Généralement, les rapports entre les acteurs sociaux sont basés sur la méfiance, la tolérance ou le respect et s'établissent en fonction des relations de pouvoirs. Reynaud s'est alors intéressé aux processus de création et de modification des règles dans les entreprises pour mieux comprendre les relations professionnelles. Il établit ainsi deux processus de régulation sociale dans les organisations : la régulation de contrôle et la régulation autonome. Il dépasse l'idée d'opposition entre ces deux sources de régulation. Selon lui, la régulation autonome et la régulation de contrôle sont complémentaires. Dans une situation optimale on parlera de la régulation conjointe. De plus, la régulation autonome peut, au même titre que la régulation de contrôle, viser et permettre la performance de l'organisation.
[...] Puis, je vous présenterai les dérèglements et les limites de la théorie de la régulation conjointe. POINTS DE DEPART DE LA THEORIE DE LA REGULATION CONJOINTE 1 L'opposition entre le travail prescrit et le travail réel Par travail prescrit, Reynaud désigne les consignes données par les managers (régulation de contrôle), tandis que par travail réel, il désigne le travail que les opérateurs exécutent (régulation autonome). Ici, on trouve la distinction fondamentale entre ces deux types de travail. Une autre des oppositions entre travail réel et travail prescrit tient dans le moment de la décision. [...]
[...] Il s'agit bien de régulation de contrôle. La hiérarchie vient dire ce qu'il faut faire Et les questions qui émanent montrent que le ce qu'il faut faire qui est inscrit dans le document prescriptif officiel, ne va pas de soi. Les réunions ne sont donc pas seulement l'occasion de partager des informations. Elles permettent d'aligner les vocabulaires pour élaborer une interprétation convenable des règles. Néanmoins, que les règles soient écrites et dites par la hiérarchie ne suffit pas à en faire des ressources opérationnelles dans l'activité. [...]
[...] En effet, la régulation de contrôle existe également dans les rangs des exécutants : les exécutants tentent d'imposer leurs règles à tous les exécutants. Il s'agit ici d'un contrôle social informel, c'est-à-dire exercé à l'intérieur du groupe, par le groupe sur son propre groupe. Par ailleurs, il faut aussi se demander quelle place tient la transgression dans la théorie de la régulation conjointe telle que formulée par Reynaud. La notion de régulation conjointe supprime-t-elle ou limite- elle la transgression des règles prescrites par la hiérarchie ? D'autres questions se posent encore : Qu'est-ce qui définit les acteurs ? [...]
[...] En effet, la régulation conjointe n'est ni exceptionnelle ni universelle. Elle ne supprime pas le conflit et donc la concurrence des régulations. De plus, la régulation conjointe, puisqu'elle se dérègle fréquemment n'autorise pas le conflit ouvert à exister obligatoirement. Ce dernier permet cependant de poser les problèmes de manière explicite et de les solutionner également explicitement. Il oblige à trouver des compromis. Ainsi, la dialectique entre autonomie et contrôle ne débouche ni sur une domination pure de la régulation de contrôle ni sur un contre-pouvoir absolu de la régulation autonome. [...]
[...] Cahiers Pédagogiques, 384, Mai 2000, p.14-19 REYNAUD E., REYNAUD J.D., La régulation conjointe et ses dérèglements Travail humain, Vol p. 227-238 REYNAUD E., REYNAUD J.D., La régulation des marchés internes du travail Revue de sociologie française, vol 37- p. 337-368 REYNAUD J.D., Conflit et régulation sociale. Esquisse d'une théorie de la régulation conjointe Revue de sociologie française, Vol p. 367-376 REYNAUD J-D., Les régulations dans les organisations: régulation de contrôle et régulation autonome Revue française de sociologie p. 5-18 REYNAUD J.D., Pour une sociologie de la régulation sociale Sociologie et sociétés, Vol p. [...]
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