La question de la flexibilité des conditions du facteur travail est devenu, au cours des dernières décennies, l'un des points clé et souvent bloquant des gains de compétitivité coûts du facteur travail dans les économies développées mais aussi de la problématique du chômage. En effet, les rigidités structurelles du marché du travail, ont rapidement posé la question des « insiders / ousiders », particulièrement en Belgique mais aussi en France, et qui suppose une plus grande exclusion des acteurs structurellement moins productifs (séniors et jeunes) et génère rapidement un taux de chômage élevé.
[...] Dans ce cadre, il semble intéressant de se demander, dans le détail, comment évolue la flexibilité des contrats de travail en Belgique depuis les années 80 ? Pour traiter de la question, le présent travail s'appuiera principalement sur trois travaux et notamment le chapitre de Tanguy Dulac et Nathalie Delobbe portant sur les relations entre les modes de gestion du capital humain, la relation d'emploi et les attitudes et comportements au travail, l'article de BéatriceVan Haeperen, Capitalisme humain et dualisme sur le marché du travail, ainsi que sur un article extrait de « reflexts et perspectives économiques » de 2005, nommé « Flexibilité des contrats et demande de travail en Belgique » par Benoit Mahy. [...]
[...] * Cependant, il convient de prendre en compte l'intégralité des externalités que suppose cette flexibilisation du contrat de travail en Belgique depuis les années 80 pour en mesurer toutes les perspectives. Ainsi, il apparaît que cette flexibilisation a eu des effets importants sur le niveau de motivation et de productivité des salariés. Ainsi, la mise en avant de la question de la relation d'emploi dans l'article de Tanguy Dulac et Nathalie Delobbe montre l'existence d'autres facteurs d'amélioration de la compétitivité coût du facteur travail en Belgique (et donc des salariés) que la flexibilité de leur statut. [...]
[...] Cependant, au regard des éléments indiqués dans les articles ici pris en compte, cette analyse pourrait être largement nuancée. En effet la réalité concrète de cet effet positif de la flexibilité offerte sur la durée des contrats de travail et notamment sur le nombre d'emplois disponibles mais aussi sur la propension des organisations à créer plus rapidement et plus facilement de nouveaux emplois n'est pas toujours perceptible, du moins en Belgique. C'est d'ailleurs la principale conclusion du travail de Benoit Mahy. [...]
[...] En effet l'ajustement des salaires aux chocs négatifs étant faible lorsque les salaires sont négociés uniquement par les "insiders", ces derniers disposent d'un capital humain plus élevé et d'une position privilégiée qui va naturellement se renforcer. Cependant, la mondialisation et la libéralisation généralisée des échanges ont modifié le poids des insiders qui doit être relativisé en tant qu'ils peuvent désormais plus facilement être affectés par le chômage. Parallèlement, les menaces par l'employeur de licenciement des insiders sont d'autant plus fortes que le taux de chômage est élevé. [...]
[...] A titre de conclusion, il est possible d'avancer que les contrats de travail en Europe, et particulièrement en Belgique, ont connu un processus de flexibilisation continu depuis la fin des années 80 que ce soit sur le plan quantitatif (durée du temps de travail) que qualitatif (protection offerte par le contrat de travail), les effets sur la création d'emploi de cette flexibilisation semblent, dans l'ensemble, modestes au regard des externalités négatives sur la productivité des salariés mais également le coût social de ces pratiques. A ce titre, un réinvestissement des fonctions propres aux ressources humaines dans la motivation au travail semble devoir être une piste nouvelle pour l'amélioration de la compétitivité coût du facteur travail face à une concurrence internationale toujours plus féroce. [...]
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