Inscrit avec la liberté et la fraternité au fronton de nos bâtiments publics, le concept d'égalité donne le sentiment d'une familiarité. Mais avons-nous une idée claire de sa définition moderne ? Quant aux conflits, viennent immédiatement à l'esprit celui entre égalité juridique formelle et inégalité matérielle, mais aussi, avec moins d'évidence celui entre l'aspiration simultanée des individus à la similitude et à la spécificité. Autant dire qu'au travers de l'idée d'égalité se focalisent les promesses et les déceptions de la modernité
[...] Les conceptions aggrégatives tel l'utilitarisme classique de Stuart Mill visent à maximiser un index global : les avantages doivent être alloués de manière à améliorer le niveau de performance global, et comme il existe une grande différence entre les individus concernant leur capacité de jouissance et le niveau de performance. Il y a donc d'importantes inégalités. De même la volonté d'égalité des chances de Ricardo et Stuart Mill n'est pas en contradiction ni avec de fortes inégalités de revenus, ni avec de considérables inégalités de bien-être. Cette corrélation entre revenus et effort peut atténuer considérablement les problèmes de motivation et d'efficacité. Mais cela implique une imposition de 100% sur les legs et rentes. Mais de fortes disparités ne risquent-elles pas de remettre en cause l'équilibre social ? [...]
[...] les inégalités liées au territoire Le principe d'égalité a une dimension spatiale importante. En effet, il s'applique uniformément sur l'ensemble du territoire de la République. Cependant, la géographie de la France ne permet pas de traiter à l'identique toutes les parties du territoire et donc toutes les personnes qui l'occupent. Il existe ainsi des discriminations positives qui pallient les retards de certaines régions. ex : retard économique : Limousin, Auvergne en infrastructures : Ariège, Gers social : Lorraine crise structurelle Ces instruments de régulation servent à favoriser une égalité réelle ? [...]
[...] La principale difficulté demeure celle de leur application concrète dans la diversité des contextes sociaux et politiques. C'est alors sur le trajet de l'effectuation qu'il faut pouvoir répondre aux objections de type hégélien contre l'universalisme abstrait. Au plan de la réflexion sur l'identité, l'on passe de la formation de soi-même à la vie partagée. Ici, le sujet se constitue en relation avec autrui découvert comme un égal : il a croisé d'autres existences et partagé un espace social tissé de trajectoires entremêlées dont l'estime réciproque est le ciment. [...]
[...] Telle est la nature de l'équitable, être un correctif de la loi, là où la loi a manqué de statuer à cause de sa généralité écrit Aristote dans l'Ethique à Nicomaque. Il y définit comme juste ce qui est conforme à l'égalité. Aux justices distributive et commutative s'ajoute la justice correctrice. Les Athéniens ajoutent en effet l'idée d'une égalité sociale (isotès) par une fiscalité redistributive : la misthophorie est une indemnité versée pour favoriser la participation à la vie publique ou une aide aux indigents. Se mêlent donc égalité arithmétique et égalité géométrique (suivant les mérites et les devoirs) : le citoyen le plus favorisé doit davantage d'impôts. [...]
[...] L'égalité en droits ne garantit en rien l'égalité de fait et une conception trop stricte de l'égalité peut s'avérer injuste au vu des divers mérites de chacun. Tocqueville y ajoute des dangers pour la démocratie : la tyrannie de la majorité, le liberticide, l'hyper-individualisme et des gouvernants médiocres. Aussi en est-on arrivé à justifier l'inégalité. Marx enfin constate les structures inégalitaires de la société réelle et en appelle à la suppression des différences de situation matérielle entre les individus. Mais on sacrifie alors la liberté pour aboutir au totalitarisme. On a alors un retour en force des justifications radicales de l'inégalité. [...]
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