Penseurs, Europe unie, projets, utopie, unification
Les projets d'Europe unie apparaissent au moment où la chrétienté, qui paradoxalement avait apporté un souffle nouveau à l'unité de l'Europe, se disloque. L'avènement au 15è s. des Etats modernes va permettre d'envisager l'Europe sous un nouveau jour, qui ne sera plus celui de l'unité par la religion.
A la formation des Etats modernes s'ajoute la création des règles de droit international, qui vont servir de cadres aux projets d'Union européenne. Mais l'action de ces penseurs, juristes ou philosophes, auprès des décideurs politiques, sera sans effet jusqu'à la Première Guerre mondiale, qui déclenchera un véritable mouvement européen en faveur d'une Europe politique. Il est intéressant de noter que la guerre est souvent, au fil de l'Histoire, un moteur d'association entre les Etats, et qu'elle est bien souvent à l'origine des projets d'unification européenne. Depuis la chute de la chrétienté, le morcellement de l'Europe rend les rivalités entre souverains plus menaçantes, mais les idées d'organisation pacifique se heurtent aux volontés politiques qui oscillent entre domination et équilibre. Si les penseurs de l'Europe unie n'ont pas été écoutés de leur temps, ils ont eu cependant la volonté de répondre à une nécessité de leur temps, que ce soit la paix entre les souverains ou la paix entre les peuples, et par là même leurs projets s'inscrivent dans un contexte historique particulier, et ne sont pas le fruit d'utopies loin de toute réalité.
[...] Les penseurs de l'Europe unie : des projets en phase avec leur temps ? Les projets d'Europe unie apparaissent au moment où la chrétienté, qui paradoxalement avait apporté un souffle nouveau à l'unité de l'Europe, se disloque. L'avènement au 15è s. des Etats modernes va permettre d'envisager l'Europe sous un nouveau jour, qui ne sera plus celui de l'unité par la religion. A la formation des Etats modernes s'ajoute la création des règles de droit international, qui vont servir de cadres aux projets d'union européenne. [...]
[...] Le lyrisme qui accompagne le développement du nationalisme en Europe donne un nouveau souffle à l'idée européenne. Cette fois-ci, ce sont les peuples qui seuls peuvent permettre l'unification européenne, et non plus les souverains. La Sainte- Alliance des peuples, emprunte de fraternité et de patriotisme, doit remplacer la Sainte- Alliance des souverains antilibéraux et conservateurs de l'ordre ancien. L'émancipation des peuples est une condition préalable à l'instauration d'une fédération des Républiques européennes ; les peuples étant pacifiques par nature, une fois libérés ils ne pourront que vivre dans l'harmonie et la fraternité. [...]
[...] On présente le projet du comte de St Simon comme l'un des plus novateurs, compte tenu de l'époque. C'est en 1814, au moment de la chute de l'empire napoléonien, que l'essai de St Simon est publié, sous le nom suivant : De la réorganisation de la société européenne ou de la nécessité et des moyens de rassembler les peuples de l'Europe en un seul corps politique en conservant à chacun son indépendance nationale (extrait). Saint Simon, en phase avec les bouleversements de son temps, rejette l'Ancien Régime, mais aussi la politique de l'équilibre et les nationalismes excessifs. [...]
[...] L'argument commun de Rousseau et de Kant contre le projet de l'abbé est qu'il faut penser les moyens de la réalisation de la paix. Selon eux, l'erreur de l'abbé est d'avoir cru en la volonté des souverains de s'unir, comme si la paix pouvait relever d'une monarchie européenne. Kant et Rousseau opposent à la volonté des souverains la volonté générale(chez Rousseau) ou la bonne volonté(chez Kant). Ils vont plus loin que l'abbé en ce qu'ils proposent un changement de type de régime : pour Rousseau, seul le principe démocratique peut rendre la paix possible ; Kant, lui, est plus réticent quant au principe de démocratie directe qui lui apparaît comme une nouvelle forme de despotisme ; il lui préfère alors le principe républicain. [...]
[...] Ce projet nous semble assez familier puisqu'il rappelle la méthode progressive des Pères Fondateurs de l'Europe, dont on aura l'occasion de reparler. Cette évolution des idées européennes, propre au 19è s., représente assez bien ce difficile passage de l'idée à la réalité, et si les théoriciens de l'Europe unie ont souvent dû adapter leurs projets à la réalité du pouvoir de l'époque, ils n'ont cependant pas été entendus par les dirigeants politiques. Manifestement l'idée nationale hante toujours les Européens, et il faut attendre la brutale crise de conscience européenne après l'expérience de la première guerre mondiale pour que la nécessité d'une Europe unie soit prise en compte par les hommes politiques. [...]
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