Il s'agit d'une dissertation sur le sujet : Est-ce que les animaux peuvent-ils être des citoyens?
Au début de son livre « Les politiques », Aristote écrit que l'être humain est un animal politique, un « zoon politikon ». Mais qu'en est-il des animaux en général? Si les animaux non-humains ne sont pas des animaux politiques au sens où ils ne vivent pas en communauté organisée autour de règles institutionnalisées, peut-on penser que les animaux puissent être des sujets politiques? Cela nous amène à savoir si les animaux peuvent être des sujets moraux envers lesquels on aurait des devoirs, que d'agir d'une certaine manière envers les animaux puisse être pensé comme bon ou mauvais? On est d'abord là dans la sphère de l'éthique animale. L'éthique animale est devenue depuis quelques années un sujet largement débattu dans la sphère publique, les conditions animales dans les élevages, les cirques, les zoos, etc, n'en finissent de poser des questions morales chez beaucoup de monde. Est-il moralement acceptable d'utiliser les animaux pour notre profit? Pour se nourrir, se divertir? Pour le simple profil que cet animal particulier qu'est l'être humain? Si on a affaire là à des questions morales, on a aussi affaire à des questions politiques.
[...] Mais ce type d'activité pour les animaux ne doit pas occuper tout leur emploi du temps si l'on peut dire. Les relations politiques avec les animaux peuvent donc être pensées comme étant avantageuses pour à la fois les animaux mais aussi pour les humains. L'idée étant donc de trouver le bon équilibre. Depuis sa parution, l'ouvrage de Kymlicka et Donaldson a permis de relancer sur de nouvelles bases le débat autour de notre relation avec les animaux, au-delà donc des questions de morale ou encore des droits des animaux pensés seulement comme des droits à ne pas souffrir. [...]
[...] En poursuivant l'argumentation, favoriser également les intérêts d'un animal non humain et ceux d'un humain peut impliquer dans une perspective utilitariste qu'il peut être moralement acceptable de sauver la vie d'un chien ou d'une vache plutôt que celle d'un humain qui aurait les mêmes capacités cognitives parce qu'il est soit handicapé mental, sénile, nouveau-né, etc. C'est ce qu'on appelle l'argument des cas marginaux. Cet argument montre dans le cas qui nous occupe qu'on doit considérer de manière égale les animaux et les humains puisque ce qui pourrait les différencier : le langage, la conscience de soi, l'intelligence, peut ne pas se trouver dans certains cas minoritaires humains, à la marge donc. [...]
[...] N'y aurait-il pas quelque chose de plus chez les animaux qui nous pousse à agir moralement envers eux? Pour Tom Regan, auteur du livre « Les Droits des animaux », il faut favoriser la condition des êtres vivants quand ceux-ci sont des « sujets-d'une-vie », que leur vie leur importe, qu'ils sont capables de ressentir des choses, d'avoir des préférences, etc. Par exemple, un chat peut préférer manger certaines croquettes plutôt que d'autres, un singe peut ressentir de la jalousie, de l'affection, du désir, bref . [...]
[...] Mais Rowlands ajoute à cette idée qu'une caractéristique n'est pas méritée si celui qui la possède n'a pas fourni d'efforts pour l'obtenir. En ce sens, on ne peut pas dire que posséder une certaine rationalité soit méritante puisque celle-ci est innée pour ceux qui la possède, les humains par exemple. Dans la position originelle, on ne peut pas savoir si on aura cette rationalité ou non. Il faut donc étendre les principes de justice aux êtres vivants non rationnels, et donc aux animaux non humains. [...]
[...] C'est l'égale considération des intérêts et cohérence morale. On trouverait absurde d'accorder le droit de vote aux bébés humains autant qu'aux poules ou aux vaches, pourtant on jugera moralement plus acceptable de faire souffrir une poule plutôt qu'un bébé. Ce jugement moral serait selon Stinger un jugement spéciste. Malgré toute son argumentation, Stinger ne considère pas qu'il faille introduire des droits pour les animaux ou qu'il faille cesser toute exploitation animale. Pour lui, seule la considération morale et égale des intérêts suffit. [...]
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