Le sociologue américain Richard Sennett, né en 1943, est professeur de sociologie à la London School of Economics and Political Science – LSE – (ainsi qu'à la New York University). Il s'intéresse dans un premier temps à la vie ouvrière en milieu urbain, aborde des questions d'architecture, puis élargit son champ à l'étude de la corrosion du caractère induite par l'instabilité des parcours professionnels dans le capitalisme flexible. Il se fonde sur les récits de vie, notamment de travailleurs condamnés à la mobilité qui ne leur laissera pas la possibilité de nouer des liens durables.
Dans « Le travail sans qualités », l'auteur met en scène des personnages qu'il a rencontrés, des histoires auxquelles il a été mêlé et, à chaque fois, procède à une analyse minutieuse de ce qu'elles révèlent de la façon dont le travail évolue. La flexibilité s'est imposée progressivement dans les institutions. Ses impacts dépassent le cadre de l'entreprise ; le caractère même des travailleurs et de leur famille est affecté.
L'auteur s'interroge sur les questions suivantes : Qu'est-ce que la flexibilité ? Quelles sont les différentes formes de la flexibilité dans le nouveau monde de l'entreprise ? Qu'est-ce qui pousse les entreprises modernes à une course sans fin à la flexibilité maximum ? Quels sont les impacts de la flexibilité sur les êtres humains et comment survivre dans ce monde ?
[...] L'un des aspects marquants de la vie de Rico est la mobilité. Contrairement à son père qui travaillait année après année à la même tâche, au même endroit, Rico a dû déménager 4 fois en 14 ans pour raisons professionnelles. Cet esprit de non-attachement aux lieux et à une tâche lui a été inculqué dès l'école de commerce qu'il a suivi. Ces déménagements répétés ont des conséquences sur la vie amicale et sociale de Rico, et se limitant la plupart du temps au cadre professionnel. [...]
[...] Quels sont les impacts de la flexibilité sur les êtres humains et comment survivre dans ce monde ? Démarche de Sennett L'ouvrage découpé en 8 chapitres d'inégales longueurs se présente comme un essai, dont le thème central est d'aborder les conséquences de la flexibilité appliquée aujourd'hui dans le monde du travail sur le caractère des personnes impliquées dans le monde du travail. La démonstration de l'auteur s'appuie à la fois sur des études terrain au travers de témoignages formels et informels et sur de nombreuses références littéraires puisées dans de nombreux ouvrages de philosophie, de sociologie, d'économie, d'histoire , ainsi que sur des données chiffrées tirées de statistiques sur les évolutions économiques récentes. [...]
[...] Le credo des dirigeants devenant la lutte contre les contraintes pesant sur l'emploi. Nous voyons donc en ce moment, une remise en cause d'acquis sociaux tels les 35 heures, et des tentatives d'influer sur le législateur pour définir de nouveaux cadres de contrats de travail comme le fameux contrat de mission tant décrié par les organisations syndicales. Sur d'autres points, la flexibilité gagne aussi du terrain aidé par l'avènement de l'Internet. Un autre point à souligner concernant la flexibilité est la nécessité de, sans cesse, acquérir de nouvelles compétences. [...]
[...] Les émotions traversées par les individus dans le capitalisme flexible animent ce désir de communauté : les incertitudes de la flexibilité ; l'absence de confiance et d'engagement profondément enracinés ; le caractère superficiel du travail en équipe ; et surtout le spectre de l'échec, de l'incapacité à se faire une place dans le monde, à se construire une vie par son travail. Le désir de communauté est défensif. Il s'exprime souvent par un rejet des immigrés ou des marginaux. Le néocapitalisme dénonce toutes les formes de dépendance, en leur affectant un statut honteux. L'accent est donc mis sur le rejet de la hiérarchie bureaucratique et la dépendance structurelle induite pour les individus y évoluant, et sur la prise de risque censée stimuler l'affirmation de soi plutôt que la soumission à l'état des choses. [...]
[...] L'importance est donc placée sur les compétences en termes de communication. Les personnes ayant le pouvoir n'ont pas besoin de se justifier, elles se contentent de donner aux autres les moyens de parvenir à leurs fins. Un tel pouvoir sans autorité désoriente les employés. L'image du travail en équipe est celle d'un groupe de gens rassemblés pour accomplir une tâche immédiate et spécifique. Outre ces qualités, le travailleur en équipe doit aussi faire preuve de détachement : il faut être capable de prendre des distances vis-à-vis des relations établies pour bien voir comment il est possible de les changer ; il faut se faire une idée de la tâche présente plutôt que de se plonger dans les longues histoires d'intrigues, de trahisons passées et de jalousies. [...]
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