Fiche de lecture, "Faire valoir ses droits au quotidien. Les services publics dans les quartiers populaires." - Y. Siblot

Thèmes abordés

Faire valoir, droits, quotidien, services publics, quartiers populaires, Y. Siblot

Résumé du document

En s'attelant à la tâche d'analyser le rapport qu'entretiennent les classes populaires vivant aux services publics de la ville de Cheny (intitulée de la sorte par soucis de préserver l'anonymat des enquêtés), l'auteur espère « réaliser une jonction entre sociologie des classes populaires, sociologie des employés subalternes du public, et sociologie des réformes des institutions publiques ». Elle définit les classes populaires dans une acceptation large en tant « qu'ensemble des groupes sociaux caractérisés par leur position dominée - économiquement, culturellement et symboliquement -, par leurs faibles chances d'améliorer leur destin social, ainsi que par des traits communs en termes de modes de vie, des « formes de séparation culturelle ». Elle insiste par ailleurs sur le caractère homogène des classes populaires, ce qui ne l'empêche pas de les mettre en relation avec des ménages dont le statut se rapprocherait plutôt des classes moyennes.
Y. Siblot s'est concentrée en particulier sur trois institutions : elle étudie les pratiques ayant lieu au sein d'un bureau de poste, de la mairie et du centre social de Cheny. Pour ce faire, elle combine trois niveau d'analyse.
Il s'agit en premier lieu de cerner les pratiques et attitudes des habitants à l'égard des administrations, en particulier en ce qui concerne le rapport à la « paperasse » . Ensuite, l'auteur s'attache à expliciter la manière dont les employés des services publics interagissent entre-eux et avec les habitants des quartiers. Enfin, elle traite des politiques visant à réformer les trois institutions étudiées et de l'effet qu'elles ont pour les agents et les habitants.
La méthode employée est assez difficile à cibler. L'auteur parle de « travail de terrain intense » entre-coupé de « phases où les contacts avec les enquêtes étaient plus intermittents » . Il s'agit bien évidemment d'entretiens sociologiques réalisé sur une échelle de temps assez longue (trois ans). Pourtant, elle a aussi recours à des données empiriques de seconde main, qu'il s'agisse d'études statistiques ou de thèses déjà traitées dans des ouvrages antérieurs. Selon Yasmine Siblot, son enquête comporte plusieurs dimensions ainsi qu'un glissement de l'analyse permis par « la pratique d'enquête ethnographique adoptée, fondée sur une insertion personnelle prolongée dans un milieu d'interconnaissance directe » . Méthodiquement toujours, dans son rapport à l'étude des agents du service public en poste aux guichets, l'auteur s'inscrit aussi dans le mouvement des « gender studies » . Elle légitime son approche globale de l'objet sociologique grâce aux outils conceptuels de quatre auteurs : la nécessité de « penser combinaisons » selon Howard Becker, celle de raisonner par « alternance » pour Claude Grignon et Jean Claude Passeron, sans oublier de « prendre en compte les ‘ petites différences ‘ » selon Richard Hoggart.

Extraits

[...] Cela étant, le sentiment de domination sociale ressenti par les habitants des quartiers trouve une atténuation dans le fait qu'au fur et à mesure qu'on les fréquente, et plus on les fréquente, les institutions administratives deviennent familière. Pourtant, cet avantage se voit partiellement remis en cause par les politiques de modernisations du service public, en particulier dans les Zones Urbaines Sensisbles, dont Cheny fait partie. En ce qui concerne la Poste, celle-ci combine deux approches. Pour les populations plus aisées elle se considère comme un service commercial qui cherche à diffuser ses produits les plus rentables. Il s'agit de mettre en place des normes comportementales visant à redorer le blason du service public. [...]

[...] Le fait d'utiliser trois types d'outils conceptuels tous entre-croisés au fil de l'analyse rendre le livre assez difficile à cerner (elle le reconnait elle même). Ces va-et-vient conceptuels entre les différentes approches font que l'on a du mal à suivre le fil de sa pensée, et le lecteur peut l'impression de se sentir perdu au milieu d'une tempête de concepts et de référence. Par ailleurs, à vouloir trop analyser toutes les dimensions du rapport qu'entretiennent les différents objets entre eux, il me semble qu'elle jette un flou non négligeable sur l'étude. [...]

[...] Les services publics dans les quartiers populaires. En s'attelant à la tâche d'analyser le rapport qu'entretiennent les classes populaires vivant aux services publics de la ville de Cheny (intitulée de la sorte par soucis de préserver l'anonymat des enquêtés), l'auteur espère réaliser une jonction entre sociologie des classes populaires, sociologie des employés subalternes du public, et sociologie des réformes des institutions publiques Elle définit les classes populaires dans une acceptation large en tant qu'ensemble des groupes sociaux caractérisés par leur position dominée - économiquement, culturellement et symboliquement par leurs faibles chances d'améliorer leur destin social, ainsi que par des traits communs en termes de modes de vie, des formes de séparation culturelle Elle insiste par ailleurs sur le caractère homogène des classes populaires, ce qui ne l'empêche pas de les mettre en relation avec des ménages dont le statut se rapprocherait plutôt des classes moyennes. [...]

[...] Siblot, soit un tiers du livre, c'est à dire une quantité non négligeable. Il est évident qu'une étude aussi dense et poussée ne peut passer de références mais leur nombre aussi important pourrait laisser penser que le seul mérite de l'auteur a été de mener à bien ses entretiens. [...]

[...] Les familles populaires stables entretiendrait un rapport distancié aux services publics, ne se considérant pas comme de bons clients pour l'étude, et mettant en avant le fait de ne pas rencontrer de difficulté particulière lorsqu'il s'agit de se confronter aux administrations. Il existe ensuite des familles dites populaires stables soumises à de fortes contraintes Néanmoins, elles entretiennent un rapport positif aux institutions. Ce n'est pas le cas des familles stables en voie de déstabilisation pour qui le sentiment de dépossession est déterminant dans leur rapport aux services publics. [...]