L'objet de cet ouvrage, issu des travaux du sociologue François Dupuy, est de mettre en évidence le basculement d'une majorité de cadres moyens dans le camp de la contestation. Ce sociologue, enseignant et consultant renommé, qui est aussi l'auteur d'autres ouvrages tels que « le client et la bureaucratie », « l'alchimie du changement » ou encore « sociologie du changement », restitue cette évolution dans le cadre des mutations profondes du capitalisme contemporain.
François Dupuy insiste sur le changement radical du mode de fonctionnement des entreprises, soumises à l'impératif « d'hypercompétitivité » de la mondialisation. Pour survivre, les entreprises assouplissent de plus en plus leurs structures, ce qui engendre un flou des responsabilités fragilisant les cadres. En effet, ces changements organisationnels expliquent en grande partie le désarroi des cadres.
Ce « malaise » s'explique, de même, par des conditions de travail qui empirent et l'apparition du phénomène de déprotection. Les cadres doivent aujourd'hui faire face à de nombreuses contraintes. Leurs rapports et relations face aux différents acteurs de notre société ont aussi évolué, ce qui crée une pression permanente.
Finalement, les cadres ainsi que leurs statuts se banalisent. Le diagnostic de F.Dupuy soulève une nouvelle aggravation de la situation. En effet, celle-ci se traduit par la vulnérabilité individuelle de masse ainsi que par le renversement de la finalité de l'existence de l'entreprise. La principale cause de cette détérioration des conditions des cadres reste la mondialisation, qui a aussi eu pour effet de créer de nouvelles demandes (celles des actionnaires, des clients, etc.).
L'auteur analyse, dans cet ouvrage, les causes et effets de ces évolutions à travers quatre chapitres. Il met l'accent sur la baisse du taux de motivation, sur la déprotection des cadres ainsi que sur les errements du management. Il termine sur quelques propositions pour sortir de cette situation
[...] Finalement, les cadres sont laminés par les logiques combinées du client et de l'actionnaire, travaillant dans un univers de plus en plus contraints, ils sont et ils se vivent abandonnés par des dirigeants obsédés par le court terme (p73). Toutes ces évolutions ont conduit à un éclatement des entreprises, on parle aussi de dé-intégration ou d'entreprise anorexique pour reprendre les termes de l'auteur. Mais rappelons que tous cela est contextuel, il reste donc un espoir que la tendance s'inverse. En effet, sans doute, ce cycle s'arrêtera un jour. D'ailleurs, F.Dupuy a pu observer une légère réapparition des stratégies de croissance. Dans ces conditions, nous aurons toujours besoin des cadres. CHAPITRE IV : Que faire ? [...]
[...] Elles sont décrites comme claires, lisibles et protectrices, selon le personnel qui y travail. Elles sont protectrices contre la coopération. C'est cette coopération que le taylorisme cherche à évincer afin d'éliminer tout type de conflit. A. Les difficultés de la coopération Mais en quoi cette coopération est-elle une menace ou contrainte ? Elle est facteur de dépendance alors que nous recherchons tous l'autonomie. Néanmoins, l'absence de coopération se traduit obligatoirement par des défauts de fabrication, surcoûts ou encore accroissement des délais. [...]
[...] La bureaucratie protectrice Nous pouvons, de même, comprendre les vertus de la bureaucratie. Ce sont des organisations destinées à protéger leurs membres et non pas leurs clients. En effet, elles protègent, dans un premier temps, face aux aléas de la vie (au travers de CDI), face au client (puisque nous assistons à l'élimination de la responsabilité individuelle face au résultat), et face aux autres (aux pairs). Et c'est cette dernière protection qui semble la plus importante pour les cadres, c'est-à-dire le rapport aux autres, la nécessité de coopérer et finalement la dépendance. [...]
[...] La cause de ce phénomène semble venir de la quantification des sciences sociales. En effet, pour elles, la dimension collective est réduite à des mesures ou catégorisations. Et comme le dit F.Dupuy (p59) La substance quantitative abstraite l'a définitivement emporté sur le raisonnement Les disciplines du management ne sont plus bonnes qu'à modéliser et non plus à offrir des outils, des capacités de compréhension ou d'action. Ceci a eu deux conséquences graves ; répéter ces modèles sans vraiment y croire et décrédibiliser le management. [...]
[...] Cette fiche de lecture s'articule, de même, autour de ces quatre chapitres et nous conclurons sur un tableau récapitulatif des différentes évolutions qu'évoque F.Dupuy et leurs conséquences. CHAPITRE I : La baisse tendancielle du taux de motivation F.Dupuy démontre, dans un premier temps, que les différences entre salariés et cadres s'estompent. L'identité même des cadres s'est transformée et se fragilise. Le cadre ressemble de plus en plus à n'importe quel salarié. On remarque que l'intérêt ou la motivation des cadres dépendent du type d'organisation et aussi de l'intensité hiérarchique. [...]
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