démocratie représentative, modèle occidental, occident, démocratie
[...] En somme, il convient de se demander quel crédit il nous est alors permis d'accorder, compte tenu de l'expansion effective de la démocratie dans le monde, mais également des failles que révèlent à l'usage les régimes démocratiques occidentaux, à ce présupposé fondamental de la philosophie politique occidentale, selon lequel la démocratie représentative constitue un modèle, créé et offert par l'Occident, incontournable dans l'évolution de toutes les sociétés.
Nous verrons dans le cadre de notre réflexion que, si la démocratie représentative est bien un système de construction occidentale, le statut de modèle dans le sens d'idéal démocratique est surtout à discuter comme un élément du paradigme occidental en matière de philosophie politique, ce qui lui permet alors de résister aux constats des failles des démocraties modernes et de son expansion hors d'Occident.
[...] En somme, le concept d'Occident, défini pour son acception moderne dans le contexte bien particulier de la Guerre Froide, est une construction issue, entre autres, des valeurs de démocratie, capitalisme, en opposition à celles du totalitarisme communiste ; ceci étant acquis, ce concept est relativement mobile, et les Etats qui accèdent aux valeurs démocratiques et capitalistes viennent progressivement agrandir la sphère occidentale. Occident et démocratie représentative sont donc liés, mais de manière bien plus complexe que ne le laisse entendre le paradigme occidental exprimé par Tocqueville : la démocratie représentative est une construction permanente, dont les implications paradigmatiques dépassent le caractère quelque peu figé et évident du modèle. [...]
[...] La démocratie représentative est- elle donc un modèle occidental ? Le principe d'une souveraineté populaire, déléguée par des élections libres, caractérise-t-il exclusivement les systèmes occidentaux ? La définition de l'Occident semble elle-même poser la question par sa circularité dans le cadre du problème qui nous préoccupe : qu'est-ce qu'un pays occidental actuellement, sinon un pays - entre autres - capitaliste et démocratique ? La démocratie représentative est- elle, d'autre part, véritablement un modèle, au sens de référence absolue pour l‘esprit occidental, un modèle d'aboutissement à suivre pour toute société qui cherche son propre progrès ? [...]
[...] La démocratie représentative est-elle un modèle occidental ? Dissertation d'Adrien Aulas Le développement graduel de l'égalité des conditions est donc un fait providentiel, il en a les principaux caractères : il est universel, il est durable, il échappe chaque jour à la puissance humaine ; tous les événements, comme tous les hommes, servent à son développement.1 A travers ces mots, De Tocqueville émet l'idée d'une espèce de fatalité pesant sur le destin de toutes les nations : la démocratie apparaît comme la fin - tant logique que chronologique - de toute société humaine, de sorte que toutes les forces humaines ne sauraient empêcher cette progression inexorable vers l' égalité des conditions selon ses termes. [...]
[...] D'autre part, le 1. ROUSSEAU, Jean-Jacques, Du Contrat Social, GF Flammarion pp.65-66 principe de séparation des pouvoirs, autre élément constitutif d'une démocratie substantielle, au sens moderne, est également le fruit d'une pensée occidentale, qui trouve son expression la plus aboutie dans l'œuvre de Montesquieu1. Aussi n'est-il pas étonnant que la démocratie moderne, représentative, s'installe en premier lieu dans ces Etats profondément imprégnés de culture démocratique, et tout d'abord en Angleterre dès 1689, par l‘adoption du Bill Of Rights, première d'une série de réformes historiques visant à instaurer durablement la représentation, la séparation des pouvoirs et la garantie des droits individuels. [...]
[...] D'où il est possible de tirer un double constat intéressant : d'une part qu'au terme de ces deux siècles d'expansion de la démocratie, l'Occident est aujourd'hui constitué essentiellement d'Etats démocratiques ; d'autre part, qu'il a été le terreau fertile d'un très large enrichissement des premiers principes démocratiques : témoins les 1. MONTESQUIEU, De l'Esprit des Lois livre XI quasi infinies nuances conceptuelles que nous pouvons apporter aux principes de séparation des pouvoirs et de représentation pour définir tel ou tel régime actuel. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture