Madame/ Monsieur le Président, mesdames et messieurs les assesseurs, je suis Maître X, venant aux intérêts de l'association "Laissez vivre nos morts !" dans le présent litige qui l'oppose à Madame Jeanne Cérien en réparation de l'atteinte à la dignité humaine.
Je commencerai par vous relater les faits importants, Mesdames et Messieurs les magistrats, pour ensuite concentrer à justifier le préjudice subis par mes clients du fait des agissements de Madame Jeanne Cérien.
La période avant la naissance et celle après la mort ont une chose en commun : l'être humain doit y être une chose digne de respect.
Les faits de l'espèce qui nous réunit aujourd'hui sont très simples. Monsieur Guy Luiguili était un maître de conférence certes reconnu de l'université de la ville de Paupau mais quelques peu extravagant. Il avait à cœur de défendre ses principes et ses idées et c'est une qualité louable chez un homme mais il est allé trop loin dans l'opposition contre le projet de réforme du droit de la responsabilité civile.
[...] Jusqu'ici tout va bien. Mais malheureusement, Monsieur Luiguili est décédé en plein cours en mai 2018. C'est alors que sa veuve, la très jeune Madame Jeanne Cérien, qui était également son étudiante de licence, a décidé de faire exposer la peau du ventre de son défunt mari, dans un musée de droit de Paupau, faisant payer cinq euros à chaque visiteur qui déciderait d'admirer le tatouage relatant l'article 1240 du Code civil. C'est pourquoi l'association Laissez vivre nos morts a décidé d'assigner Madame Cérien en réparation du préjudice d'atteinte à la dignité humaine. [...]
[...] Vous trouverez la décision en pièce 9 de mon dossier de plaidoirie. Dans cette affaire, une exposition organisée par la société Encore Events, intitulée "Our body à corps ouverts" montrait dix-sept cadavres et leur autonomie dans un espace dédié à Paris. Attaquée par deux associations de défense des morts et cadavres, cette exposition a été interdite par le juge des référés qui a jugé qu'elle représentait une "atteinte illicite au corps humain, que les découpages des dépouilles proposés ainsi que les colorations arbitraires et les mises en scènes manquaient de décence. [...]
[...] Tout son travail est bafoué par des agissements tels que ceux de Madame Jeanne Cérien. Ma cliente subi donc un préjudice qu'il vous faut réparer. Bien-sûr, j'entends déjà la partie adverse soutenir que les dernières volontés de Monsieur Guy Luiguili était de voir son tatouage exposé dans un musée et qu'exaucer les dernières volontés d'un défunt c'est une forme de respect. Dans un premier temps, je répondrai : très bien, mais où sont ces fameuses dernières volontés ? Est-ce qu'un jour Monsieur Guy Luiguili a écrit quelque part qu'il souhaitait voir la peau de son ventre exposé dans un musée ? [...]
[...] Les faits de l'espèce qui nous réunit aujourd'hui sont très simples. Monsieur Guy Luiguili était un maître de conférence certes reconnu de l'université de la ville de Paupau mais quelques peu extravagant. Il avait à cœur de défendre ses principes et ses idées et c'est une qualité louable chez un homme mais il est allé trop loin dans l'opposition contre le projet de réforme du droit de la responsabilité civile. En effet, Monsieur Luiguili était totalement opposé à ce projet de réforme. [...]
[...] Il est clair que non. Le cadavre doit reposer en paix, dans son entièreté, son intégralité et ne peut être découpé puis exposé tel un vulgaire morceau de volaille dans la vitrine de la boucherie de la ville. En conséquence, l'association Laissez vivre nos morts demande au Tribunal de Céans d'ordonner le retrait de l'exposition de la peau du défunt Monsieur Guy Luiguili et de condamner Madame Jeanne Cérien à la somme de 1.500 euros en raison du préjudice subi par la demanderesse, ainsi qu'à la somme de 1.000 euros au titre de l'article 700 du Code de procédure civile et aux entiers dépens. [...]
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