Si les dernières décennies ont donné à voir une succession de nombreuses modes managériales, la situation actuelle semble attester d'une transformation progressive du management en raison de l'évolution des contexte économiques et financiers mais aussi sociaux et technologiques. Qu'il s'agisse en effet la globalisation des échanges, de la financiarisation de l'économie, des ruptures technologiques telles que la transition numérique ou — sur un plan sociologique — de la valorisation de l'individu et de ses capacités propres, l'entreprise émerge aujourd'hui comme le lieu de changements profonds, au confluent d'attentes sociétales renouvelées et d'opportunités inédites en termes de développement de l'activité.
[...] Hypothèse n° 3 : le design thinking fait évoluer le rôle du manager d'une fonction de contrôle à une fonction de facilitateur. Dans le contexte global de mutation de l'entreprise exposé ci-dessus, la conception du manager comme outil de contrôle de la bonne effectuation des tâches et des directives centrales connaît de fait une forme de péremption liée à l'évolution du contexte économique et commercial. Par conséquent, le design thinking participerait à faire du manager non plus une fonction de contrôle des tâches mais une fonction de facilitation des échanges et de la diffusion de l'information. [...]
[...] Or la définition du design thinking dans la revue de littérature a mis en évidence une forte hétérogénéité des conceptions, de sorte qu'il semblait nécessaire de ménager un espace suffisant à l'expression des opinions personnelles. C'est la raison pour laquelle l'approche qualitative a été privilégiée ici : si une trame de questionnaire est proposée comme fil conducteur de l'entretien (voir annexe la liberté de réponse constitue un avantage décisif pour favoriser l'expression d'opinions personnelles nuancées et non influencées par des réponses type proposées à l'avance. [...]
[...] A mon avis toutes ces méthodes se ressemblent un peu : c'est une ambiance plus détendue et on espère que ça permettra aux gens de libérer leur potentiel créatif. C'est encore très expérimental : on met des post-it partout et on voit ce que ça donne. Pourquoi pas. Selon vous, sur un temps plus long, une telle dynamique est-elle susceptible à terme de contribuer à mettre en minorité les organisations traditionnelles pyramidales et verticales ? Sur le très, très long terme alors. A terme, une transformation de la fonction de manager ? [...]
[...] Peu importe qu'on appelle ça design thinking ou bien agilité start-up. Ici les gens n'en parlent pas toujours dans les mêmes termes. Toutes ces méthodes sont justement les moyens de l'innovation collective. La question c'est « comment est-ce qu'on organise l'entreprise comme outil de réflexion collective ? ». Quelles sont selon vous les conditions préalables à réunir afin de profiter de l'ensemble des bénéficies du design thinking en termes d'innovation ? A mon avis, le premier point est une définition claire des métiers et des compétences : chacun doit pouvoir connaître certes son métier, mais également le métier de l'autre, parce qu'il est son interlocuteur. [...]
[...] En effet, les huit entretiens ont été conduit au sein de l'entreprise Waze, application mobile de navigation assistée par GPS fondée en 2008. Le choix de cette entreprise a été dicté par plusieurs motifs : D'une part, Waze représente assez fidèlement le modèle de la start-up dans laquelle l'organisation hiérarchique classique n'existe pas nécessairement. De ce point de vue, le développement de Waze atteste de l'évolution de l'organisation des entreprises. Or cet aspect constitue en soi un point d'intérêt majeur dans la mesure où les collaborateurs ont été exposés à plusieurs méthodes et stratégies de management qui partagent des points communs : design thinking bien sûr, mais également leadership participatif et positionnement agile. [...]
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