C. DEJOURS aborde le sujet de la souffrance dans ce qu'elle a d'appauvrissant à travers divers exemples historiques, en partant du mouvement ouvrier et du rapport entre travailleurs, patrons et Etat. Il veut faire apparaître des vécus différenciés et irréductibles les uns aux autres, qui rendent compte des expériences concrètes. Il cherche à mettre au jour ce qui, dans l'affrontement de l'homme à sa tâche, met en péril sa vie mentale.
Ainsi, il parcourt à travers ces divers exemples, les différentes organisations de travail du 19ème siècle à nos jours et analyse en quoi elles sont contraignantes ou pas à la santé psychique de l'Homme. L'évolution des conditions de vie et de travail ne peut être dissociée du développement des luttes et des revendications ouvrières en général.
Le front de la santé n'a progressé que grâce à une lutte perpétuelle.
[...] Exploitation de la peur Il existe une certaine ignorance des ouvriers concernant les risques du métier qui n'ont jamais été prévus. De même chez les cadres qui ignorent le fonctionnement de l'entreprise et ses installations. Quand survient un accident qui n'a pas été prévu, le plus souvent ce n'est pas par défaut de précaution mais parce que personne n'en avait auparavant l'expérience. Cette ignorance qui recouvre le fonctionnement de l'entreprise joue un rôle fondamental dans la constitution du risque et dans la peur des travailleurs. [...]
[...] Les employés perdent tout repère. Le harcèlement moral L'interprétation de la conduite de l'agresseur comme jouissance relevant spécifiquement de la perversion est propre à la France. Dans la plupart des autres pays, on l'interprète comme une dérive des formes de management sous le nom de mobbing. Ce qui a changé c'est l'absence de solidarité de la part des collègues de la victime. Les décompensations psychopathologiques consécutives au harcèlement sont conséquence d'une pathologie de la solitude liée à la déstructuration des stratégies collectives de défense contre l'injustice. [...]
[...] Souffrance physique, souffrance psychique et souffrance morale La précarisation désigne l'ensemble des effets en retour de la précarité sur ceux des travailleurs qui bénéficient encore d'un contrat de travail. En effet ceux-ci vivent sous la menace que leurs privilèges leur soient retirés. Il faut voir ici le rapport de domination non pas de ceux qui subissent mais de ceux qui l'exercent. Le problème posé est celui du consentement à participer à des actes d'injustice contre autrui ou de manipulation occasionnant de la souffrance à autrui, actes que pourtant on réprouve. [...]
[...] Son état s'explique-t-il seulement par une fragilité personnelle ? D'autres personnes de son entourage professionnel présentent-elles les mêmes difficultés, même moins exacerbées ? Peut-on établir un lien entre ces difficultés et les conditions de travail ? . La surcharge de travail, le manque de temps, l'absence d'autonomie, les conflits entre collègues ou avec le supérieur hiérarchique, sont quelques exemples de difficultés que l'on peut rencontrer au cours de son activité professionnelle. Si la personne impliquée ne dispose pas des ressources nécessaires pour affronter et gérer ces difficultés, elle peut alors se retrouver en situation à risque. [...]
[...] Vécue, la souffrance n'en est pas pour autant reconnue. (Christophe Dejours, Travail, Usure Mentale Bayard) Aujourd'hui, des femmes et aussi des hommes n'ont pas le choix mais d'exprimer leur souffrance. Leur donner la parole est essentiel. Cette parole, qui doit être authentique comme nous l'a rappelé Christophe Dejours, permet d'apporter des solutions et permettra à la société de se mobiliser pour adapter le travail à l'homme et non l'inverse. Ainsi, organiser l'expression de ces voix qui souffrent permettrait de se lancer vers une amélioration du Code du travail, et de ce droit du travail, en crise, qui n'arrive pas à trouver terrain d'entente dans notre société. [...]
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