Les problèmes actuels que connaît Airbus traduisent les difficultés à mettre en place une organisation efficace qui réponde à l'introduction d'un nouveau système de production. Des problèmes de pouvoir inhérents au gouvernement d'Airbus mais aussi des problèmes techniques liés à la séparation des sites de production ont eu pour conséquence un cumul des retards, une productivité moindre et des pertes importantes qui peuvent nuire à terme au programme de l'Airbus 380 et au groupe EADS. La performance que peut tirer une entreprise d'une innovation est donc fonction de ses capacités à intégrer les contraintes organisationnelles liées à cette innovation.
Il existe une interdépendance entre innovation et organisation. Comme le dit N. Alter dans son livre l'innovation ordinaire, « l'innovation se fait toujours, au moins momentanément, contre l'ordre, même si elle finit souvent par participer à une autre conception de l'ordre. ». C'est ce caractère dialogique de la relation qui sera au centre de notre problématique car il est indispensable à la performance alors qu'un lien univoque, de l'organisation pour innover, serait insuffisant et trop statique dès lors que les innovations portent à leur tour des déterminismes organisationnels.
Etudier cette relation entre innovation et organisation nécessite d'analyser quelles sont les formes d'organisation qui favorisent le processus d'innovation et dans une deuxième partie comment l'innovation transforme l'organisation.
[...] Woodward qui affirme que la structure de l'organisation est fonction de la technologie adoptée. Pour les auteurs comme Emery et Trist, les modifications d'organisation issues de l'introduction d'une nouvelle technologie doivent être effectuées dans un cadre participatif, sinon les salariés développent des comportements de résistances et le changement d'organisation n'est pas effectif. C'est aussi ce que constate Ph. Baumard dans l'organisation déconcertée lorsqu'il analyse l'introduction d'un nouveau système d'information dans une compagnie aérienne (Quantas) et constate que le système d'information traditionnel a non seulement pas été remis en cause mais les salariés n'utilisent pas la nouvelle technologie censée améliorer les conditions de l'accumulation de connaissances. [...]
[...] A Les changements organisationnels sont souvent issus de l'introduction de nouvelles méthodes ou de nouveaux procédés L'exemple des NTIC illustre ce lien entre innovation et organisation. Les NTIC permettent des transferts plus rapides moins coûteux et plus loin d'informations d'activité. L'entreprise peut externaliser davantage de services spécialisés de gestion à distance (infogérance, affacturage, télémaintenance, certification ) du fait de cette baisse des coûts de transaction avec les sociétés de service spécialisées, plus performantes que les services intégrés antérieurs. Les partenariats entre les entreprises se développent. [...]
[...] L'entreprise doit donc être ouverte sur son environnement. J. Schumpeter voit dans l'innovation un phénomène de destruction/créatrice. L'innovation est un vecteur de progrès économique qui élargit les débouchés, génère des emplois, fait évoluer les qualifications, est à l'origine de nouvelles pratiques organisationnelles qui permettent une augmentation de la productivité. Elle transforme les mentalités en modifiant les normes et les référentiels sociaux. Mais l'innovation est aussi à l'origine de la disparition de produits existants, peut donc faire disparaître des entreprises et des emplois, elle rend obsolètes certaines compétences et remet en cause les modes de régulation établis. [...]
[...] Ainsi, pour la théorie évolutionniste, la firme est un ensemble de routines qui résultent d'une accumulation de connaissances liées à l'expérience. L'impact de l'innovation sur l'entreprise et sur les marchés est différent en fonction du type d'innovation. Classification de William Abernathy : Les innovations architecturales : elles sont créatrices de nouvelles relations avec le marché et nécessitent l'acquisition de nouveaux savoir- faire. L'exemple du développement de la distribution de produits et de services sur Internet fait partie de ce type d'innovation. La stratégie menée par l'entreprise est souvent une stratégie d'alliance pour lui permettre d'acquérir rapidement les compétences nouvelles. [...]
[...] Williamson a mis en évidence l'arbitrage entre les coûts de coordination hiérarchiques et coûts de transactions. Les NTIC expliquent la baisse des coûts de transactions et le recours accru à la sous-traitance et à la co- traitance. Ainsi, le modèle de l'entreprise réseau met en place une nouvelle logique qui se situe entre la coordination par le marché et la coordination hiérarchique. Les NTIC Transforment le mode de coordination, la qualification et les compétences requises ce qui modifie l'organisation du travail, les modes de contrôle des salariés. [...]
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