Le premier ministre est-il un « triste sire » ?

Résumé du document

De nos jours, le premier ministre est le chef du gouvernement qui partage son autorité avec le Chef de l'Etat. En effet, l'article 8 de la constitution prévoit la nomination du premier ministre par le Président de la République, il est ainsi considéré comme l'homme de confiance de ce dernier. Le premier ministre partage le pouvoir exécutif avec le Président de la République, il possède donc de nombreuses prérogatives, toutefois limitées par l'action présidentielle. Il est alors intéressant de s'interroger sur le réel rôle du premier ministre au sein de la vie politique.

Extraits

[...] Par principe, le premier ministre est titulaire de ce pouvoir. Cependant, l'avis d'organes consultatifs est recommandé, voire obligatoire, et le contreseing des ministres chargés de son exécution est nécessaire. Ce contreseing symbolise la cohésion du gouvernement. Toutefois, une exception existe. Le pouvoir réglementaire est alors partagé avec le président de la République en cas d'ordonnances et de décrets. Les domaines de ces décrets étant non prévus par les textes, ils restent à la libre appréciation du Président à la condition que le premier ministre dernier soit consentant. [...]

[...] Un pouvoir exécutif dyarchique en vertu de la constitution de 1958 Le Président de la République et le premier ministre ont l'un et l'autre à déterminer et à conduire la politique de la nation, d'après les termes de l'article 20. La seule différence est que le Président le fait en premier, en décidant des grandes orientations, en indiquant les voies à suivre, en fixant des objectifs alors que le premier ministre n'intervient qu'en second, pour réaliser les programmes arrêtés et les décisions prises. Ainsi, la constitution de 58 prévoyait une division des tâches entre le Président et le premier ministre, mais qui était inégale et favorable au chef du gouvernement? Le partage du pouvoir réglementaire en est l'exemple. B. [...]

[...] Le premier ministre est-il un triste sire ? Une certaine forme de ministre est déjà présente sous la dynastie des Mérovingiens: le prince était entouré de personnages chargés de le seconder appelés les ministériales dont les fonctions sont à la fois politiques et domestiques. Spécialisation au fil du temps. En France au XVIe siècle se constitue une administration permanente dans laquelle on retrouve des notaires secrétaires d'Etat au service des conseillers du roi chargés des affaires que le souverain leur confie. [...]

[...] Le premier ministre est d'abord le chef du gouvernement. Il "dirige l'action du gouvernement" (art. 21) et, à ce titre, fixe en principe ses orientations politiques essentielles qui, hors cohabitation, sont celles du président de la République. Il doit également assurer la coordination de l'action gouvernementale et éviter, par son arbitrage, que différents ministres prennent des initiatives allant dans des sens opposés. Il n'est pas le supérieur hiérarchique des autres ministres. Il ne peut jamais leur imposer de prendre une décision qu'ils ne veulent pas assumer, mais peut proposer leur révocation au président en cas de faute grave. [...]