Dans le livre Kafka arrive chez Titorelli grâce à l'un de ses clients, un industriel. Welles a choisi Léni pour lui faire part de ce renseignement. Ainsi la manière dont K. arrive chez Titorelli est différente selon le média ; cependant le personnage du peintre reste capital dans les deux œuvres. Nous verrons que ce personnage est fortement lié à la justice mais aussi à la corruption.
[...] D'ailleurs K. est-t-il vraiment coupable ? Cette justice est monstrueuse si K. est innocent mais s'il est coupable elle retrouve son caractère juste. En effet si K. semble innocent au premier abord, après examen on se demande s'il l'est vraiment. Il est fautif envers Mlle Burstner de pulsions, il lui vole un baiser Il dit lui-même à Mme Grubach Si vous voulez tenir votre pension propre, vous allez devoir me donner congé Ainsi il est peut être moins innocent qu'on le pense au début du récit. [...]
[...] La justice peut punir, on le voit avec l'épisode du débarras où Franz et Willem sont punis pour avoir voulu prendre les vêtements de K. Ainsi la corruption est donc punie lors qu'elle est découverte et cette justice peut donc être cohérente. En effet, cette justice semble avoir un but et se donner les moyens de l'atteindre: la mort de K. Elle a un poids sur l'accusé, elle l'écrase. Block est un bon exemple. Welles assimile les deux bourreaux à ceux de la gestapo par leur habillement avec tout le poids que comporte cette référence. [...]
[...] Titorelli est le peintre officiel des juges. Il a hérité ce métier de son père, il est donc entré dans ce milieu dès on plus jeune âge. Il connaît donc bien la loi, bien qu'il le n'ait jamais lue Cette remarque peut surprendre, comment peut-on connaître quelque chose que l'on n'a jamais abordée ? Peut-être cela sous entend-il qu'il connaît la loi par ce qu'on lui a rapporté à l'oral, mais cela donne l'image d'une justice relâchée, loin de celle qu'on attend comme stricte et réglée. [...]
[...] Il a sa chemise ouverte et se caresse le torse de sa main dans le roman. Welles accentue cette perversité : le peintre appelle K. mon chou ce qui fait allusion à l'homosexualité. Mais plus encore, la perversité est présente avec l'évocation des petits filles qui sont sous son lit, la fillette bossue et le juge qui arrive quand Titorelli dort. Welles rend le peintre inquiétant en le filmant par des gros plans. Le spectateur a alors l'impression qu'il se colle à lui et aussi à K. [...]
[...] Mais il représente aussi la justice telle qu'elle est dans le récit, c'est à dire corrompue, perverse, voire absurde. Si Titorelli permet à K. d'ouvrir les yeux et de se rendre compte de l'état des choses, il lui montre qu'il était trop tard dès le début. La justice est au centre des deux œuvres. Ses effets, son processus sont déroutants. On ne voit d'elle que des employés subalternes ; les grands ne sont qu'évoqués. On a l'impression que cette justice ne rime à rien, elle semble absurde. [...]
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