« Y a-t-il des leaders- nés ? Je ne le crois pas. Il y a des gens qui ont des aptitudes au leadership et ils sont très nombreux, plus nombreux qu'on ne le pense. Le tri se fait sur les opportunités qui leur permettront d'être placés en condition d'exercer et de développer cette aptitude. Ils relèvent un premier défi, ils gagnent. Un second, ils gagnent encore. Ils vont prendre confiance en eux-mêmes et c'est comme cela que vous formez des leaders. » Cette citation de Carlos Ghosn, tirée de son livre bibliographique Citoyen du Monde publié en 2003, résume bien le parcours professionnel de ce dirigeant « respecté, admiré, mais aussi redouté ». Dans cet ouvrage, Carlos Ghosn, au fil de conversations avec le journaliste Philippe Riès, retrace ce parcours professionnel qui l'a mené aux quatre coins du monde tout en gardant en point de mire le redressement spectaculaire de l'industrie automobile japonaise Nissan. En effet, en 1999, la situation de Nissan est catastrophique : 22 milliards de dollars de dettes, des parts de marchés en baisse régulière, des pertes récurrentes, une valorisation boursière qui s'effondre. Trois ans plus tard, Nissan affiche des performances record. Le constructeur a renoué avec les bénéfices. La marge opérationnelle atteint 7, 9% du chiffre d'affaires net. La dette a été réduite de plus de 80%. Les ventes ont cessé de baisser. Le cours de l'action est au plus haut. Quelles sont les clés de ce redressement ? Il s'avère que le management personnel de Carlos Ghosn, que nous allons tenter de mettre en valeur dans cet exposé, explique en grande partie les succès rencontrés. Il ne semble pas en effet intéressant de suivre un plan chronologique et de retracer ainsi tout le parcours de Ghosn. Il est plus approprié de choisir un plan thématique pour pouvoir mettre en lumière les raisons qui ont menées Ghosn à s'imposer aujourd'hui comme un des dirigeants les plus respecté.
Carlos Ghosn est un observateur attentif des mentalités, des cultures et de leur évolution, mais aussi porteur d'une vision singulière du management, ce qui lui permet d'accompagner le mouvement de mondialisation caractéristique de l'environnement dans lequel évoluent les entreprises du 21ème siècle.
[...] Certains observateurs ont remarqué que Ghosn a recueilli très peu de protestations. Il adopte une approche pragmatique face à un des principaux défis que doit affronter l'industrie automobile du 21e siècle, la préservation de l'environnement et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il considère que le rôle des dirigeants d'entreprise automobile est d'éclairer les gouvernements et les administrations. Nissan ne veut pas vendre des hybrides à l'inverse de Toyota et de Honda. Pourquoi ? Pour Ghosn, cette technologie n'est pas mûre. [...]
[...] Que signifie cette fusion entre égaux ? La future entreprise Daimler- Chrysler comptera 440000 salariés, aura des usines dans 34 pays avec un chiffre d'affaires quelque 155 Milliards de dollars. Que va devenir Renault face à ce nouveau colosse ? Louis Schweitzer annonce donc la possibilité d'un mariage avec un constructeur. Une alliance avec les deux Américains n'est pas envisageable, car elle ne pourra être équilibrée dans le sens de Renault. Un rapprochement avec PSA n'est pas possible non plus puisque c'est un rival national. [...]
[...] Selon Ghosn nous croisons les cultures, les expériences. À mon avis, c'est un avantage pour l'avenir. Le monde qui est en train de se construire repose sur des liaisons, des mixages, où il faut savoir conserver son identité tout en collaborant avec les autres Mais le succès de Carlos Ghosn en tant que manager ne s'explique pas seulement par ce multiculturalisme. Il a également une conception particulière du management. II- Et porteur d'une vision du management Définir une stratégie Mettre en place une stratégie est une des fonctions les plus importantes du manager. [...]
[...] Comme l'écrit Sibylle Rizk, dans l'Orient le Jour, Au lieu d'appliquer des plans préconçus, il [Carlos Ghosn] prend la peine d'écouter tout le monde et organise des groupes de travail réunissant des salariés de différents grades et de différentes cultures Carlos Ghosn le dit d'ailleurs lui- même en matière de management, j'ai une réflexion qui part des faits et remonte vers la théorie, pas l'inverse Il faut observer la réaction des hommes. La propre carrière de Carlos Ghosn porte témoignage de ce pragmatisme. En effet, il a toujours instauré une écoute attentive des employés de tout échelon pour résoudre les problèmes organisationnels. Lors de ces débuts chez Michelin, il rejoint durant trois mois le monde de la fabrication de la gomme pour faire les pneus. [...]
[...] D'un côté, on a Michelin North America une entreprise très française (la plupart de ses cadres sont français) et très familiale. L'entreprise raisonne sur le long terme, sur le produit, sa qualité, l'investissement et la stratégie. De l'autre, on a Uniroyal- Goodrich, qui a plutôt un regard sur le long terme, axé sur le marketing et le rendement. C'est finalement une entreprise très américaine. Carlos Ghosn tire les enseignements de ses expériences précédentes. Tout d'abord, son expérience au Brésil lui a montré l'importance des relations bien définies et transparentes avec le siège à Clermont- Ferrand. [...]
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