mais il faudra jouer avec les différents sens des verbes tout au long du sujet].
En effet, a priori l'amour est quelque chose de positif, c'est un rapport positif à l'autre. Mais il peut aussi devenir négatif (l'amour-passion, l'amour jaloux, etc). Juger quelqu'un peut paraître a priori quelque chose de sévère (juger l'action de quelqu'un, châtier quelqu'un) mais peut sembler plus impartial, plus régulier que l'amour.
Il faut également se demander QUI accomplit l'action. S'il semble que n'importe qui puisse aimer, n'importe qui peut-il juger ?
[...] Si Les Euménides constituent en majeure partie un débat sur la justice, ce n'est que la dernière pièce d'une trilogie. Agamemnon présente le meurtre d'Agamemnon par sa femme Clytemnestre, et le début des Choéphores le châtiment qui s'abat sur Clytemnestre et Eghiste par la main d'Oreste. C'est bien parce qu'Agamemnon était aimé, de sa fille Electre et de son fils Oreste, que le châtiment peut avoir lieu. Ici l'amour paraît être ce qui pousse à faire justice. C'est l'absence d'amour (de Clytemnestre pour ses maris, pour ses enfants) qui a créé l'injustice, c'est l'amour de la sœur et du frère entre eux et pour leur père qui peut la relancer. [...]
[...] Peut-on conjuguer aimer et juger ? Une justice fondée non sur l'amour d'une personne, d'un individu mais de l'humanité Eschyle : le juste milieu On peut penser que les Euménides d'Eschyle présentent l'exemple d'une justice vraiment impartiale. Les Érinyes présentent l'exemple d'une justice trop portée sur le sentiment de la haine : plutôt que de juger Oreste, elles veulent le détruire et le rendre fou, ce sont véritablement des harpies qui représentent la vengeance plutôt que la justice. On pense à la description d'elles comme une « meute » (p. [...]
[...] Juger quelqu'un peut paraître a priori quelque chose de sévère (juger l'action de quelqu'un, châtier quelqu'un) mais peut sembler plus impartial, plus régulier que l'amour. Il faut également se demander QUI accomplit l'action. S'il semble que n'importe qui puisse aimer, n'importe qui peut-il juger ? Il faut aussi se poser la question, très importante, du lien entre les deux termes [méthode : question à se poser, toujours, quand le sujet porte sur des termes, sans questionnement]. Aimer et juger : que veut dire le ET ? [...]
[...] » Pour Pascal, l'amour-propre est profondément égoïste (on se privilégie toujours soi, on veut accomplir ses désirs au mépris des désirs des autres), et cet égoïsme de l'amour aboutit à l'injustice. C'est l'injustice entendue au sens de désordre : nous entrons en conflit avec les autres. Lorsque Pascal dit de haïr le moi, cela veut dire qu'il veut que nous nous détachions de notre amour-propre qui nous rend injuste comme le montre la pensée 455 (p. 204) « Le moi est haïssable. ( . ) Mais si je le hais parce qu'il est injuste, qu'il se fait le centre du tout, je le haïrai toujours. [...]
[...] » Pascal lie donc clairement l'amour-propre, une des formes de l'amour, et l'injustice. L'amour passion/ l'amour vengeance (Eschyle) Si l'amour a des vertus positives dans Eschyle (les retrouvailles entre Electre et Oreste sont émouvantes, leur amour les soutient l'un et l'autre), « aimer » prend plusieurs forme dans les trois pièces, et certaines de ces formes sont mauvaises et destructrices. Ainsi, dans Agamemnon, si Clytemnestre fait une action injuste et méprisable (le meurtre de son mari), c'est par haine, mais aussi par amour, l'amour-passion, l'amour pour son amant Égisthe. [...]
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