Nous avons cette obsession du leadership. Peut-être veut-elle accentuer les motivations, mais son effet est exactement contraire. En se concentrant sur l'individu, même dans un contexte collectif, le leadership peut saper le service de la collectivité. C'est l'un des aspects du syndrome de l'individualisme qui balaye le monde et ronge les organisations en particulier et les sociétés en général.
[...] Mais appeler cela du leadership est presque une offense, dans la mesure où l'efficacité de ce leadership partagé ne repose pas sur les épaules d'un seul dirigeant, mais d'un processus social collectif, autrement dit dans la communauté. Chaque fois que nous utilisons le terme leadership, par conséquent, nous devons prendre conscience qu'il tend à isoler l'individu en considérant que tous les autres sont des suiveurs. Est-ce le genre de monde que nous voulons ? Un monde composé essentiellement de suiveurs ? [...]
[...] C'est une forme de management par la considération On a beaucoup trop déconnecté le leadership de ce bas monde. Le leadership encensé par les médias, très pipolisé centré sur l'individu, déconnecté de son environnement : celui qui est tellement à la mode dans la presse et dans les salles de classe. Les cours, les formations, les MBA qui prétendent créer des leaders fabriquent de l'orgueil. Aucun leader n'a jamais été conçu dans une salle de classe. Le leadership se révèle dans le contexte, où il développe sa principale caractéristique : la légitimité. [...]
[...] Un bureau de directeurs principalement extérieurs ou un senior management est séduit, est charmé par un candidat dont il n'a jamais éprouvé la pratique interne du management. Il est remarquable que les gens qui connaissent le mieux ce candidat, parce qu'il les a dirigés ou en tout cas managés, soient si rarement consultés sur ce genre de choix. Un ancien ambassadeur des États unis aux Nations Unies fut un jour décrit par certains responsables de l'institution comme un type du genre kiss-up and kick-down (faible avec les forts, terrible avec les faibles). [...]
[...] N'est-il pas temps de remettre le leadership à sa place : non pas ailleurs (il n'a pas disparu), mais aux côtés d'autres processus sociaux importants ? Ce dont il faut se débarrasser, c'est de cette idée magique de l'individu comme solution à tous les problèmes du monde. Nous sommes les solutions aux problèmes du monde, vous et moi, tout le monde, travaillant de conserve. En fait, c'est cette obsession du leadership qui est la cause de beaucoup des problèmes du monde. [...]
[...] Juste assez de leadership ! Qu'est-ce qui pourrait être plus simple ou plus naturel que ça ? Pour commence, il fait admettre que séparer le leadership du management constitue le début du problème. Est-ce que quiconque a envie de travailler pour un manager qui manque de leadership ? Cela peut s'avérer terriblement décourageant. Par ailleurs, quid d'un leader qui ne pratique pas le management ? Cela peut se révéler assez aliénant : il ou elle risque fort de ne pas très bien comprendre ce qui se passe. [...]
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