Les grands bouleversements économiques de ces dernières années ont accentué l'idée d'un avenir incertain difficilement prévisible par les experts. Ainsi, les entreprises se sont vues contraintes de s'adapter à ce nouvel environnement afin de ne pas péricliter.
Le reengineering est présenté, par Michael Hammer et James Champy, comme un concept permettant améliorer les performances de l'entreprise en réinventant son organisation. En effet, selon ces auteurs, le reengineering est « une remise en cause fondamentale et une redéfinition radicale des processus opérationnels pour obtenir des gains spectaculaires dans les performances critiques que constituent aujourd'hui les coûts, la qualité, le service et la rapidité » . La notion de reengineering peut ainsi se traduire en français par une refonte complète des processus de l'entreprise.
Dès lors, de grandes entreprises ont décidé de se restructurer afin de réinventer les nouvelles conditions de leur survie et de leur développement. Le reengineering leur apparaît donc comme une réponse à la saturation des processus issus du XIXe siècle qui ne permettent plus de progresser dans le contexte actuel et qui demande de réinventer et non plus seulement d'évoluer. L'idée générale qui préoccupe les entreprises est de tout changer de manière très rapide.
Mais l'apparition du reengineering soulève de nombreuses questions en plus d'engendrer une remise en cause des pratiques antérieures. Ainsi, nous pouvons nous demander en quoi le reengineering est-il en rupture avec les pratiques postérieures ? Les entreprises ayant mis en place le reengineering ont-elles obtenu les résultats escomptés ?
[...] Autrement dit, il s'agit d'une refonte complète du système, et non de simples ajustements ou perfectionnements au sein de l'organisation. La radicalité de l'approche permet une réorganisation complète de l'organisation de l'entreprise. Il ne s'agit pas de procéder à un simple réaménagement de l'ancienne organisation, mais il faut repenser l'entreprise dans sa globalité. Le reengineering permet dès lors de réinventer l'entreprise à partir de choix stratégiques. Ainsi, la radicalité du reengineering offre la possibilité à l'entreprise de reconcevoir la totalité de son système de production afin d'accroitre considérablement ses performances stratégiques et financières. [...]
[...] Par ailleurs, il faut souligner l'importance majeure des technologies de l'information dans le cadre du développement du reengineering. Auparavant, l'information était centralisée et remontait systématiquement vers la hiérarchie. A présent, par le biais les technologies de l'information et de la communication l'information circule librement entre les différents collaborateurs. Ainsi, on assiste à une compression verticale qui permet aux employés eux-mêmes de se charger de la partie du travail qui incombait auparavant à la hiérarchie. Les responsables confèrent à des équipes la responsabilité de gérer un processus entier, ce qui induit une délégation du pouvoir de décision afin que le projet parvienne à son terme le plus rapidement et efficacement possible. [...]
[...] Les entreprises ayant mis en place le reengineering ont-elles obtenu les résultats escomptés ? Dans une première partie, nous expliquerons la nécessité de s'extraire d'une gestion uniquement axée sur la maitrise des coûts. Dans une seconde partie nous mettrons en évidence les difficultés engendrées par la mise en œuvre du reengineering. Comment sortir d'une gestion axée sur la maitrise des coûts Le reengineering est apparu dans un contexte particulier, puisque cet outil vient remplacer le contrôle de gestion auparavant prédominant. [...]
[...] La mise en place du reengineering accorde une place prépondérante à la notion de processus, qui semble être davantage en concordance avec les exigences du marché. Le concept de processus peut se définir comme étant un ensemble mesuré et structuré d'activités conçu pour produire un objet spécifique pour un client particulier ou un marché. Ainsi, l'approche en termes de processus se focalise sur la manière de réaliser le travail au sein de l'entreprise. Dès lors, la restructuration réalisée dans le cadre du reengineering n'est pas obtenue en se préoccupant des tâches étroitement délimitées et en travaillant au sein d'une organisation aux frontières prédéfinies, comme au temps du Taylorisme. [...]
[...] Ces nouvelles technologies de l'information et de la communication rendent possible la décentralisation de la décision tout en centralisant l'information. De plus, l'information circulant rapidement, cela permet de fournir l'expertise à celui qui n'est pas expert, ou encore de faciliter la communication entre les différents services. L'utilisation de telles technologies dans le cadre du reengineering permet dès lors un gain de temps, et une fluidité croissante quant à la transmission de l'information. Les principes du reengineering se sont si bien répandus depuis quelques années qu'ils représentent un quasi one best way en matière d'organisation du travail. [...]
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