Pour réduire le chômage, innover et accélérer sa croissance, la France a besoin d'entrepreneurs capables de créer de nouvelles entreprises d'une part et de développer les entreprises qui existent d'autre part. Or tout le monde s'accorde à dire qu'entreprendre dépend en grande partie d'une culture, d'un état d'esprit, d'une éducation reçue dans son jeune âge. L'enseignement de l'entrepreneuriat et la formation des entrepreneurs apparaissent dès lors comme étant des points clés du développement de l'esprit d'entreprendre en France.
La promotion de valeurs, d'aptitudes et d'attitudes entrepreneuriales à tous les niveaux d'enseignement mériterait d'être considérée comme l'une des priorités stratégiques pour notre pays dans les années qui viennent. Il faudrait intégrer l'esprit d'entreprendre comme l'une des compétences de base à acquérir dans tout programme de formation, quel qu'il soit. Dès lors, notre système éducatif dans son ensemble devrait accepter de jouer un rôle plus important dans l'éveil des jeunes à l'entrepreneuriat, ce qui passe par la mise en place de stratégies de sensibilisation, d'information et d'accompagnement des futurs entrepreneurs.
Pour autant, apprendre à créer, à reprendre ou à gérer une entreprise ne constitue que l'une des facettes de la démarche entrepreneuriale, qu'il convient d'aborder au sens large dans le cadre du système éducatif français. Les compétences et attitudes entrepreneuriales constituent, au-delà d'un contexte purement professionnel, un atout pour l'ensemble de la société et un moyen de favoriser l'épanouissement individuel des jeunes. L'apprentissage de l'esprit d'entreprendre implique en effet le développement ou la redécouverte de qualités personnelles, telles que la créativité, l'autonomie ou encore le sens des responsabilités, utiles dans la vie de tous les jours et dans n'importe quelle activité.
Dans ce contexte, l'objectif du rapport a consisté à mettre en avant des mesures concrètes et innovantes dans le domaine de la formation, qui sont susceptibles d'encourager davantage d'étudiants et de jeunes diplômés à entreprendre, que ce soit à travers la création ou la reprise d'entreprises, mais également comme salarié associé au capital d'une PME, voire même comme intrapreneurs au sein d'une grande entreprise.
Les mesures techniques en faveur de la création et de la reprise d'entreprises se sont amplifiées et multipliées depuis dix ans, facilitant le passage à l'acte d'entreprendre.
A cet égard, la loi sur l'initiative économique de 2003, dite « loi Dutreil », a constitué une avancée majeure en :
-Simplifiant la vie du créateur et son installation (libre capital des Sarl, domiciliation du créateur),
-Adaptant la protection et les cotisations sociales au début d'activité (activités occasionnelles, cotisation unique pour le salarié créateur),
-Permettant aux salariés de franchir le pas plus aisément (formation, congé, clause d'exclusivité),
-Favorisant le financement des projets (apports au capital, taux d'usure, recours aux obligations).
Dans le même temps, les pouvoirs publics ont élargi la gamme des produits de financement et de garanties à l'intention des créateurs et repreneurs via Oséo.
L'arsenal des outils paraît aujourd'hui suffisamment étoffé, au regard du niveau historiquement élevé des créations d'entreprises depuis 2003. Pourtant, force est de constater que le flux des entreprises créées par les jeunes diplômés reste relativement limité. Selon une étude de l'APCE réalisée en août 2005 et qui portait sur l'entrepreneuriat étudiant, 4% environ des créateurs d'entreprises passent directement du statut d'étudiant à celui de créateur. Ainsi, le nombre de créations d'entreprises nouvelles par des étudiants se situe entre 7.000 et 9.000 par an. Cette étude révèle que les jeunes de niveau bac+2 à bac+4 sont à l'origine de près de la moitié des entreprises créées par les étudiants (48%) et que les bac+5 et au delà ne représentent qu'une très faible part avec seulement 1,5% pour les ingénieurs et 3,3% pour les managers. Il semble que plus on fait d'études, plus on en sait (ou croit savoir) sur la complexité des entreprises, des relations du travail, de l'organisation, du management, moins on a envie de s'y frotter. Il y a là un paradoxe tout à fait significatif de notre pays. Pour les diplômés de l'enseignement supérieur, l'obtention d'un poste au sein d'une grande entreprise leur parait être une opportunité plus avantageuse au sortir de leurs études, tant en terme d'apprentissage d'un métier qu'en terme de rémunération, cette dernière étant plus sûre et immédiatement plus élevée. A ceci s'ajoute une forte aversion au risque, caractéristique de la société française, qui contribue à dévaloriser le statut de créateur d'entreprises et de dirigeant de PME.
