Le film Ressources Humaines dépeint une réalité double. C'est tout d'abord celle de la complexité des relations entre Franck, jeune stagiaire en Ressources Humaines, dynamique, plein d'entrain et victime d'illusions trompeuses sur le monde de l'entreprise, et son père, ouvrier spécialisé à la fois craintif et désabusé sur l'emploi qu'il occupe depuis sa jeunesse. Mais c'est aussi celle d'une entreprise où la mondialisation fait son œuvre, le pouvoir des actionnaires primant désormais sur les décisions managériales et la logique du profit prenant le pas sur la vision humaniste.
Frank se trouve rapidement tiraillé entre ses origines d'ouvrier et la position privilégiée qui lui est offert au sein de la fonction Ressources Humaines de l'usine de son père. Pétri de bonnes intentions, il tente de concilier les deux mondes en assurant leur bonne entente. Il organise ainsi une consultation des salariés au sujet de la Loi dite des 35 heures et s'investit tant que faire se peut dans les négociations avec les organisations syndicales. Il bute cependant sur l'antagonisme avéré des acteurs des deux camps incarnés par le Directeur des Ressources Humaines et par Madame Arnoux, représentante de la CGT.
La découverte du plan de licenciement prévu par la Direction et dont doit pâtir son père le fait finalement basculer du côté des ouvriers. Il déclenche alors la grève et participe activement à la révolte des salariés, sans que cela ne puisse pourtant sauver ni les emplois menacés, ni les relations entre père et fils.
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[...] Ce rejet de cette forme de démocratie directe traduit de façon idoine la crise traversée par le syndicalisme français dans son ensemble, une crise de légitimité, de représentativité. Le syndicat veut se poser comme le seul interlocuteur de la direction tout en veillant à s'assurer du contrôle de sa base en usant de la pratique du slogan et de l'effet de manche. Le blocage de l'usine est une victoire pour Madame Arnoux, une victoire de par son rôle d'étendard du piquet de grève mais cette victoire ne laissera que des effluves au parfum nauséabond tant l'on perçoit le caractère sans issue positive du conflit. [...]
[...] Par ailleurs, il est évident que le rôle des RH n'est pas le même que l'on soit dans une grande entreprise ayant les moyens et les ressources nécessaires pour mettre en œuvre de réelle politiques et pratiques de Ressources Humaines, ou dans une entreprise telle que celle présentée dans le film. Il est en effet probable que dans ce type de petite structure industrielle, la fonction RH se résume à la gestion de problématiques ponctuelles et relativement pragmatiques, sans chercher réellement à atteindre le progrès en la matière. [...]
[...] L'on sent poindre à ce titre dès les premières images du film toute la nécessité pour ses parents de permettre à Franck d'échapper à sa classe originelle, à l'usine, à la campagne sinistrée. Cette histoire illustre ainsi l'ambition de parents croyant en un système éducatif où la méritocratie est le gage d'une émancipation pour des enfants issus d'un milieu déterminé voire déterministe. Cette fiction est donc l'exemple d'une certaine persistance de l'existence de ce que l'on qualifie parfois d' ascenseur social . [...]
[...] Par ailleurs, sans faire montre d'une liberté interprétative par trop aigue l'on se doit de souligner combien le directeur semble, à l'image de ses salariés, traversé par une angoisse face aux impérieuses nécessités d'adaptation et de flexibilité qu'un management rude et virulent ne saurait cacher. Le rôle des syndicats L'analyse du rôle des syndicats dans cette fiction se résume à envisager le personnage de Madame Arnoux qui est la déléguée syndicale de la CGT. Elle est incontestablement l'un des personnages clefs de ce film et apparaît telle le pendant du Directeur de l'usine de par les joutes oratoires les opposant à l'occasion des comités d'entreprise. [...]
[...] Il bute cependant sur l'antagonisme avéré des acteurs des deux camps incarnés par le Directeur des Ressources Humaines et par Madame Arnoux, représentante de la CGT. La découverte du plan de licenciement prévu par la Direction et dont doit pâtir son père le fait finalement basculer du côté des ouvriers. Il déclenche alors la grève et participe activement à la révolte des salariés, sans que cela ne puisse pourtant sauver ni les emplois menacés, ni les relations entre père et fils L'image de la fonction Ressources Humaines au sein de la fiction L'image des ressources humaines offerte par la fiction de Laurent Cantet est incontestablement celle d'une fonction préposée, pour l'essentiel, à l'accomplissement de ce que d'aucuns qualifieraient de tâches de basses œuvres. [...]
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