Jean-Jacques Rousseau dans Le Contrat social définit l'intérêt général comme le bien public, c'est-à-dire le produit de la volonté générale, qui est moins la volonté de tous que la volonté du général, c'est-à-dire de l'universel qu'est la raison. Le bien public est ainsi ce vers quoi doit tendre l'État, le bonheur de ses citoyens. L'intérêt général peut être ainsi considéré comme le fondement, la finalité et la limite de l'État. Il diffère donc selon les ressources, les besoins et la culture de chaque État. Le premier article du traité simplifié stipule : « L'Union a pour but de promouvoir la paix, ses valeurs et le bien-être de ses peuples », un objectif un peu vague et consensuel.
L'adhésion de la Turquie à l'UE a été repoussée pour des motifs essentiellement « civilisationnels ». Nicolas Sarkozy a eu cette phrase simple : « Si la Turquie était européenne, cela se saurait », mettant en avant des valeurs différentes. Cela voudrait dire que l'Europe a besoin d'une identité commune pour avancer et déterminer ensemble un bien public. L'Union Européenne offre ainsi une vision particulière de l'intérêt général : l'Europe n'est pas un État, mais une association d'États, qui ont tous une culture et des besoins différents : comment peut-elle déterminer un intérêt général ?
Dans une Union Européenne multiculturelle, tenaillée par les intérêts de chaque État, l'intérêt général pourrait être l'intérêt de la majorité, ou l'intérêt de tous.
[...] L'Union Européenne est une construction politique à part, qualifiée par Jean-Louis Dewost d'un objet politique non identifié Par la multiplicité des intérêts en jeu, elle a été régulièrement confrontée à des crises, où quelques États font blocage à une décision qui, estiment-ils, les léserait. Cela a encore été le cas très récemment pendant la négociation du traité simplifié, où la Pologne et le Royaume-Uni se sont opposés à l'application de la charte des droits fondamentaux. Cependant c'est ainsi que l'intérêt européen peut ne pas être l'intérêt des plus forts mais un véritable intérêt universel, obtenu, certes, grâce à des combinaisons politiques et des négociations, mais représentatif d'une volonté générale, celle d'avancer ensemble. [...]
[...] Une universalité des demandes impliquerait une universalité des besoins Puisque les cultures sont différentes, les besoins le sont aussi et donc l'intérêt général diverge relativement selon les États. Une culture commune, si on peut la mettre en place, favoriserait des besoins et un intérêt commun. Habermas l'a mis en valeur avec son idée de patriotisme constitutionnel : les citoyens européens doivent adhérer à des valeurs communes et s'y reconnaître. Ceci devrait mener à la création d'un véritable espace public européen. [...]
[...] Des sujets sensibles sont peu à peu réformés, comme pour la Politique Agricole Commune (PAC) : mise en place en 1962, elle visait à protéger l'agriculture des pays membres de la CEE des importations étrangères en mettant notamment en place la préférence communautaire. La PAC doit être profondément réformée dans la période 2008-2013. Le traité simplifié qui doit être bientôt ratifié prévoit la mise en place d'un haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité : ce poste doit cumuler l'actuel haut représentant pour la Politique étrangère et de sécurité commune (PESC) et du commissaire européen aux Relations extérieures. Ceci doit permettre à la diplomatie européenne d'avoir un visage unique. [...]
[...] L'intérêt de chacun va-t-il dès lors dominer dans l'UE, faisant régner la loi du plus fort ? La loi du plus fort voudrait que l'UE procède à un vote par tête plus que par pays : cela reviendrait à considérer le peuple européen comme un tout, capable de penser à l'intérêt général de ses concitoyens. Les élections au Parlement européen vont en ce sens : chaque pays élit un nombre de députés proportionnels à sa population. Ainsi, l'Allemagne, avec ses 82 millions d'habitants dispose-t-elle de 96 sièges contre 74 pour la France et ses 60 millions d'habitants. [...]
[...] Comment déterminer l'intérêt général en Europe ? Jean-Jacques Rousseau dans Le Contrat social définit l'intérêt général comme le bien public, c'est-à-dire le produit de la volonté générale, qui est moins la volonté de tous que la volonté du général, c'est-à-dire de l'universel qu'est la raison. Le bien public est ainsi ce vers quoi doit tendre l'État, le bonheur de ses citoyens. L'intérêt général peut être ainsi considéré comme le fondement, la finalité et la limite de l'État. Il diffère donc selon les ressources, les besoins et la culture de chaque État. [...]
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