Pourquoi distinguer entre autoritarisme et totalitarisme

Thèmes abordés

autoritarisme, totalitarisme, fasciste, Engels, démocratie, Juan J. Linz, Etat de droit, terrorisme d'Etat, terreur, Répression

Résumé du document

Définir les concepts avant que d'entamer une réflexion, quelle qu'elle soit, semble primordial pour la pertinence d'un raisonnement. Les concepts d'autoritarisme et de totalitarisme – dans lequel on regroupe le fascisme et le communisme – en sont de parfaits exemples, quoique polémiques. D'aucuns utilisent de nos jours le terme « fasciste » pour tout ce qui pourrait s'apparenter à de l'autoritarisme, voire même à toute forme d'autorité. Il s'agit bien souvent de clore, de décrédibiliser ou d'empêcher un débat par l'étiquetage ainsi fait d'une personne ou d'une idée. Or, c'est bien plutôt une fois les termes définis que l'on est mieux à même d'étudier et d'approfondir un sujet, d'en soulever toute la complexité. Distinguer autoritarisme et totalitarisme procède de cette démarche d'analyse. On peut donc justifier cette distinction à la fois par les origines et le fonds intellectuel distincts, et par les rapports différents entretenus entre la société et l'Etat

Extraits

[...] - Disparition de l'Etat de droit : l'Etat n'est plus tenu par la Loi. Mais mise en place d'une loi de l'Etat (fondée sur l'Histoire ou la Nature) : des groupes sont alors désignés comme ennemis, et la culpabilité (ainsi que l'innocence) et la faute individuelle disparaissent puisque cette loi de l'Etat détermine les ennemis, les coupables en dehors de toute faute ou acte de leur part. - Mobilisation des masses : embrigadement de la société dans des mouvements et associations partisanes. [...]

[...] Pourquoi distinguer entre autoritarisme et totalitarisme ? Définir les concepts avant que d'entamer une réflexion, quelle qu'elle soit, semble primordial pour la pertinence d'un raisonnement. Les concepts d'autoritarisme et de totalitarisme – dans lequel on regroupe le fascisme et le communisme – en sont de parfaits exemples, quoique polémiques. D'aucuns utilisent de nos jours le terme « fasciste » pour tout ce qui pourrait s'apparenter à de l'autoritarisme, voire même à toute forme d'autorité. Il s'agit bien souvent de clore, de décrédibiliser ou d'empêcher un débat par l'étiquetage ainsi fait d'une personne ou d'une idée. [...]

[...] L'autoritarisme ne visant pas à asservir l'ensemble de la société mais simplement à être obéit. Etablir la distinction entre ces deux concepts c'est donc se permettre de mettre en lumière les traits saillants de tels ou tels régimes politiques, pour mieux les classifier, c'est-à-dire en comprendre la portée, les ressemblances et l'originalité les uns par rapport aux autres. On arrive ainsi à rapprocher fascisme et communisme dans un même concept : le totalitarisme. Et on peut également différencier les régimes autoritaires en opposition à ce concept. [...]

[...] « C'est parce que l'Etat a remplacé la religion que le totalitarisme a été rendu possible » (cours de Monsieur Donegani). Le totalitarisme est dans la modernité : plus de solidarité des groupes sociaux, individu isolé dans la masse. - H. Arendt, Les origines du totalitarisme : le totalitarisme est un phénomène politique inédit qui vise à la domination des masses par l'endoctrinement, l'effondrement de la loi et l'organisation rationnelle de la terreur. - Importance de la contingence dans l'arrivée au pouvoir de dirigeants à visée totalitaires : repose sur une poignée d'hommes, face à une population passive voire enthousiaste face à ce qui apparaît comme une autre manière de gouverner (Juan J. [...]

[...] Linz, L'effondrement de la démocratie. Autoritarisme et Totalitarisme dans l'Europe de l'entre-deux-guerres. Les régimes autoritaires n'ont pas véritablement de base idéologique, ne s'occupent pas en priorité des idées. Ils ont émergé dans un contexte particulier de l'affaiblissement des démocraties, souligne Linz. L'autoritarisme est davantage réactionnaire face à la démocratie libérale (et ses tentations libertaires et égalitaires) et ne propose pas de régime nouveau. Il puise ses origines dans les courants réactionnaires face aux Lumières, à la démocratie libérale, à l'instar du catholicisme antilibéral. [...]