Nous constatons que depuis deux décennies, les suicides, les karoshis, les dépressions dues au travail augmentent incroyablement. Comment expliquer ce phénomène ? Nous assistons, il est vrai, à un réel remaniement de l'organisation managérial qui n'a plus rien à voir avec le management des années 80. Avec la mondialisation, les entreprises doivent toujours être compétitives. Il faut donc produire au moindre coût. On embauche moins, mais on produit plus. Ce qui amène à une surcharge de travail tant du côté des ouvriers, des employés que du côté des cadres. Des économies se réalisent aussi dans le secteur public. Des postes dans les hôpitaux, dans l'éducation nationale, dans les administrations sont supprimés. Les départs en retraite, les absences des collègues ne sont pas remplacées, ce qui en résulte une dégradation des conditions de travail et une dégradation de la qualité du service. Les répercutions se traduisent par un manque de communication entre collègues, isolement donc, le chacun-pour-soi, seul(es) avec la surcharge de travail et leurs problèmes. Ceci aboutit à une fragilité de la santé physique et psychique du salarié. Les réactions de cette fragilisation prennent des formes différentes selon comment le salarié vit sa condition de travail et comment il résiste à celle-ci. Ces réactions peuvent être soit des dépressions, des névroses traumatiques et décompensation, le burn-out, le karoshi, et suicides.
[...] Puis s'installe la phase suivante qui est la décompensation avec ses bouffées délirantes, grave dépression, troubles psychosomatiques. Le patient fait des cauchemars intrusifs, c'est- à-dire qu'il voit la personne persécutrice apparaître subitement dans son rêve. Il ressasse en continu les évènements de la journée et les revit. Toute scène ou tout objet rappelant un fait traumatique provoque une angoisse chez la personne atteinte. Si le traitement de la névrose traumatique est pris en charge le rapidement possible, le pronostic sera meilleur. [...]
[...] La soif de la performance, de gravir les échelons, d'apporter des conditions financières meilleures à sa famille, fait que le salarié va se surpasser au prix de sa vie. Le meilleur moyen de remédier à ce fléau est de réduire les heures de travail et s'accorder du repos lorsque le corps le demande. Le Karoshi se manifeste aussi par des suicides sur le lieu de travail observés au Japon. En France, le suicide au travail a souvent fait la une des journaux. Comment comprendre ce geste ? C'est ce que nous allons découvrir plus bas. Le suicide au travail, que comprendre ? [...]
[...] Des professionnels (médecins du travail, contrôleurs et inspecteurs du travail ) et des institutions ( CHSCT : le Comité d'Hygiène, de Sécurité et des Conditions du Travail par exemple) ont été mis en place pour protéger le salarié quelque soit l'origine de son problème. Cependant, les victimes sont mal informés ou ont peur des représailles, ce qui en résulte que peu sont à bénéficier de ces aides. Sources : Marie Pezé : tous ne mourraient pas, mais tous étaient frappés édition PEARSON, Paris 2008. Christophophe DEJOURS, Florence BEGUE suicide et travail que faire ? édition PUF 2009. [...]
[...] C'était un acte prémédité, car l'objet avec lequel il avait décidé de mettre fin à ses jours venait de chez lui. Le fait d'avoir choisi son lieu de travail pour mourir était en quelque sorte un message de l'origine de son mal-être. Nous venons de voir les dévastations physiques et psychiques sur le lieu du travail. La précarité permanente à tous les niveaux, le souci d'améliorer son quotidien et sa condition de travail, l'ambition d'être toujours le plus performant, poussent le salarié à se surpasser malgré les problèmes de santé qui y surviennent. [...]
[...] Marie Pezé une psychologue clinicienne nous raconte dans son ouvrage tous ne mourraient pas, mais tous étaient frappés l'histoire d'une jeune femme, une cadre, qui ne comptait pas ses heures de travail, malgré la fatigue qui s'en ressentait. Une opportunité d'un poste s'était offerte à elle. N'étant pas la seule à vouloir ce poste, elle travaille très dur pour obtenir ce poste tant convoité, au détriment de sa santé mais aussi de sa vie de famille. Il était presque sûr qu'elle décroche ce travail. Lorsqu'elle appelle sur le portable sa supérieure pour connaître le dénouement de la commission, elle lui annonce qu'elle n'aura pas le poste. [...]
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