Dans une enquête récente, 23 % des sondés disent connaître des personnes souffrant d'une forme de violence au travail. Le placard en est il une ?
C'est sur ce thème que Dominique LHUILIER, psychologue de formation, enseignant à l'université Paris VII la psychologie social et la psychologie du travail, s'interroge, en interviewant une centaine de salariés mis à l'écart par leur hiérarchie. De ces entretiens, elle a tiré un livre : « Placardisés, des exclus dans l'entreprise ».
Dans un premier temps nous verrons les origines du placard et ses objectifs, dans une seconde partie nous nous intéresserons aux victimes, à leurs profils et à la façon dont-ils vivent cette situation, puis dans une troisième et dernière partie nous nous interrogerons sur les moyens d'éviter cette situation mais également d'en sortir...
[...] A mon avis, cette pratique est issue d'une vision de l'entreprise qu'on peut assimiler à la théorie X de Douglas Mac Gregor. En effet, si on prend l'exemple des collectivités locales, le management est souvent directif et les salariés disposent de peu de latitude d'action. Ainsi, ceux-ci disposent de peu de marge de manœuvre, ce qui réduit les zones d'incertitude pour la direction et augmente donc son pouvoir vis-à-vis de ceux-ci. Cette politique stratégique détruit la dynamique de l'entreprise dont les salariés ne sont plus que des pions que l'on traite comme des moyens au service des objectifs de l'entreprise. [...]
[...] La mise au placard résulte également de la culture de l'entreprise. En effet, l'appartenance au groupe est très importante pour certaines organisations. Ainsi, dans l'objectif de maîtriser les comportements de ses subordonnés, le supérieur hiérarchique peut développer une relation d'emprise avec la personne qui s'oppose à son pouvoir et qui dispose d'un pouvoir décisionnel. Ainsi, dans cette relation de pouvoir, la neutralisation du résistant lui permettra d'atteindre ses objectifs qui ne sont pas forcément ceux de l'organisation et de fédérer le reste de l'équipe. [...]
[...] Ainsi, si l'Inspection du travail disposait de moyens plus importants et si les sanctions pénales étaient plus fortes, les entreprises auraient moins recours à ces pratiques. Heureusement, des associations aident les placardisés à sortir de leur mal-être et à parler. Celles-ci sont peu connues et avant d'y faire appel, le placardisé doit d'abord prendre conscience de cette sanction injuste. En effet, celui-ci est souvent replié sur lui-même ne demandant pas d'aide, car persuadé d'être l'auteur d'une faute qui l'aurait conduit au placard. [...]
[...] De mon point de vue cet ouvrage est très important pour la gestion des organisations : en effet, la mise au placard résulte d'une mauvaise gestion du personnel, qui devrait évoluer à mon sens vers une gestion des ressources humaines moins brutale et prenant plus en compte les impacts des décisions sur la santé du personnel. Ce livre devrait être destiné à tous les cadres afin de leur présenter les conséquences de cette pratique et ainsi modifier les pratiques de management. Cet ouvrage m'a permis d'appréhender de manière différente le problème des placards, il me sera utile pour ma vie professionnelle future. En effet, tous les exemples cités par l'auteur rompent avec l'idée du placardé heureux de ne rien faire et nous présente les conséquences parfois graves de cette situation. [...]
[...] On peut ici donner l'exemple d'aides soignants dans des services durs tant physiquement que psychologiquement, notamment la gériatrie. A la lecture de cet ouvrage, on constate que les moyens proposés au placardisés pour en sortir sont bien pauvres. Mis à part les associations contre la placardisation, le placardisé ne doit compter que sur lui-même pour en sortir. Ceci peut paraître étonnant quand on voit les conséquences sur la santé de telles pratiques. En effet, à première vue, le médecin de travail semble la personne toute désignée pour repérer et dénoncer ces abus. [...]
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