Personnage central du roman, Malassise n'en demeure pas moins énigmatique. Nous tenterons donc de cerner cet esprit fourbe et agile qui élève la négociation au rang d'un art fait de joutes verbales et de circonvolutions de la pensée. L'étude de ce personnage à qui la négociation confère manifestement de véritables jouissances intellectuelles nous semble capitale pour tenter de saisir l'essence de la négociation.
[...] Le principe d'une cession de villes étant acquis, son but est d'en céder le moins possible car ces villes sont autant de points d'encrage d'une religion qui demeure un ennemi de l'Etat. Le chiffre de quatre ayant été avancé, il va tenter de le limiter à trois en faisant mine d'accorder à la cession des deux villes déjà acquises dans les faits aux huguenots un prix élevé dont il cherchera à obtenir une contrepartie dans la suite de la négociation. [...]
[...] Walder (Francis), Saint Germain ou la négociation I. Introduction Personnage central du roman, Malassise n'en demeure pas moins énigmatique. Nous tenterons donc de cerner cet esprit fourbe et agile qui élève la négociation au rang d'un art fait de joutes verbales et de circonvolutions de la pensée. L'étude de ce personnage à qui la négociation confère manifestement de véritables jouissances intellectuelles nous semble capitale pour tenter de saisir l'essence de la négociation. II. Psychologie de Henri de Malassise 1. Un expert de la négociation Henri de Malassise maîtrise et met en œuvre avec talent toutes les techniques de la négociation : Le bilan : en concédant les quatre villes il crée une culpabilité qui lui permet de demander des contreparties (limitation temporelle). [...]
[...] Le découpage : il isole dès le début de la négociation ses différentes parties et définit leur champs. Ainsi commence-t-il par exclure toute dimension symbolique de la négociation pour s'en tenir aux faits. L'articulation : il lie le sort des différentes villes lors de l'introduction du raisonnement temporel dans la cession des quatre villes. Le retrait systématique : il utilise souvent cette technique qui consiste à se battre durement sur une position très attaquée qu'il finit par abandonner pour obtenir une importante contrepartie. [...]
[...] C'est là probablement une erreur pour le camp catholique mais cela correspond à sa volonté de faire durer une négociation qui allait s'achever. On voit bien que Malassise est d'abord centré vers l'achèvement de ses propres desseins –faire durer une négociation qui constitue sa vraie raison d'être et dans laquelle il s'épanouit- en donnant sa pleine mesure de stratège dans un combat d'intelligences qu'il domine. L'intérêt de son camp ne présente in fine que peu d'intérêt à ses yeux. L'exaltation des revirements chiasmatiques prime sur la réalité d'une négociation qu'il ne semble aborder que comme un jeu abstrait sans enjeu réel. [...]
[...] S'agissait-il vraiment d'une erreur ? En fait, Malassise n'est que trop conscient du déséquilibre auquel son coup de maître a mené les négociations : l'accord envisagé ne prévoit que trois villes au lieu des quatre évoquées au départ. Cette conscience d'un succès trop éclatant fait naître un sentiment de culpabilité remarquablement bien exploité par d'Ublé mais qui nous laisse penser que les négociations ne pouvaient s'arrêter là car la balance penchait trop ostensiblement dans le camp catholique. Paradoxalement affaibli par son éclatante victoire, il nous livre lui même qu'une négociation ne peut s'achever sur un déséquilibre aussi flagrant. [...]
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