Ce cours traite des fondements des démocraties modernes. Il se compose d'une introduction et de deux parties. La première partie aborde les démocraties libérales en mettant en avant leur fondement humain et leur opposition à l'absolutisme, ainsi que l'institutionnalisation d'un régime de libertés. La deuxième partie traite des démocraties représentatives, en se concentrant sur le choix de la représentation, les principes du gouvernement représentatif et les insatisfactions et inquiétudes qui les fragilisent.
[...] De même, pour Sieyès, la représentation n'est pas un substitut imparfait de la démocratie directe, mais une forme de gouvernement différente et préférable parce qu'adaptée aux sociétés commerçantes où les individus souhaitent d'abord s'investir dans la sphère privée. Représentation et gouvernement représentatif Toute représentation, stricto sensu, toute désignation d'un ou plusieurs représentants, ne conduit pas à la e forme particulière qu'en proposent les gouvernements représentatifs institués à partir du 18 siècle. Le principe représentatif sur lequel ils se construisent s'inscrit entre deux conceptions radicales de la représentation. [...]
[...] Cette intégration passe par une transposition des conflits sur la scène politique où l'on s'affrontera avec des mots plutôt qu'avec des armes. Mais cette intégration et cette pacification ne sont possibles qu'à la condition que tous les citoyens aient accès à l'arène où se déroule l'affrontement des opinions 10 Isaiah Berlin, “Deux conceptions de la liberté”, dans Isaiah Berlin, Eloge de la liberté, Paris, Calmann-Lévy p.167- Cité dans Jacques Chevallier, L'État de droit, Paris, Montchrestien/Clefs [1992], p politiques. Elles supposent donc la liberté de la compétition politique, qui elle-même suppose que soient garanties la légalité des élections, la liberté de se réunir, de se porter candidat, de s'organiser en parti politique, de manifester, etc. [...]
[...] A l'opposé, le principe de la représentation est aussi au centre de la conception hobbesienne du pouvoir absolu. Le souverain, institué par le contrat social, est le représentant des contractants, chargé de mettre en œuvre leur volonté et de défendre l'intérêt du corps social. Mais, dans l'acte même qui institue et habilite le représentant, les représentés renoncent à leur capacité à s'exprimer hors de lui. Dès lors qu'il est institué, le souverain est réputé représenter les gouvernés, voulant, parlant et agissant pour eux, sans que cette qualité ne soit jamais soumise à réexamen. [...]
[...] Ce qui n'ôte rien à sa portée critique et ne doit pas conduire à récuser les reproches qu'il adresse au système représentatif, mais invite, en revanche, à en rappeler certains traits qui, au regard des exigences actuelles des opinions publiques démocratiques, paraissent non seulement inacceptables, mais aussi, paradoxalement, peu “démocratique”18 : Une citoyenneté restreinte aux seuls citoyens libres, c'est-à-dire excluant les femmes (confinées dans la sphère domestique), les esclaves (de loin les plus nombreux) et les métèques (les étrangers libres, nombreux et résidant parfois de manière permanente dans la cité). Au total on estime que seuls 10% des habitants d'Athènes bénéficiaient des droits politiques. [...]
[...] Pourquoi se déplacer et abandonner ses affaires (la majorité des citoyens était composée d'artisans, de commerçants et de cultivateurs), pour régler des 18 Cf. Moses I. Finley, L'Invention de la politique, op. cit. et Jacqueline de Romilly, Problèmes de la démocratie grecque, Paris, Hermann Ceci ne devant évidemment pas conduire à sous-estimer la richesse et la portée proprement révolutionnaire de l'invention démocratique athénienne, ainsi que le rappelle Cornelius Castoriadis, “La démocratie athénienne : fausses et vraies questions”, dans Cornelius Castoriadis, op. cit., p.191- e questions routinières ou jugées peu importantes ? [...]
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