Après une première version de la Constitution, repoussée par référendum, la seconde est approuvée par un nouveau référendum avec 53,5% des suffrages exprimés. La Quatrième République est alors proclamée en octobre 1946, mais elle connaîtra de nombreuses difficultés. Elle témoigne en effet de la difficulté de la tradition républicaine à appliquer le principe de l'équilibre et de la séparation des pouvoirs. Le culte de la loi, incarnation de la volonté générale, assoit la domination de l'assemblée souveraine sur l'exécutif. Ce régime souffre d'emblée d'un déficit de légitimité et d'une instabilité gouvernementale chronique. Ainsi, par exemple, l'assemblée élue en 1951 porte ainsi Antoine Pinay à la présidence du Conseil en 1952 et elle le remplace par Pierre Mendès France en 1954. Sept gouvernements vont se succéder entre 1956 et 1958, et en douze ans, elle en connaîtra vingt-cinq. La Quatrième République choisit le mode de fonctionnement parlementaire. Le président du Conseil est nommé par le Président de la République. Il doit cependant obtenir l'investiture parlementaire à savoir celle de l'Assemblée Nationale et du Conseil de la République. L'exécutif est étroitement contrôlé et voit ses marges de manœuvre limitées. Par ailleurs, le scrutin à la proportionnelle permet la représentation de petits partis à l'Assemblée mais nuit à la formation de majorités stables, ce qui multiplie les crises ministérielles. Cette « République mal aimée » illustre la fermeture d'un système représentatif qui nourrit un violent antiparlementarisme. Ce dernier se caractérise alors par une montée des votes protestataires qui sont le signe d'un mécontentement présent notamment chez les commerçants. Le poujadisme, parti aux objectifs professionnels avec l'UDCA (union de défense des commerçants et artisans), fustige la « dictature de l'administration et des puissances d'argent ». Sous le slogan « Sortez les sortants », il rallie les voix des commerçants et artisans irrités des tracasseries administratives, mais aussi celles des électeurs d'extrême-droite hostiles au gouvernement, et il obtient 52 députés aux législatives de 1956. Ce vote de mécontentement n'est pas sans rappeler le vote protestataire effectué lors des présidentielles de 2002 au profit du Front National, qui était également un signe et un signal de protestation face à la politique menée par le gouvernement et plus largement par les deux grandes structures politiques françaises.
Quelle fut ainsi l'évolution du vote protestataire en France depuis le poujadisme jusqu'à aujourd'hui ?
[...] On peut cependant se demander si l'abstention, phénomène également croissant, n'est pas une forme de contestation. Sources *Histoire de l'extrême droite en France Michel Winock (Seuil 1994) *Histoire et vie politique en France depuis 1945 Eric Duhamel et Olivier Forcade (Armand Colin 2000) *Petits bourgeois en révolte ? [...]
[...] Quelle fut ainsi l'évolution du vote protestataire en France depuis le poujadisme jusqu'à aujourd'hui ? Dans une première partie, nous verrons comment s'est développé le phénomène poujadiste, puis dans un deuxième temps, nous aborderons les manifestations contemporaines du vote contestataire. I Le vote poujadiste s'exprime dans un contexte bien particulier et il est assimilable à un vote complexe de par sa diversité Le contexte de la République est un facteur explicatif du succès poujadiste aux élections de 1956 Les élections législatives à venir sont dominées par deux grandes coalitions. [...]
[...] Ce sont l'arrêt de l'inflation après l'assainissement financier incarné par Antoine Pinay en 1952, la maladresse des contrôleurs polyvalents des contributions, l'impossibilité d'anticiper à la hausse pour varier les prix qui ont motivé le vote UDCA. Mais le poujadisme s'effondre lorsque l'inflation reprend vivement sous Guy Mollet en 1957 et l'étau fiscal se desserre un peu. JM Le Pen à l'inverse, n'a trouvé audience que sur fond de crise économique généralisée, de chômage, d'insécurité et d'inspiration à une halte de l'immigration. Sa révolte n'est pas professionnelle. [...]
[...] Le vote poujadiste est la manifestation de l'éclatement des vieilles communautés terriennes. Germaine Veyret-Verner analyse par exemple les résultats obtenus en Haute- Maurienne : l'opposition qui commence à se manifester n'est pas une opposition constructive mais une opposition de mécontentement sujette à des variations allant du communisme au poujadisme car une population longtemps isolée, attachée à la religion est brusquement mise en contact avec l'économie moderne. Voix des commerçants et des artisans à peu près partout, mais plus massivement dans les bourgs et les petites villes, voix paysannes des régions de petite ou moyenne propriété, parfois des régions agricoles riches, voix exprimant des colères viticoles, la haine du fisc, ou une vieille tradition d'extrémisme blanc Voix urbaines choisissant Poujade en espérant qu'il débarrassera la France d'un régime détesté. [...]
[...] La Quatrième République est alors proclamée en octobre 1946, mais elle connaîtra de nombreuses difficultés. Elle témoigne en effet de la difficulté de la tradition républicaine à appliquer le principe de l'équilibre et de la séparation des pouvoirs. Le culte de la loi, incarnation de la volonté générale, assoit la domination de l'assemblée souveraine sur l'exécutif. Ce régime souffre d'emblée d'un déficit de légitimité et d'une instabilité gouvernementale chronique. Ainsi, par exemple, l'assemblée élue en 1951 porte ainsi Antoine Pinay à la présidence du Conseil en 1952 et elle le remplace par Pierre Mendès France en 1954. [...]
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