Espace de travail, Xavier Baron, intellectualisation, tertiarisation de l'économie, Julie Fabbri, Florence Charue-Duboc, espace de coworking, intelligence collective, innovation, bien-être au travail
Dans sa dernière édition des Tableaux de l'économie française, l'INSEE évaluait à 76,1% la part de la population active travaillant dans le secteur tertiaire, soit 62,8 points de pourcentage de plus que celle active dans l'industrie. Alors qu'un seul emploi sur quatre était un emploi de service au tournant du XXe siècle, la montée en puissance de l'État-providence et avec, l'augmentation des niveaux de vie, la loi d'Engel - plus le revenu augmente, plus la part du revenu allouée aux dépenses de première nécessité s'amoindrit au profit de dépenses dites « secondaires » telles que les loisirs, la culture, le tourisme, etc. -, ou encore l'accroissement de l'activité féminine sur le marché du travail ont alimenté une modification structurelle profonde de la société française : la tertiarisation de l'économie.
[...] La crise du Covid-19, en instaurant pour des millions de salariés, majoritairement du secteur tertiaire, l'adoption du télétravail, a dynamité l'unité de temps et de lieu qui gouvernaient le fonctionnement des entreprises. Auparavant seul privilège des cadres supérieurs, le télétravail s'est progressivement institutionnalisé12 en s'imposant comme le mode de production privilégié afin de faire rempart au virus, non sans accroître les inégalités déjà marquées et plonger un nombre significatif d'individus dans une détresse psychologique inquiétante. Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai fait suivre à mes proches la série d'articles « Coincés dans Zoom »13, dans laquelle Hubert Guillaud, le rédacteur en chef d'Internet Actu, explore de manière poignante les conséquences physiques, émotionnelles et cognitives de la vidéoconférence à outrance, la « Zoom fatigue »14 décrite par le théoricien des médias Geert Lovink et face à laquelle nous nous trouvons fatalement et irrémédiablement contraints de « regarder notre désintégration individuelle comme celle de nos collègues ». [...]
[...] L'espace de travail comme vecteur de bien-être et d'intelligence collective Dans sa dernière édition des Tableaux de l'économie française1, l'INSEE évaluait à 76,1% la part de la population active travaillant dans le secteur tertiaire, soit 62,8 points de pourcentage de plus que celle active dans l'industrie. Alors qu'un seul emploi sur quatre était un emploi de service au tournant du XXe siècle, la montée en puissance de l'État-providence et avec, l'augmentation des niveaux de vie, la loi d'Engel -plus le revenu augmente, plus la part du revenu alloué aux dépenses de première nécessité s'amoindrit au profit de dépenses dites « secondaires » telles que les loisirs, la culture, le tourisme, etc.-, ou encore l'accroissement de l'activité féminine sur le marché du travail ont alimenté une modification structurelle profonde de la société française : la tertiarisation de l'économie. [...]
[...] Parce que le travail d'aujourd'hui est en majorité intellectuel, relationnel, informationnel et donc immatériel, ces actes pour la plupart techniques ne sont pas considérés comme étant les vecteurs d'une modification favorable de l'environnement général de leurs bénéficiaires, et donc de leur capacité de travail réelle4. Ainsi l'aménagement, l'équipement, la maintenance et la sécurisation des espaces sont tout autant d'activités soumises à des logiques de rentabilité et d'externalisation, avec pour conséquence directe l'absence d'implication des utilisateurs finals dans les choix effectués. Or, comme le rapportent Xavier Baron et Nicolas Cugier, « ce qui est important, dans la finalité de la production, ce n'est pas l'objet, mais son usage, qui dépend largement de l'utilisateur. C'est une coproduction. [...]
[...] La dématérialisation des processus de travail et le recours à de multiples outils numériques ont ainsi permis à l'entreprise de délocaliser son activité au sein de trois espaces de coworking distincts, au sein desquels les échanges avec différents entrepreneurs innovants issus ou non du domaine de la communication ont conduit les équipes à reconfigurer leur offre de services et à enrichir leurs techniques de veille et de prospective. Où travaillerons-nous demain ? La montée de l'intellectualisation et de l'immatérialité du travail fait que nous avons besoin de très peu de fonctionnalités (prise électrique, accès à Internet?) pour réaliser nos tâches quotidiennes. [...]
[...] Au-delà des évolutions qu'implique le contexte sanitaire, il convient donc de s'interroger sur la marge de man?uvre dont disposent les organisations pour faire du bureau moderne un « hub » où « travailler ensemble » ne s'entend pas sans « vivre ensemble » (Alain Iribarne16). Les choix des dirigeants quant à l'organisation des espaces de travail ne sont jamais neutres ; ils matérialisent et reflètent une philosophie, une posture sur le lieu qui relie symboliquement la structure aux employés, et pour laquelle la co-construction pourrait s'avérer bénéfique en vue de répondre aux aspirations individuelles mais aussi collectives des collaborateurs. [...]
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