Les grandes affaires financières (Enron, Vivendi…), mais aussi les grands succès de montages et d'ingénieries financières, ont mis, ces dernières années, la finance et plus encore la création de valeur, au coeur des réflexions stratégiques d'entreprise. Piloter l'entreprise par la valeur est une question à champs théoriques multiples. Sont tout à la fois mobilisés le corpus théorique financier, les bases du management stratégique, et d'autres disciplines de gestion connexes qui contribuent à comprendre l'origine de la valeur d'entreprise et ses mesures.
La valeur est un concept polysémique, omniprésent en sciences de gestion mais largement éclaté (Bréchet et Desreumaux, 1998). Le thème de la valeur suscite depuis plusieurs années une inspiration qui se traduit par une abondance des publications qui lui sont consacrées et un accroissement des programmes de formation/sensibilisation pour les dirigeants. Malgré cela, cet intérêt ne doit pas cacher les origines anciennes du concept. La notion de valeur est présente dans tous les domaines de la gestion, essentiellement en comptabilité de gestion. Cependant, cette dernière se présente comme incomplète car elle privilégie la maîtrise de la gestion des facteurs-clés de l'équilibre financier au détriment de celle des facteurs-clés de la compétitivité.
Le management par la valeur consiste le plus souvent à rendre cohérente la stratégie d'entreprise avec les attentes de l'actionnaire. Basé sur quelques principes et méthodes développés en théorie financière et réutilisable en management stratégique pour éclairer les décisions d'investissement et de financement, le pilotage par la valeur tend à proposer des solutions pour déterminer la valeur d'une entreprise avec le point de vue de l'actionnaire. Globalement, il s'agit de proposer une méthode et des critères pour éclairer les choix stratégiques et définir le processus de gestion de la valeur. Cette approche a donné réflexion à de nombreuses analyses portant sur la définition de la structure d'endettement, la politique d'investissement, l'allocation du capital entre différentes filiales de groupes...
[...] Cette approche d'orientation interne inclut une logique de pensée qui conduit à la réapparition d'un cadre théorique fondé sur l'étude de la valorisation des ressources internes. L'entreprise est un unique confluent de ressources et de capacités hétérogènes, qui pilotent les bases de son avantage concurrentiel et de sa rentabilité. Ces ressources peuvent être visualisées comme tangibles (usine, matériels, terrains et ressources naturelles, matières premières, etc.) et, comme intangible (la réputation de l'entreprise, la culture, les marques déposées, les droits de progiciels, les réseaux personnels et organisationnels). [...]
[...] Vers une approche dynamique du pilotage par la Valeur Selon la théorie financière, il y a création de valeur lorsque la rentabilité générée par l'entreprise dépasse le coût d'opportunité des bailleurs de fonds. Néanmoins, en raison d'intérêts divergents et en présence d'asymétrie d'informations, les dirigeants peuvent être incités à détruire la valeur pour l'actionnaire et à ne pas exploiter l'intégralité du potentiel de création de valeur à leur disposition. Si on adopte cette approche financière de la création de valeur, l'enjeu essentiel est d'éviter la destruction de valeur ou la sous-exploitation d'un ensemble d'opportunités préexistantes et objectivement connues par tous. [...]
[...] Sont stratégiques les processus qui modifient les conditions d'insertion de la firme dans son environnement et qui lui procurent des avantages concurrentiels solides. L'analyse préalable permet de mettre en évidence les grandes problématiques de création de valeur de l'entreprise. Cette analyse s'accompagne d'un diagnostic des processus clefs de la création de valeur dans l'entreprise. L'intérêt majeur est d'identifier des hypothèses d'amélioration rapide de la valeur de l'entreprise (réorientation stratégique, cessions ou acquisitions d'activités, politique financière . sa protection et son exploitation. [...]
[...] (1998a), Le thème de la valeur en sciences de gestion : représentations et paradoxes, in Valeur, marché et organisation, Actes des XIVèmes Journées nationales des IAE, tome Nantes, avril. Burgelman R.A. (1994), Fading memories: a process theory of strategic business exit in dynamic environments, Administrative Science Quarterly, vol mars, p24- 56. Charreaux G., et Desbrières P. (1998), Gouvernance des entreprises : valeur partenariale contre valeur actionnariale, Revue Finance-Contrôle-Stratégie, vol.1, juin, p57-88. Chen M.J. (1996), Competitor analysis and interfirm rivalry: toward a theoretical integration, The Academy of Management Review p100-134. Cherif M., et Dubreuille S. [...]
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