L'élargissement de la société internationale et la contestation de l'ordre international légué par l'Europe

Résumé du document

Elle a été le fruit de la décomposition et de la division du système européen, consécutives aux deux guerres mondiales, mais surtout du mouvement de décolonisation qui va jalonner les décennies 50 et 60.

Cet élargissement de la communauté internationale se reflétera dans la composition de l'ONU, de 51 États signataires de la Charte de San Francisco le 26 juin 1945, le nombre d'États-membres passera à plus de 150 au lendemain de la vague des indépendances africaines au début des années 60 (...)

Extraits

[...] Quant aux possessions portugaises, leur indépendance a été le fruit conjugué de luttes armées (en Guinée Bissau, en Angola et au Mozambique) et d'un changement politique intervenu au Portugal, le 25 avril 1974, à savoir le renversement de la dictature Salazar par un coup d'État militaire: ce fut la fameuse Révolution des Œillets. Ce vaste mouvement de décolonisation s'est appuyé sur le socle idéologique qui s'est dégagé de la Conférence de Bandung d'avril 1955. A l'époque les Chefs d'État indien (Nehru), indonésien (Sockarno), égyptien (Nasser), yougoslave (Tito) jetteront les bases d'une solidarité scellée autour des thèmes du non alignement (qui fera florès pendant plus de 20 ans) et de la condamnation du fait colonial. La revendication d'indépendance lancée à Bandung a été largement relayée dans les enceintes internationales, notamment à l'ONU. [...]

[...] Ce qu'il nous faut retenir ici, à propos de ce mouvement de décolonisation, c'est qu'il va contribuer d'une part à instaurer une société internationale plus universelle, d'autre part à politiser les débats sur la scène internationale. Cette nouvelle dynamique a été porteuse de revendications qui ont débouché sur une forte polarisation internationale et le renforcement du clivage Nord-Sud. Les pays en développement n'auront de cesse de poser leurs revendications sur le terrain de l'avènement d'un nouvel ordre international. Le bilan de ces revendications a été très mitigé : s'il offre des avancées certaines sur le terrain du droit (la Convention des Nations Unis sur le droit de la mer de décembre 1982 en est l'illustration la plus parfaite) et de la politique, il est demeuré très limité en ce qui concerne les questions économiques et financières. [...]

[...] Ces derniers se sont contentés des grandes proclamations, des résolutions en nombre infini adoptées à l'issue des Conférences internationales et appelant à l'instauration d'un nouvel ordre économique international. Mais cette solidarité a eu ses limites, dans les grandes disparités au sein du bloc des pays du Tiers Monde. En réalité, les pays en développement ne vont pas constituer un bloc homogène. Si parmi eux des pays sont parvenus à s'affirmer dans les échanges économiques internationaux (certains pays d'Asie), l'écrasante majorité des pays en développement s'est enfoncée dans le crise économique et se trouve être en marge de l'économie mondiale. [...]

[...] En 1979, un accord politique est conclu entre les représentants de cette minorité blanche et les leaders nationalistes, débouchant sur la proclamation, l'année suivant, de l'indépendance du Zimbabwe (nouveau nom donné au pays). L'évolution des Empires Français et Portugais a été d'un tout autre ordre. Dans le cas des anciennes possessions françaises, les processus de libération politique ont été tantôt le fruit de conflits armés, tantôt le résultat de compromis politiques faisant alterner des phases d'autonomie interne et d'indépendance. Les guerres coloniales, en Indochine et en Algérie ont laissé leur empreinte sur la IVème République provoquant même sa chute (les événements du 13 mai 1958 à Alger), et fait passer au second plan les modalités plus politiques d'accession à la souveraineté internationale de la Tunisie et du Maroc (Pierre Mendès France et Edgar Faure) et des pays d'Afrique subsaharienne. [...]

[...] Ces pays ont été, petit à petit, pris en charge par les institutions de Bretton Wood qui les ont soumis à des régimes d'austérité dont les effets sociaux sont parfois catastrophiques voire chaotiques. L'universalisation de la société internationale a été de pair avec une organisation, voire une institutionnalisation qui s'est traduite par une prolifération des organisations internationales. [...]