Modification, conditions de travail, contenus de travail, police, réduction de l'autonomie, désolidarisation des corps de police
L'autonomie des exécutants réside dans leur capacité à définir et sectionner leur tâche.
Or depuis le milieu des années 2000, se pouvoir passe aux mains de la hiérarchie qui dispose désormais d'un système efficace de contrôle et de sanction, pour réduire la phase discrétionnaire (marge de manœuvre du policier) du travail policier. En effet, les transformations affaiblissent la latitude des agents à décider des tâches qu'ils souhaitent accomplir. Sous l'effet des réformes les brigades ont été spécialisées dans des faits de petites et moyennes délinquances.
Aussi les policiers sont-ils contraints de se consacrer exclusivement à l'élucidation d'un type d'affaires particulier. Les tâches policières sont de plus en plus spécialisées et prescrites, les commissaires se chargent de répartir le travail des brigades et de le préparer, ce sont eux qui sélectionne et assigne les plaintes dans les services judiciaires, alors que les agents avaient auparavant la latitude de les trier.
[...] Alors qu'il y a peu encore l'officier était celui auprès de qui les gardiens de la paix apprenaient leur nouveau métier et chercher de l'aide du conseil et des soutiens, désormais l'officier apparait comme un simple relai des exigences managériales (efficacité, efficience, contrôle di résultat). Ainsi la redéfinition des fonctions policières opérées par les réformes modifie la nature des liens qui unissent les policiers dans l'institution. Les corps professionnels ont des relations tendues et les policiers à l'intérieur d'un même corps sont en concurrence (exemple : deux gardiens de la paix), pour obtenir de meilleures performances. B. [...]
[...] Ils ne partagent plus les espaces de travail des subalternes. Maintenant ils ne travaillent plus avec leur subalterne, ce qui créé des tensions. La représentation d'une belle affaire marque et rend visible ces évolutions. La conception d'une belle affaire qui s'imposait auparavant partageait par les policiers de tout grade, était celle d'une affaire relevant de catégorie délinquante dangereuse, nécessitant un long travail de recherche souvent sur le terrain et l'usage de moyens policiers sophistiqués. Cependant avec la différenciation des activités, donc la séparation du travail entre les corps, la transmission de cette norme professionnelle partagée (belle affaire) n'est plus assurée par les officiers. [...]
[...] Néanmoins cela ne veut pas dire que les policiers sont privés de toute latitude dans le travail quotidien, il y a toujours de l'autonomie, elle est simplement réduite avec les réformes. Les conditions de travail se caractérisent par un manque d'effectif, de matériel (voitures par exemple) et une tension avec la hiérarchie. Les transformations ne concourent pas seulement à réduire l'autonomie des exécutants, elles ont également des conséquences importantes sur les rapports sociaux entre corps professionnels. Désolidarisation des corps de police Les relations entre les officiers et les exécutants sont de plus en plus tendues. [...]
[...] Généralement lorsqu'une affaire ne va pas dans le sens de leurs intérêts professionnels les policiers trouvent des prétextes pour la classer rapidement. Ces justifications, qu'elles soient réelles ou fabriquées permettent aux enquêteurs de maintenir un minimum d'autonomie. Ainsi l'orientation dominante des politiques publiques de sécurité depuis une décennie, privilégie le traitement rapide de la petite et moyenne délinquance et entraine l'accroissement du contrôle et de la pression au résultat. Ces conditions de travail sont de moins en moins tolérées par les membres du corps des gardiens de la paix et des gradés. [...]
[...] C'est la raison pour laquelle à la fin des années 2000 les policiers ont manifestés dans les rues, mais c'est également la raison pour laquelle ils s'investissent de moins en moins dans leur travail. Il y a aussi moins de prise de risque, one ne cherche pas à dépasser ses heures. Il faut néanmoins nuancer ce résultat sur un point, loin de s'imposer à tous les policiers de manière identique, les transformations opérées rencontrent les intérêts de certaines catégories d'agents, par exemple ont tout intérêt à ces réformes, car elles leur redonnent des pouvoirs, des moyens de contrôler leur subalterne. [...]
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