Pierre Veltz s'attache à décrire les conséquences des mutations profondes mais imperceptibles du monde de l'entreprise qui devient pour lui un nouveau monde industriel. Il montre combien jauger la performance est aujourd'hui chose difficile et souligne l'émergence de nouveaux schémas d'efficacité – se mesurant désormais au sein d'entreprises-réseaux – qui viennent du même coup frapper d'obsolescence le concept de productivité
[...] Un système d'intéressement peut être mis en place. Mais on passe peu à peu d'un modèle objectif de métier à un modèle plus personnalisé de compétences, où la relation employeur/employé prend une place importante (et donc la subjectivité aussi). Pour éviter les écueils, il faut mettre en place un référentiel (grille d'évolution, On assiste finalement, selon les termes de François Bouleau à une privatisation des savoirs où seul l'argent est en mesure de réglementer les rapports entre individus. Face à ces remarques semble poindre un nouveau système d'organisation des entreprises en réseau, aussi bien en interne que dans leurs relations entre elles. [...]
[...] On voit apparaître un modèle de coopération, d'apprentissage collectif. À l'ancien stop and go se substitue de plus en plus le concept d'amélioration continue. Néanmoins, l'innovation au jour le jour ne signifie pas obligatoirement changement superficiel mais bien au contraire accompagne un phénomène d'apprentissage plus profond, structurel. La communication est la clef de voûte de ce nouveau mode de production et l'écrit reste fondamental pour nombre de règles, certifications, À ceci s'ajoute que la distinction secondaire/tertiaire n'est plus pertinente (certains groupes industriels tels que Saint-Gobain ou Air Liquide réalisent aujourd'hui une large part de leur CA dans les services), c'est pourquoi Pierre Veltz propose de différencier les métiers autrement : il considère trois sphères : La sphère A : ce sont les activités de contact ou encore appelées front office Dans ces métiers où le contact paraît être ce qu'il y a de plus subjectif et de plus loin du taylorisme, la forte pression temporelle et les marges de manœuvre réduites conduisent en fait à l'en rapprocher. [...]
[...] Le nouveau monde industriel de Pierre Veltz L'auteur Pierre Veltz est ingénieur de l'École Polytechnique et de l'École Nationale des Ponts et Chaussées. Il est directeur de l'École Nationale des Ponts et Chaussées depuis janvier 1999. Il est membre du LATTS (Laboratoire Techniques, Territoires et Sociétés) qu'il a dirigé de 1985 à 1998. Ces thèmes de recherche sont l'organisation spatiale des activités économiques et les modèles d'organisation industrielle. Il a publié Mondialisation, villes et territoires en 1996. Présentation de l'ouvrage Pierre Veltz s'attache à décrire les conséquences des mutations profondes mais imperceptibles du monde de l'entreprise qui devient pour lui un nouveau monde industriel. [...]
[...] Le point crucial dans l'opération taylorienne est que le temps d'opération devient simultanément l'unité de compte technique et l'unité de compte économique de l'opération de production Depuis plusieurs années, le temps ne permet plus de mesurer la valeur produite par le travail. La contestation du taylorisme a d'abord été sociale puis est devenue managériale. Cependant le monde n'est pas pour autant passé brusquement au post-taylorisme. En effet, on assiste dans certains secteurs à des processus allant dans le sens d'une taylorisation croissante et le toyotisme tant admiré reste en réalité dans la ligne droite du taylorisme. [...]
[...] Cette nouvelle distinction entre métiers permet d'articuler des logiques d'efficacité multiples. On remarque également l'émergence de rivalités entre sphères : les concepteurs félicités hier pour leurs innovations de génie sont aujourd'hui dans l'ombre des acteurs de la sphère A et perdent la reconnaissance d'antan. Cette nouvelle classification posée, Pierre Veltz soulève d'autres aspects liés à la mesure de l'efficacité : le temps, la comptabilité, l'objectivation, Tout d'abord, les langages de description du travail sont à repenser. Comme on l'a déjà vu, la valeur temps est en crise et c'est le concept même de productivité qui est à revoir En effet, le temps contrainte imposé par les machine ne reflète pas forcément la valeur du travail et pour la sphère le temps passé est quasi déconnecté du résultat. [...]
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