Dans l'extrait proposé, Ernest Renan pose le problème de la définition de la nation : il s'agit de se demander à partir de quel moment il est possible pour une entité sociale de se considérer en tant que nation. Il s'agit en fait d'une critique explicite de la nation prusse qui s'inscrit dans le contexte de la récente défaite de la France envers l'Empire prussien en 1870.
Il s'avère que la nation peut se concevoir principalement de deux manières : on va ainsi différencier la conception objective de la nation, reposant sur des critères concrets; et la conception subjective qui va surtout reposer sur la volonté des hommes de vivre ensemble.
[...] Cette volonté d'agrandissement territorial est notamment en réponse aux mouvements de décolonisation qui touche l'Europe. Le danger des dérives possibles Pour RENAN, il faut réfuter une conception de la nation qui repose sur les critères cités en : par exemple qu'en est-il de la Suisse, qui forme une nation une et indivisible, mais où il existe des langues différentes ainsi que des races différentes ? Une telle conception nationale en ferait une nation invalide, ce qui n'est pourtant pas le cas. [...]
[...] Pour RENAN, chaque individu est acteur de sa nation par le biais du référendum. La nation française vue par RENAN est donc caractérisée par sa subjectivité et son aspect volontariste : la nation est composée de personnes formant une communauté et partageant un projet commun et qui a exprimé le désir de vivre en société. Il existe cependant une autre conception de la nation, propre à l'Empire prussien notamment, que RENAN va largement critiquer : il s'agit de la conception objective de la nation, partagée notamment par l'Empire prussien. [...]
[...] La nation vue par RENAN est en fait une âme, un principe spirituel Par âme, il entend une entité vivante au même titre qu'un individu humain : c'est ainsi que la nation se voit caractérisée par son passé, par un riche legs de souvenirs Le principe spirituel repose en un consentement actuel des hommes de vivre ensemble. Ces deux caractéristiques réunissent la nation dans une ligne temporelle : la nation a un passé qui vient enrichir son présent. La nation a une vocation, elle n'est pas une fin en soi. Visionnaire, RENAN voit déjà le devenir de la nation : Les nations ne sont pas quelque chose d'éternel. Elles ont commencé, elles finiront. La confédération européenne, probablement, les remplacera. [...]
[...] Extrait du discours "Qu'est-ce qu'une nation"- d'Ernest RENAN (mars 1882 ) Ernest RENAN (1823 1892), en sa qualité d'écrivain, philosophe et historien français, a rédigé le discours intitulé qu'est-ce qu'une nation, qu'il a prononcé dans le cadre d'une conférence faite à la Sorbonne (Paris) le 11 mars 1882 et dans lequel il donne sa vision de la nation. Le contexte historique de ce discours est celui de l'annexion de l'Alsace- Lorraine, territoire français, par l'Empire prussien (soit le Deuxième Reich) suite à la défaite de 1870. [...]
[...] Ernest RENAN va confronter dans son discours deux modèles de nation différents : celui de la nation allemande qu'il estime dangereux (II La nation Prusse : un modèle néfaste), et celui de la nation française qu'il estime quasiment idéal la nation française : un modèle idéal) I La nation française : un modèle idéal La nation française vue par RENAN repose sur deux principales caractéristiques obligatoires : l'idée d'une adhésion volontaire à la nation l'approche volontariste de la nation française), et avant toute chose, celle d'un passé, d'un présent et d'une ligne tracée vers l'avenir la temporalité de la nation) À] La temporalité de la nation La défaite de la France face à l'Empire prussien en 1870 marque la fin du Second Empire et le commencement de la troisième République (1870-1940). Quand RENAN prononce son discours à la Sorbonne, c'est donc dans un contexte où l'idée de nation est très présente. [...]
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