Dans sa pièce Les illusions comiques, l'auteur et metteur en scène Olivier PY imagine un monde entier atteint d'une épidémie d'amour du théâtre, conduisant jusqu'au Président de la République à « ne [croire] plus qu'au théâtre » pour fonder son programme politique. Cette pièce pose la question essentielle des apports de l'art et de la culture à la société et en particulier au monde entrepreunarial.
En effet, la vision d'opposition dichotomique entre idéalisme sacrificiel de l'artiste et matérialisme calculateur du travail, née au XIXème siècle, semble aujourd'hui obsolète. Aujourd'hui, les deux éléments principaux du développement de nos sociétés post industrielles, le savoir et l'innovation, s'expriment tout particulièrement dans le secteur artistique et culturel. Pour répondre aux besoins nés de ces caractéristiques particulières, le secteur des arts et de la culture a imaginé de nouvelles organisations et relations interindividuelles.
Dans une économie toujours à la recherche d'innovation, ne pourrait t-on pas voir dans ce secteur la source de nouvelles dynamiques pour la société ?
Avant d'étudier les innovations sociales et organisationnelles développées dans le secteur des arts et de la culture, il conviendra d'étudier les caractéristiques propres à la production artistique qui ont conduit ce secteur à imaginer de nouvelles formes mieux adaptées à son fonctionnement. La dernière partie de ce dossier traitera d'une réflexion sur la façon dont ces innovations peuvent être adaptées aux autres sphères économiques.
[...] Ainsi, les critères décisifs d'achat de biens ou services culturels sont- ils fortement déterminés par les canaux d'information, qui offrent au public des clés (plus ou moins objectives) pour s'orienter parmi l'offre culturelle : - Le bouche à oreille : les conseils promulgués par son entourage constituent des éléments déterminants dans l'acte d'achat. - Les effets mimétiques : la consommation culturelle comprend une importante part symbolique. Aimer tel artiste peut ainsi constituer un signe d'appartenance à une certaine classe sociale. Dans cette perspective, les effets mimétiques, et leur contrôle par les professionnels du secteur, sont prégnants dans le choix de consommation culturelle. - Les classements : le TOP 50, les prix (best seller, palme d'or) peuvent constituer aux yeux du public des gages de qualité. [...]
[...] Ces appariements sont largement déterminés par les deux éléments caractéristiques du secteur de l'art et de la culture, à savoir le risque et les inégalités. En effet, l'appariement des artistes s'effectue bien souvent en fonction de leur degré de notoriété (un réalisateur connu, aura tendance à choisir un acteur connu qui le choisira en retour par sa notoriété, Selon son aversion pour le risque, l'employeur peut choisir d'établir des liens récurrents (plus rassurant mais plus cher) ou de renouveler son équipe à chaque projet (plus risqué mais moins cher). [...]
[...] - La mobilité des travailleurs est liée à ses compétences : plus un travailleur possède de compétences, plus la concurrence pour avoir son expertise sera féroce et plus il sera mobile. - On observe également une graduation des pouvoirs de marché en fonction de la valorisation des compétences : les compétences peu valorisées donnent lieu à une concurrence par le prix sur le marché du travail non qualifié, les compétences internes permettent une évolution sur le marché du travail interne à une entreprise et les compétences les plus élevées se négocient sur un marché élargi notamment si elles sont très spécialisées Ainsi, les travailleurs qualifiés entrent désormais dans une logique de développement de compétences. [...]
[...] Les petites entreprises spécialisées minimisent leurs risques en mettant à profit de plusieurs firmes leurs compétences. De façon analogue, l'entreprise ou la personne qui gère le projet y trouve un intérêt puisqu'elle peut mettre en concurrence les différents types de prestations afin de pouvoir bénéficier de compétences spécifiques pour un projet donné. Cette logique de désintégration verticale, à l'œuvre dans des économies fonctionnant sur le mode de projet, commence à investir des structures pérennes telles que le musée du Quai Branly récemment inauguré. [...]
[...] Quelles sont les innovations sociales et organisationnelles du monde de l'art et de la culture ? 1 Les innovations en terme de modes d'organisation 1 L'organisation par projet Pour reprendre la classification développée par Pierre Michel Menger dans son ouvrage Portrait de l'artiste en travailleur, on peut distinguer 3 types d'organisation du travail dans les entreprises artistiques : Le premier mode d'organisation du travail est constitué par l'emploi de personnels permanents à plein temps et sur des contrats pluriannuels. Le second mode d'organisation du travail correspond au travail intermittent par engagement temporaire et paiement au cachet. [...]
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