Le fait que les individus les plus diplômés soient les moins attirés par la création d'entreprises est d'autant plus dommageable que les études montrent très clairement que les entreprises créées par des diplômés génèrent davantage d'emplois que celles qui sont créées par des non diplômés.
Pour convaincre les étudiants diplômés de créer, voire de reprendre une entreprise, plutôt que d'opter pour la voie du salariat classique, il semble nécessaire d'agir simultanément sur trois leviers :
-Diminuer les freins culturels qui sous valorisent le statut d'entrepreneur, notamment à travers une promotion active et positive de l'entrepreneuriat,
-Diminuer le risque perçu, par une meilleure préparation des étudiants à la création et à la reprise d'entreprises,
-Réduire les inconvénients matériels immédiats qui sont induits par la création d'une entreprise en mettant en place une politique fiscale et sociale adaptée.
On pourrait légitimement penser que si le système éducatif français dans son ensemble intégrait davantage et plus en amont des études la dimension entrepreneuriale, l'aversion au risque diminuerait, le statut de créateur d'entreprises et de dirigeant de PME serait revalorisé et l'esprit d'entreprendre se développerait chez les jeunes ; d'autant que beaucoup détiennent « la fibre entrepreneuriale », la plupart du temps sans le savoir.
[...] Etape 1 : sensibilisation et détection Il s'agit ici, durant la ou les deux premières années de cursus, de multiplier les rencontres entre étudiants et entrepreneurs (ateliers métiers, tables rondes, ) et d'organiser des modules de cours, centrés sur les spécificités de la PME. L'objectif est de susciter des vocations et de confronter les convaincus et des convertis aux réalités du pilotage de PME ou de la création d'entreprises. Etape 2 : formation action A l'issue des premières années, une option ou une filière entrepreneur devrait exister dans l'ensemble des établissements. [...]
[...] Le rapport remis au ministre par Francis Bécard portait sur le renforcement des coopérations entre les structures d'appui à l'innovation et à la création d'entreprises, les écoles d'ingénieurs et les écoles de management. 23- Imposer comme un standard l'existence d'une structure d'accompagnement des créateurs d'entreprises dans l'ensemble des établissements d'enseignement supérieur Les étudiants porteurs de projets doivent pouvoir trouver au sein de leur établissement des moyens humains et techniques pour les accompagner dans l'aventure de la création. Au même titre qu'il existe une bibliothèque ou un centre informatique dans tous les établissements d'enseignement supérieur, on devrait systématiquement y trouver une structure d'accompagnement des créateurs d'entreprises. [...]
[...] Cette situation est caractéristique des situations auxquelles un entrepreneur est amené à faire face quotidiennement. - Promouvoir et valoriser la curiosité et l'ouverture au monde extérieur. Encourager les étudiants à s'intéresser aux autres, à leurs désirs latents ainsi qu'à leurs besoins. Ceci constitue une des principales caractéristiques de l'entrepreneur. - Encourager le développement d'une vie étudiante qui laisse une part au jeu, à la fête, aux initiatives et à un certain désordre. Ce type d'ambiance est propice à l'entrepreneuriat, contrairement aux ambiances aseptisées. [...]
[...] Plus de 300 élèves y participent chaque année, - La CCI des Jeunes mise en place dans l'Académie de Montpellier, - Une Entreprise dans votre lycée organisée par l'Académie de Rennes. - Les mini entreprises : un exemple de sensibilisation à l'échelle européenne. Ce dispositif permet aux élèves de créer, à petite échelle, une activité économique réelle ou de reproduire de manière réaliste le fonctionnement de véritables entreprises. Aujourd'hui, toutes ces actions touchent principalement des élèves des lycées professionnels et technologiques préparant soit un CAP, un BEP ou un baccalauréat professionnel ou technologique. [...]
[...] De leur côté, les créateurs d'entreprises qui veulent se former au management d'une PME ont accès à peu de formations si on tient compte de leurs contraintes d'emploi du temps et de budget. Propositions Fédérer, coordonner et renforcer les actions actuellement mises en place par les organismes de formation pour améliorer leur efficacité et généraliser les bonnes initiatives Fédérer les structures qui contribuent au développement de l'enseignement de l'entrepreneuriat en France autour d'un projet commun d'envergure On peut identifier à ce jour au moins trois organismes qui contribuent à diffuser l'entrepreneuriat dans le système éducatif français : - L'Académie de l'Entrepreneuriat (www.entrepreneuriat.com), créée en 1998, qui réunit les enseignants chercheurs francophones spécialisés dans le champ. [...]
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