Cet ouvrage tente de tisser le lien entre confucianisme et management. Cela relève d'une double actualité. Tout d'abord, l'Occident s'interroge sur ses présupposés d'efficacité face à la dynamique des pays asiatiques. D'autre part, en miroir, la Chine s'interroge sur le degré d'occidentalisation qu'elle doit suivre dans la poursuite de ses ambitions économiques.
Ce rapprochement entre philosophie et management est doublement intéressant en raison de la nature même du confucianisme, philosophie du gouvernement, fondée sur l'homme et la poursuite de l'excellence humaine. Les philosophes confucéens, comme d'autres philosophes de la Chine antique, s'adressent en effet essentiellement au souverain, dont ils soulignent la responsabilité. Ils définissent les principes essentiels à respecter, dont la quête de l'excellence humaine, ainsi que les conditions d'efficacité de son gouvernement, que nous verrons être un gouvernement par et pour l'homme, l'homme étant ainsi à la fois l'objet et le support du gouvernement. La correspondance est alors aisée entre gouvernance d'Etat et gouvernance d'entreprise.
L'intérêt de ce livre n'est pas uniquement de se ressourcer au travers d'un voyage en Chine. Il réside dans la rechercher de complémentarité entre deux approches qu'on a souvent cherché à opposer. La Chine attend de l'Occident, au delà de ses seuls apports en capitaux, qu'il la fasse bénéficier de son approche méthodologique. Mais ce livre dépasse le cadre pur de l'intérêt pour la Chine. Il propose en effet une réflexion plus globale sur le management.
« Confucianisme et management, ces deux termes ont de nombreux points communs. Les deux impliquent une relation. Ils concernent en premier chef les détenteurs du pouvoir et les mettent en face de leurs responsabilités. Le premier propose un système complet de gouvernance d'Etat d'orientation humaine. Le deuxième, par transposition des éléments de la gouvernance d'Etat à la gouvernance d'entreprise, peut trouver dans le confucianisme une source d'inspiration complémentaire.
[...] Le confucianisme se construit sur 3 axes. Les axes précisent les fondements de l'attitude du souverain et l'esprit du gouvernement. En premier lieu, une attitude irréprochable par rapport aux règles de vie en société, ce qui est le propre du gouvernement éclairé. En second lieu, vis- à-vis des autres, amour et protection ; et en troisième lieu, vis-à-vis d'une nature perfectible, une remise en question, un travail sur soi-même, un long processus d'auto perfectionnement pour atteindre cet idéal de souverain sage. [...]
[...] A trop vouloir jouer la carte de la simplicité et de la neutralité, Sophie Faure aseptise son ouvrage. Il aurait pu gagner en intérêt s'il avait un peu plus engagé. Une analyse un peu critique n'aurait pas empêché de faire comprendre au lecteur les liens entre management et confucianisme. Le but de l'ouvrage n'est pas de prouver l'efficacité potentielle du confucianisme, ni de l'idéaliser, mais seulement de présenter et de comprendre l'articulation d'une théorie particulièrement résiliente qui voulait faire partager des éléments qui peuvent éclairer un manager désireux de penser autrement. [...]
[...] D'autre part, la valeur morale est considérée comme cadre d'action. Enfin, la quatrième partie prolonge le parallèle entre confucianisme et management, en synthétisant les points d'inflexion et de rupture entre l'idéal et l'enfer du management par et pour l'homme, l'une des préoccupations essentielles du monde actuel. Depuis l'époque de Confucius, les reproches n'ont guère évolué : ils mettent en doute la pertinence économique des ambitions confucéennes. Le but d'une entreprise ne peut à la fois être le profit et le bien-être de ses salariés. [...]
[...] L'auteur fait l'hypothèse que c'est l'absence de ces éléments, soit le caractère systémique de l'édifice confucéen et le rôle modérateur des rites et de l'étude, qui transforme l'idéal potentiel en réel enfer. La puissance du confucianisme vient alors de la convergence de l'ensemble des forces, pour l'atteinte d'un même objectif, confortée par un dirigeant qui a le courage de ses ambitions, s'appuie sur des managers au profil identique. Sa faiblesse découle de l'impératif de la présence de l'ensemble des éléments. [...]
[...] Bien sûr, Manager à l'école de Confucius possède quelques défauts. À trop vouloir structurer son livre, Sophie Faure se perd dans un nombre incalculable de sous parties, et entraîne avec elle le lecteur dans son égarement. Trop de sous-parties tuent la sous-partie. Par conséquent, l'ouvrage perd en fluidité, et la lecture devient hachée, et donc parfois un peu désagréable. On aimerait d'avantage se laisser emporter par le raisonnement, plutôt que d'être amené à suspendre sa réflexion toutes les deux ou trois pages. [...]
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