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Le métier de consultant jouit d'un certain prestige et réunit une élite ayant pour vocation de faire le lien entre la stratégie et l'opérationnel. Nombreux sont ainsi les jeunes diplômés, notamment de grandes écoles, qui démarrent directement leur carrière en tant que consultants.
Pourtant, le conseil nécessite avant tout la bonne connaissance du monde de l'entreprise, afin d'être capable de saisir toutes les dimensions du problème posé. Dans ces conditions, est-il bon qu'un jeune consultant commence sa carrière sans réelle expérience de l'entreprise ? Comment acquiert-il les compétences de ses aînés qui ont l'expérience en plus ? Les jeunes sont-ils recherchés et ont-ils quelque chose à apporter ?
Avant de répondre à ces questions, il importe de distinguer les deux grands segments du métier du conseil. Celui-ci peut être d'ordre opérationnel, c'est-à-dire axé sur la technique et le terrain, ou stratégique, et donc plus global, plus conceptuel, et propre à donner de grandes orientations. Les attentes, les expertises et les méthodes étant différentes, l'expérience dont doit justifier le jeune consultant ne tiendra donc pas la même place selon les segments. Tour particulièrement, pour mieux comprendre l'état d'esprit des cabinets de conseil axés stratégie, je me suis entretenue avec Yves C., directeur général du cabinet W. et consultant en management.
A la lumière de ses propos, nous tenterons ainsi de montrer que l'expérience n'est peut-être pas un élément si crucial dans la détermination de la carrière d'un consultant, mais que la personnalité et les compétences y détiennent une place prépondérante. Dans les faits, les jeunes consultants peuvent ainsi être recherchés pour leurs capacités propres.
[...] Les spécialités techniques sont donc de plus en plus appréciées et peuvent faire la différence. Pour ce type de conseil, ouvert à bac+2 ou bac+3, les missions sont des missions terrain liées à l'expertise technique. L'expérience a donc réellement son rôle à jouer puisqu'il s'agit de reproduire des solutions et des méthodes. Le diplôme à cet égard n'est pas prépondérant, mais sera très valorisé s'il traduit une expertise pointue. C'est une nouvelle façon de considérer le métier de consultant, auquel on confère traditionnellement une connotation intellectuelle et une activité plutôt généraliste. [...]
[...] Le métier de consultant suppose ainsi une vision globale des choses, mais aussi des points de comparaison. Trouver des solutions suppose a priori d'étudier ses précédentes expériences et d'en tirer des leçons. Le consultant analyse la situation et se projette afin de prendre la meilleure décision. Il doit pouvoir imaginer les conséquences possibles et anticiper. Les questions qu'il peut alors se poser sont les suivantes. Les solutions déjà utilisées sont-elles reproductibles ? Quelles erreurs ont été commises ? Comment faire encore mieux ? [...]
[...] L'expérience : une condition sine qua non ? Une intégration qui peut s'avérer difficile, un manque d'expérience préjudiciable à la qualité du travail ? Comme tout débutant dans un milieu de travailleurs expérimentés, nous avons vu que le jeune consultant pouvait être assez mal perçu par ses collègues mais aussi par le client, notamment pour des raisons d'égo, puisque le débutant est censé préconiser des solutions à l'aîné expérimenté – ce qui peut d'ailleurs aller de pair avec un conflit de génération - mais également en raison de son simple manque d'expérience de l'entreprise. [...]
[...] Quel est le prix de l'intervention ? Pourquoi le choisir ? Le client réalise alors un benchmark des différentes propositions. Le CV du débutant ne fera donc pas la différence car il n'est pas seul sur la mission mais appartient au cabinet et applique ses méthodes, ses valeurs, en y ajoutant ses compétences personnelles. M. C. précise également que le relationnel tient une place extrêmement importante dans le monde du conseil, c'est donc le carnet d'adresses des associés qui va déterminer en grande partie la demande de missions. [...]
[...] C'est donc cela que l'on attend des jeunes : un état d'esprit, une soif d'apprendre. D'ailleurs, il précise que dans son cabinet, les recrutements de jeunes dépassent les besoins réels, ce qui montre la bonne volonté des cabinets vis-à-vis d'eux, bien qu'un grand nombre ne sera pas retenu. C'est la personnalité qui prime, l'esprit entrepreneurial dans sa dimension créative, même s'il faut également être capable de rentrer dans un moule. Les débutants apportent ainsi une certaine fraicheur d'esprit, un regard neuf, une nouvelle intelligence, mais ont aussi cette capacité à s'adapter à ce moule. [...]
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