Post-management, Goffman, Hannah Arendt, Paul Hazard, François Silva, VEO Violence Éducative Ordinaire, Jean-Pierre Chrétien, John Dewey, Axel Honneth, évolution du management, outil collaboratif
C'est dans ce cadre ontologique de saturation des valeurs fondatrices de la modernité et de révolution numérique - rapidité de circulation de l'information, nouvelles formes de rapport au savoir, à la création et au collectif, etc. - qu'est intervenue la nécessité de basculer vers de nouvelles formes de management, au sein desquelles la coopération, la co-construction et la co-responsabilité seraient les maîtres-mots. En réponse à l'aspiration des salariés et agents de l'État à prendre part à des « relations d'autonomie, de responsabilisation et de motivation », le management par la peur, propre au modèle taylorien et dont l'affaire Volkswagen est venue rappeler toute la prégnance aujourd'hui encore, doit donc laisser la place à un management construit sur l'horizontalité entre pairs, le respect mutuel, la délibération constructive et la reconnaissance réciproque.
[...] Avec l'accompagnement avisé de nos deux animateurs, nous avons ainsi été invités à prendre part à des activités collectives de réflexion, de conception et de coopération nécessitant d'identifier des problèmes, de partager nos idées et savoir-faire, de décider en commun d'un plan d'action selon les tâches que nous nous étions nous-mêmes assignées ainsi que des outils collaboratifs à mobiliser, le tout dans un temps volontairement restreint par souci d'efficience et avec la préoccupation de ne blesser aucun de nos camarades. La mise en ?uvre de la collégialité managériale, indissociables d'une généralisation de la posture d'intelligence relationnelle15 au sein des organisations, ne surgit pas d'un coup de baguette magique. Elle nécessite bien des apprentissages, du temps et la conscience partagée du fait qu'un phénomène de transformation culturelle radicale est à l'?uvre. [...]
[...] « La majorité des Français pensait comme Bossuet ; tout d'un coup les Français pensent comme Voltaire : c'est une révolution », écrit l'historien Paul Hazard dans La Crise de la conscience européenne3, en référence à la période 1680-1715 durant laquelle les Modernes s'élevèrent contre l'ordre établi par les Anciens au sortir de la Renaissance. La remise en cause des grandes croyances traditionnelles intervenue en Europe durant cette période n'a finalement jamais cessé d'infuser dans notre société. Hannah Arendt y voit le résultat de l'effondrement du triptyque hérité des Romains : tradition, religion, autorité. Or, pour qu'il y ait autorité et que celle-ci se maintienne, il faut que celui qui « commande » et celui qui « obéit » partagent un même système de valeurs tout en reconnaissent la hiérarchie qu'il implique4. [...]
[...] Finalement, c'est peut-être en organisant l'horizontalité, en étant attentif au bien-être et à l'épanouissement des équipes, en exprimant la reconnaissance du travail fait et laissant la place aux initiatives plutôt qu'aux procédures que les organisations pourront retrouver une « âme »17 (Sylvie Alemanno). À cet égard, l'organisation et la gestion de l'espace de travail ont le pouvoir d'influer considérablement sur la perception de l'espace non plus comme un seul lieu de production contraignant, mais comme un espace de bien-être et d'intelligence collective. [...]
[...] L'entreprise, et de façon plus large les organisations, n'ont justement pas manqué d'être touchées de plein fouet par la vive condamnation d'un management archaïque basé sur la détention de l'information et de l'expertise par un unique chef tout-puissant. Ceci tient à l'émergence du paradigme postmoderne5 qui, au début de la décennie 70, a vu se substituer à la vision cartésienne de l'individu se suffisant à lui seul la conception selon laquelle au contraire, l'individu construit son identité par le biais de l'interaction. [...]
[...] De la démocratie athénienne en organisation : la voie du post-management Le 2 juillet 2019, quarante ans après la Suède, la France devint le 56ème État à interdire les violences éducatives ordinaires1. Balayant d'un revers de main -en théorie du moins- un héritage fort du XIXe siècle, le « droit de correction », l'inscription dans la loi française de l'idée selon laquelle l'autorité parentale s'exerce « sans violences physiques ou psychologiques » eut un retentissement majeur de par sa haute portée symbolique. Elle est en effet à comprendre comme une manifestation supplémentaire de l'étiolement de l'autorité naturelle du père de famille sur l'enfant -du latin infans, « muet, qui ne parle pas »- au profit d'une autorité parentale respectueuse du développement de l'enfant de plus en plus invoquée2. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture