Les deux discours, Léon Blum, Le Populaire, 21 juin 1946, IVe République, Constitution, Charles de Gaulle
« Dans le péril de la patrie et de la République, je me suis tourné vers le plus illustre des Français », déclarait le 29 mai 1958 René Coty, alors Président de la République, faisant référence au retour du Général Charles de Gaulle sur la scène politique. À ce moment, le Général apparaît en effet pour beaucoup de Français comme l'homme « providentiel », la solution aux problèmes du moment. La guerre d'Algérie ayant entraîné une certaine crise institutionnelle, se pose la question d'un changement des institutions, inefficaces d'après certains. Or, le Général de Gaulle avait exprimé dès 1946, dans le discours de Bayeux, sa vision du régime idéal à mettre en place, comprenant notamment un exécutif fort. Si ces idées séduisent en 1958, les idées constitutionnelles de Charles de Gaulle ne rencontrent pas un grand succès au moment où il prononce ce célèbre discours. En 1946, l'Assemblée constituante élue, présidée par Vincent Auriol, rédige la Constitution qui sera celle de la IVe République. On le sait aujourd'hui, la conception gaullienne du régime à mettre en place exprimée à Bayeux ne sera pas celle retenue par les constituants, qui tenteront d'institutionnaliser un parlementarisme rationalisé.
[...] Quels sont, ou quels devraient être, d'après Léon Blum, les fondements du régime imaginé par Charles de Gaulle en 1946 ? Nous verrons d'abord que les modalités du régime imaginé par Charles de Gaulle découlent du principe de séparation des pouvoirs Puis nous verrons pourquoi ce régime devrait être associé, pour Léon Blum, à une élection du Président de la République au suffrage universel direct (II). La séparation des pouvoirs, principe fondamental à l'origine des idées constitutionnelles du Général de Gaulle Dans son analyse du discours de Bayeux, Léon Blum tente de montrer que le régime décrit par Charles de Gaulle est une application poussée du principe de séparation des pouvoirs. [...]
[...] La guerre d'Algérie ayant entraîné une certaine crise institutionnelle, se pose la question d'un changement des institutions, inefficaces d'après certains. Or, le Général de Gaulle avait exprimé dès 1946, dans le discours de Bayeux, sa vision du régime idéal à mettre en place, comprenant notamment un exécutif fort. Si ces idées séduisent en 1958, les idées constitutionnelles de Charles de Gaulle ne rencontrent pas un grand succès au moment où il prononce ce célèbre discours. En 1946, l'Assemblée constituante élue, présidée par Vincent Auriol, rédige la Constitution qui sera celle de la IVe République. [...]
[...] Le plébiscite apparaît comme un dérivé de la consultation du peuple, qui approuve par lui non pas une politique mais une personne, avec tous les dangers que ceci implique - Alors même que pour L. [...]
[...] Le régime décrit par Charles de Gaulle dans le discours de Bayeux qu'analyse Léon Blum est donc, à travers le renforcement du pouvoir du chef de l'exécutif, une application du principe de séparation des pouvoirs, fondement de tout régime démocratique. Cependant, pour Léon Blum, un tel renforcement du pouvoir du Président de la République implique nécessairement un changement dans les modalités de son élection, qui n'est pas prévu par Charles de Gaulle dans le discours de Bayeux. II/ Le suffrage universel direct, une modalité d'élection du Président nécessaire mais contestée Pour Léon Blum, il est nécessaire pour fonder un régime comprenant un chef de l'exécutif fort que celui-ci soit élu au suffrage universel direct Cependant, la France a une Histoire constitutionnelle de méfiance à l'égard de ce que l'on appelle parfois un plébiscite, remettant en cause un régime qui le nécessite Une modalité d'élection nécessaire pour un chef de l'exécutif fort - pour un chef de l'exécutif ainsi conçu, l'élargissement du collège électoral ne saurait suffire Léon Blum va dans son analyse du discours de Bayeux plus loin que le Général lui-même, puisque d'après lui l'élargissement du collège électoral mentionné dans le discours n'est pas suffisant pour un Président de la République ayant tant de pouvoirs. [...]
[...] Blum, procéder tous deux du peuple, véritable souverain. - Le régime exposé par Charles de Gaulle dans le discours de Bayeux prévoit également une séparation des pouvoirs organiques : pouvoir exécutif bicéphale, et séparation du législatif en deux chambres d'origine différente, mais dotées d'attribution analogues (ce qui signifie que l'une sera directement élue par le peuple, et pas l'autre) - En rappelant ces éléments du discours de Bayeux, L. Blum montre que le régime imaginé par de Gaulle applique le principe de séparation des pouvoirs à tous les niveaux, ce qui peut être une façon de montrer que les idées constitutionnelles du Général sont pertinentes et justifiées, alors même qu'elles ne sont pas partagées par la majorité des membres de l'Assemblée constituante de 1946 (qui rédigera une Constitution assez éloignée de ces idées) Un rôle renforcé pour le Président de la République - Le régime décrit par Charles de Gaulle dans le discours de Bayeux est donc fondé sur le principe de séparation des pouvoirs, au nom duquel un exécutif plus fort est renforcé. [...]
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