Prononcé le 16 juin 1946 par le Général de Gaulle, dans une période complexe de l'histoire française, le discours de Bayeux est souvent présenté comme le monument fondateur de la Cinquième République. Ainsi, pour comprendre le régime sous lequel vit la France depuis 1958, il convient de s'attacher à l'étude et à l'analyse de ce discours, d'autant plus que celui-ci fut contesté dès ses origines, notamment par la gauche et François Mitterrand dans son ouvrage Le coup d'Etat permanent, gardant un caractère provisoire et quasi napoléonien pendant toute la présidence de Charles de Gaulle, qu'il ne fut accepté par tous les Français qu'après l'alternance, et qu'on lui impute, encore aujourd'hui, un déficit démocratique important.
[...] avec des pouvoirs législatifs marqués le mettant en mesure de neutraliser la Chambre si une décision prise par les députés lui semble inadmissible et contre la volonté des citoyens. Une fois encore, le Président semble avoir la place d'un médiateur entre le Parlement et le peuple, et le Général montre ainsi que sa préoccupation est avant tout de créer pour la France, un chef qui, sans le concours des corps intermédiaires, censés représenter la nation dans sa diversité, représente une certaine unanimité du peuple, et, parce qu'il est le seul à tenir son poste, alors que l'autorité des députés et Sénateurs ne peut être que collective, est le seul capable d'en ressentir pleinement la volonté et les attentes. [...]
[...] De même, dans le but de s'épargner des réactions trop vives venant de la population ou des syndicats après le vote d'une loi délicate, il prévoit une consultation a priori des représentants des organisations économiques, familiales, intellectuelles : nous pouvons voir dans désir de s'assurer l'adhésion d'une large partie de la nation avant de promulguer les lois, une peur des divisions et de voir la France sombrer dans l'indiscipline. D'autre part, en projetant de mettre en place une organisation de forme fédérative, [ ] dont notre Constitution nouvelle doit marquer le début et ménager le développement le Général apparaît de nouveau comme un visionnaire. Cependant, il faut nuancer le caractère inédit de ce genre d'opinions. [...]
[...] Dans quelle mesure le discours de Bayeux a-t-il influencé la Constitution de la Cinquième République? Et le fait que celui-ci émane directement et exclusivement du Général doit-il nous pousser à qualifier, comme Pierre Vianson-Ponté, la Cinquième République de république gaullienne Nous verrons donc tout d'abord que le régime idéal décrit par de Gaulle repose sur une vision particulière de l'histoire française et sur une analyse des dangers présents, puis nous étudierons le contenu de ce que les juristes ont pu surnommer la Constitution de Bayeux et nous tenterons de déterminer à quel point la personnalité et les idées du Général ont pesé sur les choix qui ont présidé à la mise en place de la Cinquième République. [...]
[...] Sirinelli, PUF, Quadrige Le pouvoir politique en France, O. Duhamel, Seuil, Points Essais, 5ème édition La vie politique en France, sous la direction de D. Chagnolland, Seuil, Points Essais, Paris De Gaulle (tome 2 : Le politique), J. Lacouture, Seuil Droit Constitutionnel, B. [...]
[...] Et celle-ci reflète-t-elle exactement les dispositions prévues par le Général de Gaulle? La Cinquième République a en effet connu une évolution originale sa capacité à s'adapter aux dynamiques politiques et aux mutations sociales est attestée par sa longévité presque inédite dans l'histoire de France. Le fonctionnement institutionnel a ainsi pu être largement modifié, que ce soit grâce à des révisions constitutionnelles ou à cause de la conjoncture et à la personnalité des gouvernants. Tout d'abord, nous devons remarquer que la Constitution ne reprend pas exhaustivement tout ce que prévoit le Général : les pouvoirs du Président sont largement réduits par rapport à ses prévisions et à ses demandes, et il conserve, à peu de choses près, son rôle traditionnel ; de même, l'Assemblée dispose de pouvoirs plus étendus que ne le souhaitait de Gaulle, et le régime élaboré par les Constituants de 1958 s'avère moins novateur que le discours de Bayeux, bien qu'il comporte des avancées importantes et réhabilite de manière sensible la fonction présidentielle. [...]
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