« Ni entrepreneurs-créateurs, ni capitalistes-exploiteurs, riches d'un actif nomade, ils portent avec eux le meilleur et le pire de demain, dans le rêve et la violence ». C'est ainsi que Jacques Attali, économiste et conseiller du Président Mitterrand, a défini cette nouvelle classe émergente appelée «dirigeants». Cette catégorie socioprofessionnelle qui s'inscrit notamment dans l'actualité du monde de l'entreprise mais également dans la société en général, reste difficile à cerner et fait polémique. Le terme de « dirigeant » qui a désigné longtemps une catégorie socioprofessionnelle très proche de celle du « cadre » (« cadre dirigeant ») s'est éloigné peu à peu de celle-ci à plusieurs niveaux (rémunération, culture...).
Vouloir définir la notion de dirigeant s'avère être une mission complexe, en effet le mot « dirigeant » est omniprésent et polysémique dans le langage courant. Afin de peindre un portrait réaliste de ce groupe émergeant, il paraît important d'esquisser l'évolution historique de celui-ci en séparant d'une part la fonction (diriger) du statut, et d'autre part en abordant un vieux conflit qui refait surface de façon déguisée aujourd'hui.
Dans les années 60, le terme « patron » posait problème pour plusieurs raisons. Cette notion paraissait floue, peu valorisante et comme ayant une relation étriquée au pouvoir qui serait archaïque et conservateur. A cette même période apparaît alors un courant de pensée libertaire sur le plan intellectuel qui remplace le terme « patron » par « dirigeant ». On peut citer l'exemple du Centre des Jeunes Patrons (CJP) qui devient Centre des Jeunes Dirigeants (CJD).
Si la notion de patron a été revisitée, un autre type de conflit a surgit dans ce même monde patronal. En effet il existe un conflit sourd entre le patronat de gestion et le patronat réel. Le patronat réel désignait les propriétaires d'entreprises qui ont investi leur capital et qui ont donc pris des risques, à l'opposition du patronat de gestion qui désignait des « faux patrons » qui ne feraient que diriger l'entreprise au nom de leur réussite (notamment au niveau des diplômes) sans être propriétaire, sans investissement et sans prendre de risques.
Aujourd'hui, nous constatons la continuité de ce conflit, camouflé sous une nouvelle terminologie. En effet, la notion de dirigeant serait en quelque sorte l'extension à un groupe de la notion de patronat de gestion, à l'opposition des « entrepreneurs » correspondant plutôt au patronat « réel ».
L'évolution des entreprises sous les exigences de la mondialisation explique également la construction de la notion de dirigeant. En effet, les entreprises qui étaient au départ installées au niveau local ont ensuite évolué, par des fusions et le développement de filiales, vers de véritables systèmes productifs nationaux. Cette évolution de l'entreprise a nécessité un corps social pouvant être mobile au niveau national : les « cadres », nouveau groupe de référence. Enfin, la mondialisation a « déclassé » l'entreprise « nationale » au titre de structures à l'international. Le corps social de référence aujourd'hui capable de gérer cette sur-complexité serait celui des dirigeants.
Au regard de ce bref retour sur la naissance de cette classe émergente, nous allons esquisser un portrait de ces « dirigeants » en abordant dans un premier temps leurs principales caractéristiques. Dans une deuxième partie nous nous efforcerons d'analyser les défis liés à cette nouvelle catégorie socioprofessionnelle.
[...] Ainsi les origines multiculturelles du dirigeant sont souvent un atout et facilite cette compétence. f. Style de management Si certains dirigeants sont plus charismatiques que d'autres, le style de management de chaque dirigeant peut contribuer soit à une réussite flamboyante où l'image de l'entreprise est souvent attachée à celle du dirigeant soit causer une mauvaise situation de l'entreprise. Par exemple, Jean-Marie Messier a démontré, via le succès de Vivendi, que le style de management pouvait donner une excellente renommée d'une entreprise. [...]
[...] La part variable du salaire est quant à elle plus importante (2,26 millions d'euros pour Daniel Bouton). Elle est indexée non seulement sur la progression des bénéfices de l'entreprise, mais aussi sur des critères de performance personnelle, appréciés par le comité des mandataires. Enfin, s'ajoutent les primes exceptionnelles (par exemple pour une acquisition réussie, Jean-Louis Beffa, PDG de St Gobain, reçoit en 2005 une prime de 200.000 euros) et autres avantages (voiture, La distribution de stock-options aux dirigeants permet d'aligner une partie de leur rémunération sur les intérêts des actionnaires. [...]
[...] De plus, avant d'obtenir leur position, les dirigeants passent en moyenne par deux entreprises[9]. Mais la plupart des dirigeants des plus grandes entreprises en France ont une formation de type Grandes Ecoles, telles que Polytechnique, HEC ou l'ENA[10]. Michel Bauer propose ainsi la distinction dans la formation des dirigeants entre l'atout Etat c'est-à-dire les personnes formées par l'Etat, et l'atout capital Des études scientifiques poussées, conjuguées à une école de commerce, telle est la dominante chez les grands patrons du Cac 40. [...]
[...] Ces parachutes en or sont l'objet de vives critiques du fait de l'incohérence entre les sommes perçues par les dirigeants et les pertes subies par l'entreprise, comme ce fut le cas lors du remerciement de Jean-Marie Messier par Vivendi Universal en 2002 (20 millions d'euros) ou de Daniel Bernard par Carrefour en 2005 (38 millions d'euros) La retraite des dirigeants L'entreprise et le dirigeant cotisent aux régimes de retraite obligatoires dans le cadre du régime de base de la sécurité sociale (régime des salariés), ainsi qu'au régime des cadres, donnant diverses garanties complémentaires (assurance décès et assurance retraite). Les dirigeants souscrivent de plus à des retraites indépendantes complémentaires et se trouvent dans une position favorable pour solliciter la participation de leur entreprise. L'opacité règne le plus souvent sur les plans de retraite complémentaire accordés aux dirigeants[26]. [...]
[...] Hasard ou coïncidence, les dirigeants les moins diplômés du Cac 40 sont tous des "héritiers". Patrick Ricard a arrêté l'école en troisième et Martin Bouygues a juste obtenu le Bac[14]. Généralement le MBA est une formation complémentaire des dirigeants qui leur permettent d'accroître leur réseau mais aussi leur renommée internationale[15]. La plupart des formations de Grandes Ecoles font preuve d'une grande exigence sur les compétences linguistiques afin de donner toutes les chances au futur dirigeant de pouvoir s'adapter dans un contexte de mondialisation. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture