Les visions contractuelles de la firme: la firme dans la théorie des coûts des transactions - incomplétude contractuelle et commandement

Résumé du document

L'existence de modes de gouvernance alternatifs dans le cadre de la théorie des coûts de transaction ainsi que l'arbitrage entre ces différents modes, met en avant la question des caractéristiques distinctives entre les trois formes que sont le marché, la forme hybride et la firme (dite « organisation intégrée »). Cette problématique ne peut en effet être abordée dans le cadre de la nouvelle microéconomie qui ne considère qu'une seule forme : le marché.

Dans le cadre de notre analyse, nous montrerons donc comment la théorie des coûts de transaction agence la différenciation entre les deux formes extrêmes que sont la firme et le marché.
Dans un premier temps, nous verrons comment l'incomplétude contractuelle apparaît comme le trait distinctif entre la firme et le marché. Dans un second temps, nous analyserons comment la théorie des coûts de transaction établit que la hiérarchie constitue l'arrangement institutionnel permettant de pallier cette incomplétude...

Extraits

[...] L'incomplétude constitue donc un trait distinctif du contrat caractérisant la firme. Pour pallier cette incomplétude, la théorie des coûts de transaction met avant l'existence d'un mécanisme de coordination hiérarchique propre à la firme : le commandement. En effet, comme l'indique à juste titre Stéphane Saussier, le cadre d'analyse transactionnel considère le problème de coordination des agents comme un problème étroitement lié à l'incomplétude des contrats. Le mode de coordination hiérarchique s'explique par le triptyque : pouvoir de direction, pouvoir réglementaire. [...]

[...] On peut alors ouvrir un axe de réflexion sur le rôle de ces mécanismes d'incitation .et/ou de coopération. Sources Claude Menard, Economie des Organisations (Découverte, Repères) Eric Brousseau, Contribution à P. [...]

[...] En sus de la rationalité limitée des agents, un réel problème de prévision des actions et évènements futurs. La TCT formule ainsi l'hypothèse d'une Incertitude non probabilisable. L'incertitude peut être radicale au sens de Knight (1921) : cela empêche les agents de concevoir des contrats complets au sens où à tout événement est associée une réponse. C'est précisément à cette hypothèse que se réfère Radner en citant Frank Knight. Les auteurs distinguent une incertitude exogène qui serait liée aux états de la nature (ex : tremblement de terre ) et une incertitude endogène qui résulterait du comportement des agents ( ex : comportements opportunistes, En conclusion, les deux hypothèses énoncées dans le cadre théorique des coûts de transaction à savoir : la rationalité limitée des agents et l'incertitude non probabilisable conduisent à l'établissement de contrats nécessairement incomplets traduisant que les agents ne peuvent pas prévoir toutes les situations futures (c'est-à-dire les imprévus et changements à venir dans la firme). [...]

[...] Cette information non transmise ou mauvaise (volontairement par un agent) peut parfois traduire la recherche d'un intérêt personnel visant à dégager un profit en sa faveur. C'est ce que l'on appelle un comportement opportuniste ou stratégique. (Par exemple : un agent qui décide d'omettre une information pertinente à ses collègues de travail car il espère être promu nouveau responsable). Ainsi donc, les agents ont une rationalité limitée qui leur pose des problèmes de traitement de l'information dans un environnement incertain. [...]

[...] Ménard qui dit qu'il s'agit d'un arrangement institutionnel défini par un ensemble de règles qui détermine et délimite l'autorité nécessaire à la mise en œuvre des décisions. Le caractère indispensable du pouvoir de décision (et du lien de subordination) et du pouvoir réglementaire se révèle dans le cadre d'un contrat incomplet. En effet, lorsqu'un contrat est incomplet, il convient d'instaurer un système permettant définir les actions à entreprendre par les agents après la signature du contrat. Dès lors apparaît la notion d'autorité comme l'engagement par lequel une partie accepte d'obéir aux injonctions d'un dispositif de décision de l'autre partie. [...]