Le 16 juin 1946, le Général de Gaulle prononce le Discours de Bayeux, « l'acte fondateur du gaullisme politique » (Serge Bernstein) et fondement des institutions toujours en vigueur de nos jours, celles de la Ve République. Pour comprendre les enjeux de ce discours, il est nécessaire de faire un rapide récapitulatif du contexte dans lequel il a été énoncé. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la légitimité du Général de Gaulle est renforcée : il est le libérateur de la France, chef de la Résistance et le président du Gouvernement provisoire de la République française (GRPF). Sa priorité est alors de restaurer l'autorité étatique en France après la chute du gouvernement autoritaire de Vichy. Le 21 octobre 1945, les Français renoncent à la IIIe République, à 96 % des votants. Après l'échec de la première Assemblée constituante, une deuxième assemblée est élue en juin et son projet de constitution est accepté par référendum en octobre 1946 instituant ainsi la IVe République. Entre temps, le Général a démissionné le 20 janvier de la présidence du GPRF et s'exprime donc le 16 juin 1946 à Bayeux sur son projet constitutionnel qui sera finalement rejeté pour laisser place à une République parlementaire instable, reprenant les travers de la IIIe.
[...] Charles de Gaulle comprend qu'un pays affaibli par la Seconde Guerre mondiale ne peut se gouverner qu'avec un exécutif fort, loin des lenteurs des discussions parlementaires. Le pays a besoin d'un homme entreprenant et libéré des querelles politiques des partis, à son image personnelle. Il se pense tout désigné pour ce rôle. On lui a souvent reproché ce désir d'exécutif trop fort. En effet, après les récentes dérives pétainistes, les craintes se font sentir. Pourtant, le Général se justifie par Pourquoi voulez-vous qu'à soixante-sept ans, je commence une carrière de dictateur ? [...]
[...] D'autre part, les lois constitutionnelles de la IIIe ne s'appuient sur aucune déclaration des droits. Il n'existe donc pas de suprématie des lois constitutionnelles, supposées être à la tête de la hiérarchie des normes. Elles sont révisables facilement, ce qui facilite les dérives comme l'a montré celle du gouvernement de Vichy. Le général De Gaulle considère que le Président de l'Union française et de la République, se porte garant de l'indépendance nationale, se différenciant des exécutifs faibles précédents qui ont rendu possible l'Occupation. [...]
[...] Ce principe est annoncé dès le discours de Bayeux. B. Un pouvoir législatif réformé et rééquilibré. Comment organiser les pouvoirs pour éviter le despotisme des partis politiques composant l'Assemblée ? D'un point de vue institutionnel, ses propositions sont radicales pour l'époque : des pouvoirs séparés (donc indépendants) et équilibrés. Cela annonce la fin du régime d'Assemblée. Le chef de l'Etat serait placé au-dessus des partis Il est question de la prééminence du président de la République et non plus du Parlement. [...]
[...] Les travers de la IIIe République : instabilité gouvernementale et faiblesses constitutionnelles. Sous la IIIe République, le suffrage universel légitime le Parlement par l'expression de la volonté du peuple. Le système est initialement bicaméral, mais le Sénat perd de son influence et l'Assemblée devient prédominante. Il m'existe aucun contrepoids pour équilibrer le Parlement. L'on parle dans ce cas d'un régime d'Assemblée puisqu'elle occupait une place primordiale. Le non-recours à la dissolution illustre une importante absence d'équilibre des pouvoirs, puisque l'Assemblée peut demander au gouvernement de démissionner. [...]
[...] Commentaire du discours de Bayeux du Général de Gaulle le 16 juin 1946 Le 16 juin 1946, le Général Charles de Gaulle prononce le Discours de Bayeux, l'acte fondateur du gaullisme politique (Serge Bernstein) et fondement des institutions toujours en vigueur de nos jours, celles de la Ve République. Pour comprendre les enjeux de ce discours, il est nécessaire de faire un rapide récapitulatif du contexte dans lequel il a été énoncé. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la légitimité du Général de Gaulle est renforcée : il est le libérateur de la France, chef de la Résistance et le président du Gouvernement provisoire de la République française (GRPF). [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture