L'européanisation de l'ENA

Thèmes abordés

ENA, Conseil d'État, européanisation

Résumé du document

Les postes de Conseillers d‘Etat sont très prestigieux, et sont évidemment très sélectifs. Une des voies pour y parvenir est un cursus au sein de l‘Ecole Nationale d‘Administration (ENA), bien souvent suite à un passage à Sciences-po Paris.
C‘est pourquoi il est intéressant d‘observer cette homogénéité de parcours, afin de mieux comprendre l‘attitude de ces membres face au processus européen.

Extraits

[...] Une des voies pour y parvenir est un cursus au sein de l'Ecole Nationale d'Administration bien souvent suite à un passage à Sciences-po Paris. C'est pourquoi il est intéressant d'observer cette homogénéité de parcours, afin de mieux comprendre l'attitude de ces membres face au processus européen. Dans un premier temps, nous pouvons observer la place des anciens élèves de l'ENA au sein du Palais Royal. Puis, nous nous pencherons davantage au programme de cette grande école afin d'expliquer cette attitude singulière face au droit de l'Union. [...]

[...] Ecole ‘nationale' et surtout d' ‘administration', elle est un des lieux privilégié de (re)production des représentations officielles (ou d'Etat) sur l'Etat. Dans ces conditions, l'Europe n'a longtemps pas représenté un enjeu pour ses dirigeants, pas plus que pour la majorité des élèves En outre, si européanisation il y a eu, plus tardivement, pour M. Mangenot, l'ENA s'est davantage laissée convertir à l'Europe qu'elle ne s'y est convertie avec notamment le poids des anciens énarques tournés vers l'Union européen et les élèves étrangers étudiants dans la Grande école[17]. [...]

[...] Jacques Chevallier affirme par exemple que l'Ecole apparaît beaucoup moins comme un lieu de formation que comme une machine à conformer et comme une machine à classer D'une part, l'ENA chercherait à inculquer aux élèves, non pas des savoirs ou des savoir-faire, mais un ensemble de schèmes mentaux et comportementaux : cette inculcation passe par le recours à des formes d'exercice ritualisées (exposés et notes), visant à faire acquérir des automatismes et des modes de raisonnement ; à travers ce dressage c'est un véritable devoir-être qui se trouve progressivement intériorisé par les élèves Ainsi, cette homogénéité de comportement a pu expliquer l'attitude du Conseil d'Etat à un moment donné, d'autant plus que le Palais Royal a longtemps refusé de réformer le système de l'école[10]. Après avoir observé l'homogénéité des membres du Conseil d'Etat issus de l'ENA, il est important d'observer en détail l'aspect européen au sein de l'école, qui pourrait expliquer les réticences du Conseil d'Etat à se conformer pleinement avec le droit communautaire. L'européanisation tardive de l'Ecole Nationale d'Administration L'Ecole Nationale d'Administration elle-même a mis du temps à enseigner et à prévoir la place de l'Union Européenne. M. [...]

[...] Boulouis Droit communautaire et droit interne Ce n'est qu'à partir de 1990 que les modules complets d'enseignement sont proposés[14]. Ce n'est ensuite qu'en 1995 que le concours d'entrée de l'ENA prend enfin en compte l'Union Européenne dans ses épreuves[15] de façon systématique, soit près de quarante ans après le début du processus de construction européenne. Plusieurs raisons expliquent cette absence. Pour M. Maginot : ceci est du aux ( ) conditions très particulières dans lesquelles s'est opérée la conversion européenne de l'ENA. Rien n'était en effet moins évident que cette conversion. [...]

[...] L'improbable conversion de l'ENA à l'Europe»[11]. En effet, le thème de l'Union Européenne a mis longtemps à apparaître dans les programmes de la Haute école, ce qui peut expliquer le manque de connaissances des anciens Conseillers d'Etat sur cette question, étant donné leur sensibilisation tardive, voire inexistante sur la question. Ce point peut également être généralisé aux facultés de droit, qui ont mis encore davantage de temps –comme nous l'observerons dans notre seconde partie plus en détail. Pourtant, au début de la construction européenne, des prémices étaient observables, avec par exemple des sujets produits à l'occasion des premiers concours, comme en 1948 (Quel rôle, d'après vous, demeure réservé à l'Europe dans le développement de la civilisation mondiale puis l'épreuve de 1949 (L'unification européenne : rêve ou réalité avec un esprit européen chez quelques professeurs, conduisant même à l'échange d'étudiants, avec en 1950, l'accueil de fonctionnaires anglais, belges, luxembourgeois et hollandais, en application des dispositions culturelles du traité de Bruxelles[12]. [...]