Les réseaux féminins: quel impact sur les ressources humaines?

Résumé du document

Une des grandes forces des grandes écoles de commerce est très certainement son réseau d'Anciens. Outre qu'il contribue à faire rayonner la « marque de l'école » et à soutenir le développement de l'enseignement, ce réseau peut influencer de façon significative la carrière d'un diplômé, qu'il soit en recherche d'emploi, qu'il souhaite changer d'entreprise ou monter en grade. C'est pourquoi, il nous est apparu d'emblée que les réseaux professionnels de ce type ont un impact à la fois sur la carrière d'un individu, mais aussi sur la politique de Ressources humaines de l'entreprise. Comment définir et mesurer cet impact ?

Néanmoins, les réseaux professionnels sont nombreux et divers, leurs objectifs et modes de fonctionnement diffèrent grandement. C'est pourquoi nous avons décidé de nous focaliser sur un type de réseau qui est au cœur des problématiques de parité chères aux entreprises et à leurs Directions des Ressources Humaines : les réseaux féminins.

Au départ, les femmes semblaient être minoritaires au sein des réseaux professionnels. De plus, d'après l'Etude Grandes Ecoles au féminin-Accenture sur « la situation des femmes cadres dans les grandes entreprises en France » réalisée en 2003, l'importance des réseaux réservés aux hommes est un des principaux freins à la carrière des femmes qu'identifient les entreprises. Aussi, les réseaux féminins se sont-ils multipliés et selon Jacqueline Laufer, sociologue et professeur à HEC, « en rejoignant ces réseaux ou en participant à leurs activités, les femmes montrent qu'elles sont décidées à sortir de l'ère de la discrétion. A présent, elles veulent être visibles et s'affirmer sur la place publique pour contribuer au débat sur l'égalité professionnelle et sur l'accès des femmes aux sphères de la responsabilité et du pouvoir. Ses réseaux s'inscrivent moins dans la revendication que dans l'affirmation, la proposition, le débat. »

Pour cela, nous avons eu trois entretiens avec des membres de réseaux féminins :
- Cristina Lunghi, présidente d'Arborus, association qui travaille en partenariat avec les entreprises pour y promouvoir l'égalité professionnelle.
- Véronique Préaux, présidente de Grandes Ecoles au féminin.
- Céline Ricocé, consultante chez Accenture et organisatrice du réseau Accent sur Elles.

Ceux-ci nous ont conduits à travailler sur trois thèmes principaux : après avoir étudié la structure des réseaux de travailleurs, ou plutôt de travailleuses, nous étudierons leur efficacité pour la gestion et l'amélioration de la carrière de leurs membres, puis leurs effets sur les entreprises au sein desquelles ils se développent.

Extraits

[...] Comment peut alors expliquer leur émergence et leur influence sur les politiques de ressources humaines? Ce sont des réseaux nés du constat de l'existence d'un plafond de verre (glass ceiling). Le "plafond de verre" désigne la barrière empêchant les femmes d'atteindre les niveaux hiérarchiques les plus élevés dans les entreprises. Les "parois de verres" traduisent une autre mécanique, plus sournoise : quand les femmes parviennent à atteindre des postes de haut niveau, elles se retrouvent souvent dans des filières ou des services considérés comme moins centraux, moins stratégiques pour l'entreprise administration, etc.), ce qui à la fois affecte et résulte de la politique des ressources humaines d'une entreprise. [...]

[...] les reseaux feminins: quel impact sur les ressources humaines? Introduction Une des grandes forces des grandes écoles de commerce est très certainement son réseau d'Anciens. Outre qu'il contribue à faire rayonner la marque de l'école et à soutenir le développement de l'enseignement, ce réseau peut influencer de façon significative la carrière d'un diplômé, qu'il soit en recherche d'emploi, qu'il souhaite changer d'entreprise ou monter en grade. C'est pourquoi, il nous est apparu d'emblée que les réseaux professionnels de ce type ont un impact à la fois sur la carrière d'un individu, mais aussi sur la politique de Ressources humaines de l'entreprise. [...]

[...] Chronologiquement, au début, les hommes ne disent rien. Les femmes attendent de réussir avant d'en parler. Puis ils sont suspicieux : pour eux il s'agit de réunions Tupperware Ils en deviennent même jaloux pourquoi bénéficient-elles de coaching et pas nous ? Ils se sont finalement rendu compte que les femmes pouvaient faire des choses et aujourd'hui certains hommes viennent les voir parce qu'ils ont envie de les aider. Comment rejoint-on le réseau ? L'adhésion fonctionne sur cooptation, il faut être invité par une femme d'Accenture. [...]

[...] Cette structure informelle leur donne ainsi une influence d'autant plus particulière sur la politique de recrutement d'une entreprise qu'elle n'est pas visible au premier abord La culture du groupe, un élément fondamental des réseaux A première vue, on pourrait penser que ces réseaux sont féministes car ces réseaux semblent défendre la cause féminine Notre audit nous a permis d'infirmer cette hypothèse : ces réseaux servent l'intérêt de leurs membres avant tout, et leur sexe n'est qu'une de leur caractéristiques. Quel que soit le réseau, l'usage du mot discrimination est prohibé. Il n'apparaît en tous cas nulle part sur leurs sites Internet, ni dans les discussions que nous avons pu avoir avec les représentantes de ces réseaux. Le mot en lui-même semble probablement trop agressif, trop lié aux mouvements féministes. [...]

[...] Les femmes d'Accent sur Elles ont généralement au moins un enfant, ont déjà commencé ou fini un congé maternité. Pour les femmes de l'extérieur qui participent au réseau, elles sont généralement plus âgées car chez Accenture on progresse plus vite, elles sont toutes assez «jolies et parisiennes elles sont à l'aise, dans le vent, sont restées jeunes d'esprit. Ce sont des femmes volontaires, qui n'hésitent pas à consacrer leur temps précieux au réseau. Il y a aussi des femmes beaucoup plus âgées, qui ont fini leur carrière et qui ont envie de transmettre leur expérience aux plus jeunes. [...]