La directive du 22 septembre 1994, transposée en France par la loi du 12 novembre 1996, impose la création d'un comité d'entreprise européen dans les entreprises et les groupes de dimension communautaire, d'ici à 1999. Depuis l'entrée en vigueur du Traité d'Amsterdam, le 1er mai 1999, qui intègre le protocole social, tous les pays membres de l'Union sont concernés, ainsi que les Etats membres de l'Espace économique européen (Islande, Liechtenstein et Norvège).
Cette directive constitue le premier texte créant au niveau européen une instance nouvelle de représentation des salariés. Elle a été adoptée sous la présidence de l'Allemagne en vue de permettre aux représentants du personnel d'avoir une vue complète de l'entreprise qui a une activité internationale et d'améliorer le dialogue social entre employeurs et salariés dans les entreprises établies dans plusieurs Etats membres de l'Union européenne. En effet, l'éclatement en plusieurs établissements d'un groupe formé de sociétés distinctes juridiquement, au sein de l'Europe, imposait de créer une instance de représentation du personnel apte à garantir une vision globale des représentants du personnel. L'instauration du comité européen d'entreprise permet d'associer les salariés via leurs représentants, au processus de décision dans l'entreprise au niveau communautaire.
[...] La directive de 1994 contient des règles de représentativité concernant les négociateurs. La qualité de membre du groupe spécial de négociation est ainsi partiellement harmonisée par la directive, ce qui peut apparaître comme un début de convergence. En effet, cette harmonisation s'oppose à la diversité des situations nationales en matière de représentation des salariés (pays dans lesquels les syndicats ont un statut d'interlocuteur unique comme le Royaume-Uni, la Suède, l'Italie, pays qui favorisent l'organe élu par les salariés et qui est forcément distinct des syndicats, comme l'Allemagne, l'Autriche et pays qui ont une position intermédiaire, associant organisations syndicales et élus des salariés au sein d'une même structure comme la France et le Danemark). [...]
[...] Les représentants du personnel siégeant au comité d'entreprise européen ont l'obligation, sauf devoir de secret ou obligation de discrétion, d'informer de la teneur et des résultats des travaux du comité d'entreprise européen les représentants locaux des salariés présents dans les établissements de l'entreprise ou sociétés du groupe. L'irrespect de cette obligation peut faire l'objet de sanctions civiles voire pénales. Enfin, le comité d'entreprise européen est doté de la personnalité juridique, et donc apte à contracter. Il peut négocier à tout moment avec le chef d'entreprise. Toutefois, ces règles ne sont posées qu'à titre subsidiaire, et sont considérées comme un pis-aller par rapport à la mise en place de normes négociées. [...]
[...] Vers le développement de l'Europe sociale ? Dans les faits, près de 600 multinationales ont créé un comité d'entreprise européen, sur les 1200 concernées par la directive, dont une cinquantaine de groupes français : Bouygues, Elf, AGF, Crédit Lyonnais, Rhône-Poulenc, Danone, Thomson Le fonctionnement du comité d'entreprise européen dans la pratique a donné lieu à plusieurs illustrations. En 1997, la Cour d'appel de Versailles a donné tort à la direction de Renault qui n'avait ni informé, ni consulté son comité de groupe européen, avant l'annonce de la fermeture de l'usine belge de Vilvoorde. [...]
[...] Cette instance a permis un développement de la négociation au niveau européen. De plus, la Commission souligne les incertitudes entourant la définition de la notion de " consultation du comité d'entreprise européen " ; ainsi, la consultation au sens français est préalable à la décision de l'employeur, alors que selon le droit communautaire, elle intervient après la décision économique du chef d'entreprise, et ne vise qu'à organiser les conséquences sociales de cette décision. Il semble, au vu de la jurisprudence de la Cour de justice des Communautés européennes, que la notion française sera retenue à terme. [...]
[...] L'instauration du comité européen d'entreprise permet d'associer les salariés via leurs représentants, au processus de décision dans l'entreprise au niveau communautaire. L'obligation de créer un comité d'entreprise européen ne concerne que les entreprises ou groupes d'entreprises à dimension communautaire, c'est à dire les unités économiques qui : emploient au moins 1000 salariés dans les Etats membres de l'Union européenne sont implantés dans au moins deux de ces Etats emploient au moins 150 salariés dans chacun d'entre eux Une mise en place et un fonctionnement souples, qui résultent avant tout de la négociation Le souci de compromis et la volonté d'instaurer un dialogue social au sein des entreprises de dimension communautaire ont conduit à privilégier la négociation collective afin de créer un lieu d'information et de consultation surplombant les instances de représentation nationale. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture